26-08-2016 08:29 - Bloc-Notes de Hamma/ Hamma Ag Mahmoud

Bloc-Notes de Hamma/ Hamma Ag Mahmoud

RMI Biladi - Hamma Ag Mahmoud, ancien haut fonctionnaire de l’administration de son pays et ancien ministre, vit en exil en Mauritanie depuis 2012. Comme tous les anciens, il a beaucoup de choses à dire… de son pays et de toute la région. Dans son bloc-notes qu’il animera tous les mardis sur notre site, il partagera avec vous sa riche expérience.

Le Mali doit s'inspirer des Royaumes et Empires, héritages de notre histoire.

Il y a aujourd'hui un travail de remise en ordre nécessaire pour renouer les fils brisés du développement institutionnel de notre pays durant la période coloniale et le réconcilier avec lui-même.

Les royaumes et empires, qui sont nés en Afrique occidentale, ne doivent pas leur renommée à des guerres de conquêtes, à l'exception du Songhoi dont le fondateur faisait piler des bébés par leur mère, pour mystifier les populations par l'étendue de son inhumanité. C'était une exception.

Les royaumes du Wagadou et du Mandé ont édifié des États stables, régis par des règles constitutionnelles très élaborées (voir la Charte du Mandé ), garanti la justice, la sécurité, la libre circulation des personnes et des biens, organisé la production et les échanges.

Ce modèle d'organisation politique et de stabilité, le choix des États périphériques de se joindre à cette sphère de prospérité, ont d'avantage été les éléments fédérateurs, le ciment de ces royaumes et empires.

Il faut noter que ces grands états ont respecté l'identité des petits états membres, leur culture, leur langue, leurs règles de fonctionnement, un modèle que la France coloniale s'est empressé de détruire.

A la fin du 19eme siècle la France a conquis les 6 États de la Région, pour en faire une colonie, sans l'aval des populations:

le royaume khasonké ,

-le royaume malinké,

-le royaume senoufo, de Sikasso,

-le royaume bambara de Segou,

-le royaume peul du Macina,

-la confédération touareg de la Boucle du Niger.

Pour peu qu’on prenne la peine d'étudier l'organisation politique, administrative, judiciaire de ces États, on constate qu'elle est la même partout:

-le village, la fraction nomade,

-le canton, la tribu nomade,

-la province, la fédération des tribus,

-l'Etat(le royaume, la confédération,l'empire). Chaque entité administrative connaît aujourd'hui ses limites territoriales. Tout malien interrogé pourrait dire sans hésitation son village, preuve de la solidité de nos institutions.

Les dirigeants sont désignés ou élus selon des règles établies depuis des temps immémoriaux et jalousement respectées. La justice, (jadis, juristes consultes, émanation de la société civile, non rémunérés) garde toute son indépendance. Les procédures judiciaires, établies par la société sont bien assimilées par les usagers. Aujourd'hui encore, ces instances siègent au sein de nos communautés où elles continuent d'officier à la satisfaction des populations.

Par exemple tous les actes d'état civil( baptême, mariage, divorce, décès), contact, sont établis à ces niveaux. En fait très peu d'affaires civiles sont traitées au niveau des juridictions officielles.

Une autre particularité de notre organisation politique demeure dans ce que les empereurs,les rois, ne gouvernent pas. C'est le rôle dévolu aux organes des entités membres. Ils gardent le rôle de symbole de l'unité nationale,la diplomatie, la monnaie,la défense et l'arbitrage des conflits entre les membres du royaume ou de l'empire.

L'organisation politique, administrative, judiciaire du Mali, a été élaborée déjà par les maliens, à travers les âges. Il nous revient aujourd'hui de la moderniser et l'adapter au contexte, sur la base des acquis historiques de nos sociétés.

Il faut rappeler que cette organisation, mise a' l'épreuve du temps, a fourni le socle qui a permis d'asseoir dans cette région ouest africaine les plus beaux fleurons de royaumes et empires, du Haut Moyen Age à l'occupation coloniale.

La révision constitutionnelle, le projet de décentralisation, doivent prendre en compte ces réalités qui plongent leurs racines dans l'histoire millénaire, la géographie, la culture du peuple malien.



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Commentaires (1)

  • ELVALLI (H) 26/08/2016 12:37 X

    Merci pour cet article, Gloire à la Civilisation Africaine, Gloire au Mali de toujours… Hegel, dans sa leçon sur la philosophie de l’histoire prononcé en 1830, soit un an avant sa mort, écrit simplement : « L’Afrique n’est pas intéressante au point de vue de sa propre histoire mais par le fait que nous voyons l’homme dans un Etat de barbarie et de sauvagerie qui l’empêche encore de faire partie intégrante de la civilisation. L’Afrique aussi loin avec le reste du monde : c’est le pays de l’or, replié sur lui-même, le pays de l’enfance qui, au-delà du jour de l’histoire consciente, est enveloppé dans la couleur noire de la nuit ». Hegel est un allemand, un européen et un élément essentiel du système colonial européen, tout comme cet autre Sarkozy qui dans son discours de Dakar disait que « l’Afrique avait raté le train de l’histoire » ce qui prouve qu’il a continué à s’abreuver de ces idéologies occidentales racistes, dominantes et répressives à l’endroit de l’historicité de la civilisation des sociétés africaines précoloniales. L’histoire c’est l’homme, toujours l’homme et ses admirables efforts et l’homme africain a su gérer l’organisation du pouvoir et l’aménagement des règles - fussent-elles orales – de dévolution du pouvoir, de distribution du pouvoir et d’agencement des pouvoirs organiques qui ont toujours trouvés leurs contrepoids ou leurs limites démocratiques. La civilisation africaine a respecté l’homme et la nature, sans abrutir le premier et sans polluer la deuxième.