06-02-2014 18:26 - Les banques islamiques: La grande hypocrisie

Les banques islamiques: La grande hypocrisie

Huffington Post Maghreb - Ce billet a pour objectif de montrer que le fonctionnement de ce qu'on appelle les banques islamiques est quasi-identique au fonctionnement d'autres banques commerciales.

Le seul point qui les différencie - et encore - c'est la dimension éthique qu'on peut trouver dans certains placements (exclusion de fait des jeux de hasard, d'alcool...). Mais sur ce qui est de la pratique usurière (taux d'intérêt) la pratique est la même, Les taux d'intérêt pratiqués par les banques islamiques sont même parfois bien supérieurs à ceux des banques commerciales.

Nous montrerons que ce qu'on appelle les banques islamiques ne sont que l'invention de milliardaires qui cherchent à fructifier leurs milliards en promettant le paradis pour leurs clients et l'enfer pour les autres. Pour ne pas compliquer les choses, nous ferons fi de la question de la spéculation - une question assez épineuse - qui fera l'objet d'un autre billet.

Les pratiques des banques islamiques: Quand "l'intérêt" devient le "bénéfice"

La moudaraba: permet à un promoteur de mener un projet grâce à des fonds avancés par des apporteurs de capitaux dont la clé de répartition des gains et des pertes est fixée dans le contrat. A priori, cette pratique n'a rien d'illicite, elle est généralement pratiquée par les SICAR (Sociétés d'Investissement à Capital Risque) ou par n'importe quel fond de pension qui prend une participation minoritaire dans une entreprise et délègue la gestion à un mandataire social.

Ainsi, cette pratique s'appelle dans le langage courant prise de participation minoritaire sans contrôle de l'entreprise et n'a rien à voir avec une quelconque invention des banques islamiques. Al-Ijar (leasing, crédit-bail): contrat de location avec option d'achat, pratique courante dans toutes les banques et les sociétés de leasing.

La mousharaka: Les banques islamiques participent au financement de l'acquisition d'une entreprise. L'essentiel des fonds (90 %) est apporté par la banque et le reste (10 %) par l'investisseur.

Le remboursement se fait sur une période assez courte grâce à la remontée des dividendes qui serviront à rembourser le capital et la part des banques dans les bénéfices. La part de la banque dans les bénéfices est fixée à l'avance dans le contrat, donc ce qu'il appelle bénéfice est en réalité un taux d'intérêt déguisé!

Cette pratique ressemble comme deux goutte d'eau à la LBO (leveraged buy-out) où l'investisseur crée une Holding (coquille vide), financée majoritairement par crédit, qui prend le contrôle d'une entreprise cible. Les bénéfices de cette dernière (remontée massive de dividendes) servent à payer le capital et les intérêts. La banque islamique se contente dans ce cas de changer le terme "intérêt" par "bénéfice fixé à l'avance".

Question: si le projet ne dégage pas assez de rentabilité pour rembourser le capital et le bénéfice exigé, quelle sera la réaction de la banque islamique? Exactement comme une banque commerciale. Elle essayera par tous les moyens de récupérer ses fonds selon l'ordre établi par la loi.

La mourabaha (la grande arnaque): une double vente, entre un vendeur et un acheteur. 

Supposons qu'un Tunisien veut acheter une voiture à 20,000 dinars. Il se trouve face à deux choix. Premier choix: faire un crédit de consommation à 5% sur 5 ans. Le coût total du crédit serait 25,525 dinars, soit 5,525 dinars d'intérêt sur 5 ans.

Deuxième choix: se rapprocher d'une banque islamique, laquelle va faire l'opération suivante. Elle va acheter la voiture 20 000 dinars, puis elle va la revendre à la personne concernée à 25 525 dinars, qu'il va rembourser sur une période de 5 ans. Le coût total de l'opération est donc de 5 525 dinars. Soit un taux d'intérêt de 5% sur 5 ans.

Ainsi, il n'y a aucune différence entre la première et la deuxième opération. Il s'agit dans les deux cas d'user d'une position de force pour tirer un profit. Dans la pratique, les banques islamiques pratiquent des taux plus usuriers que les banques commerciales.

