Sidi El Moctar Ahmed Taleb - L’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches (IMROP), vient d’organiser la 15ème session de son Conseil scientifique et présenter son plan quinquennal 2014-2018 où l’excellence est sa seule devise.

Cette ambition légitime d’intégrer le club des institutions crédibles, l’oblige à travailler pour l’accréditation de ses laboratoires et à en faire une plateforme de compétences qui sert un ou plusieurs parmi ses programmes qui, eux aussi, fournissent leurs outputs à l’administration centrale pour les traduire en politique et stratégie de gestion (plans d’aménagement) ou à d’autres clients.

Cette plateforme doit impérativement évoluer pour intégrer les structures de recherche nationales, sous-régionales et internationales et ce dans le but de parvenir, à travers un partenariat et/ou une coopération modèles, à mutualiser les moyens humains, logistiques et financiers et à mettre ainsi en œuvre des projets communs de recherche.

Ce rêve, par ailleurs réalisable et justifié, se base sur une bonne feuille de route pour 5 ans, un grand nombre de chercheurs multidisciplinaires, une expérience assez suffisante dans la conception des programmes et le mode de leur exécution, un statut particulier motivant pour les personnels et enfin une nouvelle volonté d’améliorer la gouvernance de l’institution.

Plan quinquennal :

Les orientations énoncées dans ce document de référence et le plan d’action 2014 qui en a découlé pour chacun des trois programmes de recherche, s’inscrivent parfaitement dans les objectifs globaux affichés par le Ministère de tutelle et autour desquels s’articulera certainement la stratégie sectorielle qui tarde depuis la fin de l’année 2012 et que le nouveau Ministre des pêches s’attèle à mettre en place dans le meilleur délai suivant une approche que je souhaite différente de celle de ses proches collaborateurs.

En d’autres termes, les outputs de l’exécution des programmes de recherche retenus au niveau de l’IMROP, alimenteront, au niveau central, les plans d’aménagement sur lesquels devraient se fonder la politique de gestion du département depuis la fin des années 90 et aideront les professionnels du secteur dans leurs entreprises.

En d’autres termes, les objectifs des programmes et les actions à exécuter en leur sein, devront prioritairement contribuer à atteindre les mêmes objectifs sectoriels consistant à préserver la ressource (dimension conservation des plans d’aménagement) et d’intégrer davantage les activités du secteur dans l’économie nationale et d’en tirer le maximum de gains socioéconomique (dimension développement des plans d’aménagement). Ceci voudrait dire que la programmation de la recherche devra répondre aux attentes des décideurs avant de vouloir satisfaire un besoin interne (acquisition d’expertise) ou une demande externe (prestation de services).

Les chercheurs :

Consciente de la nécessité de faire respecter un certain équilibre entre les différentes catégories des personnels, la Direction s’oriente, sur la base du mandat statutaire de l’institution et des impératifs actuels et probables du développement du secteur des pêches, vers la détermination des disciplines ou spécialités qui constituent l’ossature permanente de la recherche océanographique et des pêches.

En conséquence, elle devra consacrer par exemple 15-20 spécialités et prévoir 3 à 4 chercheurs par discipline (45-80 personnes), y compris les éventuels départs. Et si on associe, selon les cas, 1 à 3 techniciens à chaque chercheur, on aura alors besoin au total de 45 à 240 techniciens toutes catégories confondues.

Dans ces conditions, l’IMROP serait dans une situation de luxe par rapport à beaucoup d’institutions similaires non seulement au niveau national, mais à celui aussi sous-régional et même international.

Alors la bonne gouvernance lui imposerait aussi, dans un contexte où les financements se font de plus en plus rares, la limitation du nombre des personnels d’appui administratif du genre secrétaires, chauffeurs, plantons, gardiens, etc.

Font partie également des principes de la bonne gouvernance, la politique du bâton et de la carotte qui évite l’impunité et les mauvaises manœuvre telles que ‘’la politique de la terre brûlée’’ ou ‘’moi où le déluge’’.

A propos, le Conseil scientifique devra couvrir, par le nombre et les profils de ses membres, les 15-20 spécialités sur-mentionnées et mettre fin à l’idée de faire des anciens Directeurs de l’institution des membres de droit.

Expériences :

Aujourd’hui l’IMROP dispose d’une masse critique de chercheurs dont une partie est assez expérimentée pour emmener les autres à saisir le sens des concepts les plus usuels et récurrents dans la recherche halieutiques dont notamment ‘’axe thématique de recherche’’, ‘’programme de recherche’’, ‘’action de recherche’’, ‘’activité de recherche’’, ‘’objectif’’, ‘’moyen’’, ou ‘’écosystèmes’’, ‘’biodiversité’, ‘’environnement’’ et ‘’habitat’’ ou ‘’aquaculture’’, ‘’pisciculture’’ et ‘’pêche continentale’’, ‘’taille de première capture’’ et ‘’taille de première maturité sexuelle’’, etc.

Ces ainés pourront également habitués la nouvelle génération que les actions découlant des missions de l’institution sont continues et se programment et s’exécutent généralement au sein des laboratoires et ne se rattachent aux programmes qu’exceptionnellement et de manière provisoire sachant que tout programme à une durée de vie limitée. Par contre, les programmes comprennent les actions dont la réalisation permet l’atteinte des objectifs qu’ils visent au bout d’un temps donné.

C’est aussi à cette élite qu’incombe la mission difficile d’entrainer les nouveaux dans la rédaction scientifique des articles et de doser la part de la recherche fondamentale indispensable par rapport à celle appliquée ou de développement et de répartir intelligemment l’équipe de chercheurs entre les domaines où les activités sont purement scientifiques et ceux d’expertise au profit de l’administration de tutelle ou d’autres clients (prestations de services).

Statut des personnels :

A l’IMROP tout le monde se réjouit de l’application du nouveau statut particulier des personnels de la recherche océanographique et des pêches et souhaite le voir renforcé par un système d’évaluation externe transparent, objectif et équitable. La carrière de chacun et la notoriété des plus méritants, sont étroitement dépendantes de ce système qui doit être, par ailleurs, généralisé à toutes les institutions nationales de recherche.

Afin de tirer le maximum de profit de ce statut et d’éviter le départ des chercheur, la Direction semble vouloir s’orienter vers la promotion d’une culture de recherche et l’instauration de traditions au bénéfice de l’avenir de l’institution. Il s’agit d’œuvrer pour la signature d’un contrat-programme avec le gouvernement, la budgétisation des programmes, l’élection des responsables des programmes et des laboratoires pour une période limitée et la rupture avec l’habitude d’affecter les chercheurs dans de simples postes administratifs.

Tous ces points de force de cet institut, représentent des ingrédients fort importants, mais restent insuffisants pour qu’ils conduisent au but de l’excellence rêvée. En effet, ceci nécessite obligatoirement, en plus, une réelle volonté politique et un accompagnement durable et suffisant en matière d’appui logistique et financier.

Par ailleurs, il est à noter que dans un monde où on parle de l’économie de la culture et où l’avenir ne peut désormais être bâti que sur le savoir, notre pays doit, comme l’ont déjà fait beaucoup d’autres pays, viser la qualité de la formation, la recherche scientifique et –si possible- l’innovation.

Ayant compris cette réalité, l’IMROP ambitionne servir de locomotive pour le développement du secteur de la pêche et de modèle pour les autres institutions nationales qui mènent une recherche appliquée au service notamment d’un secteur économique tels que les mines, l’agronomie, etc.

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb