10-10-2007 19:16 - Village d’Ando (commune de Ould Birome) : Problème de cohabitation
Le Village d’Ando est situé dans la commune de Ould Birome, dans l’arrondissement de Dar el Barka sur la rive droite du fleuve Sénégal. Ce village ancestral est connu pour sa vocation agropastorale. Jadis paisible, il connaît une situation de tension qui, de l’avis de ses habitants mobilisés derrière Mamadou Bocar Sy leur chef, risque à court terme de provoquer un affrontement ethnique sans précédent, si, estiment-ils, des mesures «appropriées» ne sont pas prises à temps.
Ce village Halpulaar a été réoccupé, après la déportation de ses habitants par des haratines, soutenus par les autorités locales. Avec le retour des autochtones constitués de soixante-dix (70) familles déportées dans des conditions inhumaines en 1989, les choses se corsent.
Après neuf ans de déportation, d’exil forcé, les habitants ont jugé nécessaire de revenir au bercail quel qu’en serait le prix, laisse entendre Sy, le chef du village. C’est dans cette optique qu’ils manifestent délibérément aux autorités des deux pays leur désir de rejoindre la terre de leurs ancêtres. Ils adressèrent une lettre au gouverneur du Brakna de l’époque. Cinquante familles furent autorisées à revenir officiellement.
Le lundi 18 novembre 1998, jour fatidique et en application de la décision du gouverneur, les cinquante familles recensées et programmées traversèrent le fleuve et s’installèrent malheureusement en plein air dans un terrain vague. Ils durent attendre trois jours avant qu’une équipe du HCR dépêchée à leur secours n’arrive et ne constate cette dramatique situation. Ordre fut donné par le préfet de Boghé au chef d’arrondissement de régler le problème. Les déportés retrouvèrent leurs demeures dans une désolation totale.
Avec ce retour, deux villages ou plutôt un village dans un village se créent chacun avec ses propres structures. Les haratines refusent de libérer les terres de cultures sur toute la zone tampon entre le village et le fleuve. La cohabitation entre les deux communautés, loin d’être paisible, est mise à mal à chaque fois par des faits banals: la mort du cheval et du chien du chef de village haratine Mohamed Ould Yarg.
Ce dernier reprocha aux revenants d’être à l’origine de la mort de son cheval et les envoya en prison avec la bénédiction des autorités locales. Les intimidations vont crescendo. À bout de patience, les revenants viennent d’adresser des lettres ouvertes au Président de la République, au ministre de l’intérieur et au Premier ministre. «J’ai toujours joué mais vainement la carte de l’apaisement pour que nos deux communautés vivent ici en parfaite symbiose ethnique», martèle Sy Mamadou, chef de village. Mais je me suis rendu compte que “notre cohabitation” avec Yarg est désormais impossible».
Le CALAME N°610 du 10 octobre 2007