16-12-2025 10:02 - M. Youssouf Tidiany Sylla, député national INSAF : "Les familles des victimes du passif humanitaire n’ont pas les mêmes préoccupations"
Le Calame : Dans son discours à N’Beiket Lahwach, le président a demandé aux ministres de ne plus prendre part à des rassemblements à caractère tribal, régional et communautaire…pensez-vous que c’est réalisable ?
Youssouf Tidiany Sylla : Le président a parfaitement raison, les pratiques tribales sont en quelque sorte une négation de l'autorité de l'Etat qui ne profite qu'à une certaine catégorie de personnes de la tribu, au détriment des intérêts des autres composantes de cette même tribu et le plus grave, c'est que le tribalisme est un facteur de conflits entre nos citoyens que des responsables nourrissent à des fins tout à fait personnelles.
- Le président a déclaré que ceux qui s’engagent dans une campagne présidentielle pour 2029 n’ont pas de place à ses côtés. Pourrait- il faire tomber des têtes ?
-Je pense qu'il faut attendre l'approche de la fin du mandat présidentiel pour entrer dans une précampagne ; ceux qui s’engagent déjà dans une campagne présidentielle en ce moment précis, portent préjudice au deuxième mandat du président de la République, détournent l’attention des citoyens de l’essentiel, à savoir l’exécution des engagements du président de la République, une priorité pour nos concitoyens.
- Lors du Forum des jeunes, le président de la République a déclaré : la Mauritanie avant tout. Qu’en pensez-vous ?
-Le président a encore raison, la Mauritanie avant tout. Rien ne peut et ne doit passer avant elle. C’est une incitation à l’édification d’une conscience citoyenne. Les jeunes doivent être le fer de lance de ce combat.
-Le règlement en cours du passif humanitaire continue à alimenter les divisions au sein des victimes et susciter des débats. La nouvelle démarche pourrait- elle clore ce dossier?
-Des efforts ont été faits par les anciens chefs de l'Etat qui n'ont malheureusement pas donné les résultats escomptés. Un effort supplémentaire semble nécessaire et je remercie le président de la République pour cette volonté de vouloir soulager les souffrances des familles des victimes.
Dans ce dossier, il y a deux tendances ceux qui veulent une solution à l'amiable c'est à dire ceux qui vivent dans le pays et ceux qui vivent à l'extérieur, les parents des victimes qui sont dans le pays cherchent un règlement immédiat et ceux qui sont à l'extérieur exigent un procès avant toute autre chose. Je pense que nous devons satisfaire les doléances de ceux qui sont ici en premier lieu et qui veulent une solution urgente ; les autres ont d'autres soucis, peut-être d'autres agendas et n'ont certainement pas les mêmes problèmes que les parents des victimes restés au pays.
Pour moi, je suis favorable à une solution définitive faite en présence des organisations des droits humains et des Nations-Unies.
Je vous remercie.
Propos recueillis par Dalay Lam