De grâce, laissez l'islam tranquille

Chose est sûre, l'islam fait vendre. C'est un canal qui rapporte gros. La majorité des banques islamiques sont la propriété des grands conglomérats de la finance mondiale. Bien sûr, toute cette mascarade bénéficie du soutien de savants milliardaires qui officient sur les chaines des monarques des pays du Golfe.

Laissez l'islam loin de votre commerce, L'islam porte des principes nobles aux antipodes de ce monde capitaliste où la notion de profit prime sur toutes les considérations humaines et sociales. Une finance islamique serait certainement anticapitaliste, anti-accumulation, anti-exploitation, anti-impérialiste. Laissez l'islam tranquille, et point!

Walid Hasni
Economiste, vice-président de l’Institut Tunisien des Relations Internationales



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Commentaires (13)

  • COSINUS (H) 07/02/2014 22:19 X

    hindows
    Je ne sais pas comment vous définirez la marge d’intermédiation bancaire sans parler d’intérêt incontournable dans le calcul du PNB. Les commissions ne sont pas que financière : location de coffre de la banque par un client.

    La plus value (production-consommation intermédiaire) dans ce cas ne peut pas être commerciale (nombre de client) et Je ne dis pas que la banque n’achète pas du matériel pour le revendre mais au niveau des livre forcement on ressort l’intérêt si on parle de marge dans l’opération pour la rendre lucite aux yeux du client donc juste une stratégie marketing et je persiste jusqu’à qu’on puisse me convaincre, j’en aurais besoin ou soit on parle pas le même langage, je vous remercie dans tous les cas.

  • hindows (H) 07/02/2014 17:40 X

    Cosinus
    les marges ne sont pas du tout des intérêts ne confondez pas! Les banques islamiques ne gagnent de l'argent que par les plus-value commerciales et le partage des risques. Elles ne financent un projet que si elles pensent qu'il est porteur et prennent une part au bénéfice (il y a donc un risque pour elle de perdre). Ou elles achètent un bien et le revendent plus cher par échéances (plus-value commerciale). C'est ainsi qu'elles réalisent leur PNB, avec bien sur leurs commissions sur les service financier.

  • COSINUS (H) 07/02/2014 16:45 X

    Merci pour ton éclaircissement qui ne m’a convaincu malheureusement, je suis un eternel apprenant. Ce pendant notre divergence n’est pas le fait que la banque soit une entreprise de bienfaisance mais sur la pratique des opérations islamiques sans que leurs marges soient considérées comme intérêts dans les livres comptables de la banque, je ne parle pas ici du tableau d’amortissement du client si non dites moi comment vous un le PNB, vous pourrez me convaincre et je vous serai reconnaissant.

    Cette pratique n’est autre qu’une stratégie marketing mise en place par les banques pour ne donner aucune chance au client de les échapper pour bien sur accroître le profit.

  • antipervers (H) 07/02/2014 16:17 X

    Moi je vois favorablement la finance « islamique » autant que la tontine Bamiléké au Cameroun : tout groupe humain cherche à se donner un avantage dans la concurrence économique en faisant prévaloir des règles, normes ou spécifications qui lui appartiennent et maitrise mieux. Pour le reste, la finance « islamique » reste une finance : son objet est le profit et son packaging est l’onction religieuse. De la même manière que l’autre finance aime à se parer d’environnement, de développement humain ou d’humanitaire.

    C’est bien entendu désagréable pour les gens de foi. Comme il est surprenant pour les gens de bonne foi de voir des Imams donner « onction sainte » à des banques mauritaniennes, dont chacun sait d’où elles viennent d’un point de vue éthique.

  • hindows (H) 07/02/2014 14:53 X

    @Cosinus
    partons d'abord du principe que les banques, qu'elles soient classiques ou islamiques, sont avant des sociétés de financement qui cherchent a faire du profit. Ce ne sont pas des organismes de bienfaisance ni de charité, ils prêtent de l'argent contre bénéfice, sur un échéancier connu a l'avance. Mais les banques islamiques, ne prêtent pas d'argent, mais mettent plutôt a disposition des marchandises (voiture, machines, matériels de construction) moyennant une marge bénéficiaire approuvée par les 2 parties a l'avance.

