15-12-2025 15:27 - La faillite d’un état

La faillite d’un état

Mohamed Elbouss -- • A la question : un état peut-il tomber en faillite ? On peut bien répondre oui. La faillite se déclare lorsqu’une entreprise n’est plus à même de payer ses créanciers. Pour un état on emploi généralement le terme ‘’failli’’. Un État est dit "failli" ou "défaillant" lorsqu'il fait face à une faillite financière ou lorsqu'il ne peut plus assurer ses fonctions régaliennes visant à assurer l'ordre public.

L’exemple du Venezuela est assez édifiant. Dans les années 50 son PIB se situait parmi les quatre premiers de la planète. Grâce à son pétrole, il dépassait de loin le train de vie de l’Arabie Saoudite. Mais cette richesse s’est transformée en une pauvreté.

D’un pays qui était destiné à figurer parmi les puissances, le Venezuela s’est transformé en un pays pauvre où certains revenus ne pouvaient plus assurer un repas par jour. De nombreux vénézuéliens se sont alors expatriés pour vivre sous des cieux plus cléments.

• Malgré sa richesse en pétrole, un cinquième des réserves mondiales, le Venezuela a concentré tout son revenu sur la production et a négligé les autres secteurs vitaux. Il était donc devenu l’esclave de sa propre richesse. C’est ce que les économistes appellent le mal hollandais.

Paradoxalement, lorsqu’un pays exporte ses produits, des retombées néfastes s’abattent sur certains secteurs de son économie comme la monnaie, le prix des biens et services. Le régime d’Hugo Chavez, connu pour son clientélisme, a voulu compenser la baisse des revenus, consécutive à la chute du pétrole, par l’émission excessive de monnaie.

Le résultat était dramatique se traduisant par une hyperinflation de 1000000%. Un produit qui coûtait 10 dollars en vaut maintenant 100000 dollars. L’argent ne vaut plus le papier sur lequel il est imprimé. C’est dire que la richesse naturelle d’un pays n’assure pas nécessairement sa prospérité économique.

• Loin de moi l’idée de comparer la Mauritanie au Venezuela, l’exploitation de notre gaz et de nos nombreuses richesses doit nous amener à nous prémunir contre une éventuelle inflation. Si nous repassons notre inflation de 2005 à 2025, nous commençons par le pic de 12.1% qui dénote une forte augmentation des prix.

2006-2019 nous revenons à 2%-5% , ce qui exprime une relative stabilité des prix pendant cette période. Nous avons connu un sursaut en 2022 : 9.5% , probablement du à la hausse des prix des matières premières. 2023-2025 retour vers la normale, 5% en 2023, 2.5% en 2024 pour finir à 1.8% en 2025.

Si le gouvernement de Ould Jay(âgé d’un an et demi) maintient sa rigueur et sa lutte contre la mauvaise gouvernance, s’il maitrise l’effet de la levée des subventions des hydrocarbures, la Mauritanie doit normalement finir l’année en beauté.

• La perspective pour 2026 nous promet une augmentation probable du PIB de 14% due à la vente du gaz. Mais cette augmentation n’implique pas nécessairement une amélioration du pouvoir d’achat des ménages.

Cette nouvelle ressource pourrait améliorer l’état des finances publiques, les réserves de change et réduire la dépendance aux minerais. Elle pourrait également favoriser la croissance d’autres secteurs, tels que l’industrie et le commerce.

Néanmoins, d’autres sources d’inquiétudes se profilent à l’horizon 2026 : Pour que le gaz profite réellement aux populations il faut une transparence de sa gestion. La volatilité des prix risque de nous faire retomber dans la dépendance à l’exportation.

Notre économie restera vulnérable tant nous n’avons pas songé à développer l’agriculture, la pêche et l’industrie. Cette transformation économique reste, hélas, tributaire de nos mentalités. Il faut remettre en question toute notre vie : Le respect de la chose publique, nos habitudes alimentaires, vestimentaires, notre instruction, en un mot tout notre train de vie quotidien.

Elbouss



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