    @ wonibihe
    renseignez vous, la banque islamique établit une promesse d'achat dans lequel les prix de marchandise achetée sont notifiés noir sur blanc, sur la base d'une facture du fournisseur. Donc rien n'y est caché.

  • COSINUS (H) 07/02/2014 14:48 X

    wonibiihe,
    C'est normal quand on présente un tableau d'amortissement à client islamique un tableau d'amortissement ou c'est mentionné intérêt ,il n'acceptera pas l’opération. En réalité l’opération est a non seulement pour source de financement l’intérêt et comptablement la marge est belle bien portée en intérêt dans les livres comptables de la banque, si non merci de me prouver le contraire, je ne détiens aucun monopole du savoir .

  • hamza65 (H) 07/02/2014 09:59 X

    Vous avez malheureusement raison: la finance " islamique" ne l'est pas et l'utilisation de l'Islam est purement une action de marketing. Une banque, par définition, est vendeur d'argent.

  • wonibiihe (H) 07/02/2014 02:56 X

    Wallid aurait pu juste chercher un autre argument pour essayer de nous discréditer exemple séparer les sources en créant une banque centrale islamique pour les produits islamiques et la Banque centrale pour les classiques

  • wonibiihe (H) 07/02/2014 02:52 X

    Dans la Mourabaha : le client ne sait pas combien la banque achète la marchandise quelle lui vend alors que dans le crédit classique il a toutes les infos surtout le taux d'intérêt

  • COSINUS (H) 07/02/2014 00:30 X

    hindow
    Je suis parfaitement d’accord avec Walid Hasni , les finances islamiques au niveau des banques n’est autre qu’une stratégie marketing qui veut attirer la clientèle qui ne veut pas des opérations bancaires contraires aux percepts de l‘Islam, elles jouent justement sur la psychologie du client. Ce pendant, je tiens à vous rappeler d’abord que le taux d’intérêt est bel et bien une marge par ce que tout simplement la principale source du produit net bancaire (PNB) de la banque est sa marge d’intermédiation bancaire qui est la différence entre les intérêts perçus et les intérêts versets aux quels on ajoute les commissions nettes .Si vous pouvez bien m’expliquer techniquement en dehors des intérêts , je vous serais reconnaissant, mes remercîments anticipés.

    Reconnaissez aussi que les banques s’enrichissent au dos de la clientèle tant mieux mais sans contrepartie sur le rôle qu’elles devraient jouer dans le développement de l’économie et ce n’es pas normal 20 banques/4 millions d’habitants ????????????????????

  • habouss (H) 06/02/2014 21:30 X

    Le paradoxe est que en longueur de journée leur versant purement de la pratique religieuse nous tympanise avec le salafisme c'est à dire le retour aux sources, comme ce système bancaire existait et était une pratique de la source en question.

    Vous l'avez bien expliquer il s'agit d'une forme moderne d'arnaque trempée dans la sauce islamique, comme le business florissant du Halal qui exploite de pauvres incrédules.

  • hindows (H) 06/02/2014 21:00 X

    Cet article démontre la profonde ignorance de son auteur des principes de la finance islamique, qui est basée essentiellement sur l'interdiction de l'usure (Riba). Sans entrer dans les détails techniques, il n'y est jamais question de taux d'intérêts, mais dans le cas de la Mourabaha on parle plutôt de marge bénéficiaire, qui est un bénéfice réalisé par la banque sur une marchandise achetée.

  • Hammejerel (H) 06/02/2014 20:13 X

    Cet article vient bien à son heure en effet en Mauritanie, il suffit qu'un entrepreneur réussisse dans un créneau pour qu'il soit rejoint par les grands "copieurs et colleurs" qui foisonnent dans cette République. Après les stations, les boulangeries, les épiceries, que sais je... ce sont les banques islamiques qui font irruption dans le paysage. Ces banques pour colorer l'arnaque font apparaître un barbu qui ventera les vertus de la finance islamique. Ces banques individuelles utilisent le même logiciel que les banques classiques. Qui trompe t on, sûrement pas le Souverain de l'Univers ?