07-11-2016 14:12 - Situation sécuritaire : Encore un fiasco diplomatique de Nouakchott !

Le Rénovateur Quotidien - Les chancelleries occidentales accréditées à Nouakchott ont émis des messages d’alerte, tirant sur la sonnette d’alerte, prévenant leurs ressortissants contre la situation sécuritaire en Mauritanie.
Une démarche que les autorités de Nouakchott ont mal perçu, au point d’y répondre officiellement par la voix du porte-parole du gouvernement. Ce dernier s’est employé à la déconstruction des deux messages incriminés.
Ce faisant, la Mauritanie, adresse des remontrances aux ambassades de France et des États Unis que Nouakchott considère comme une campagne de dénigrement injustifiée à son égard. Qu’en est-il de ce "fiasco" diplomatique et sécuritaire qui contredit les succès dont se targue le gouvernement mauritanien dans ces deux domaines ?
L’ambassade de France a émis un message d’alerte pour les ressortissants de l’Hexagone, les avertissant de "circuler nuitamment" dans un périmètre situé entre la zone de Soukouk et la route de Nouadhibou. Pour quelles raisons la représentation française met-elle en garde ses ressortissants ? La cause en est simple. Le communiqué cite le cas d’une française victime d’un viol perpétré par des criminels qui l’ont dépouillée de ses biens avant de commettre leur crime abject.
Pour sa part, l’ambassade des États Unis d’Amérique à Nouakchott a émis un communiqué dans lequel elle prévient contre l’imminence d’actes terroristes dans certains pays, dont la Mauritanie, sans plus de précision sur ses sources.
Ces deux communiqués ont provoqué la colère du gouvernement mauritanien qui, par la voix de porte-parole a fait un recadrage.
Le cas de la française relève du fait divers. Un fait divers pour lequel Nouakchott comprend difficilement qu’une ambassade fasse tant de bruit et se fende d’un communiqué officiel à l’adresse de l’ensemble de ses ressortissants. Des actes pareils et même plus graves se produisent quotidiennement à Paris sur la personne de ressortissants de tous les pays du monde sans que les ambassades concernées ne s’en émeuvent outre mesure et fassent des communiqués, rétorque Mohamed Lemine ould Cheikh. Un haut responsable de la Sûreté Nationale est appelé à la rescousse pour faire toute la lumière sur les tenants et aboutissants de cette triste affaire.
Tandis que le communiqué de la représentation américaine à Nouakchott prévient contre d’éventuelles attaques terroristes en Mauritanie probablement comme dans d’autres pays de la sous-région. Pour autant, est-ce suffisant pour pointer du doigt le pays et l’inscrire dans la liste noire des pays à risque ?
D’abord, de tels communiqués n’ont rien de nouveau, le Quai d’Orsay ayant l’habitude bien fâcheuse de compter régulièrement depuis des années notre pays au nombre des pays à risques et ce en dépit de l’absence d’attentats depuis 2012. Le tourisme en pâtit encore.
La hausse du ton entre Nouakchott et les ambassades occidentales risque de conduire à l’incident diplomatique. Ce qui donnerait un rude coup à la diplomatie mauritanienne davantage ancrée sur le discours, le marketing diplomatique, le recrutement de hauts cadres "vendables" que la démocratie au plan intérieur et la "real politique" à l’international, car que vaudrait une bonne diplomatie si elle n’était pas consolidée par une situation politique stable et apaisée ?
Là est tout le problème pour Nouakchott. Avant de jeter son dévolu sur la diplomatie française et américaine, qui jouent aux sorciers blancs en Afrique en annonçant toutes sortes de fléaux qu’elles s’emploient par ailleurs à amplifier, le gouvernement mauritanien se devrait de travailler à l’essentiel. Corriger le tir pendant qu’il est encore temps. Et ce d’autant plus que l’heure n’est plus au triomphalisme diplomatique et sécuritaire.
La Mauritanie a beau avoir présidé à l’Union Africaine et à la Ligue Arabe, organisé le vingt-septième sommet de cette dernière, et avoir une petite idée sur la lutte contre le terrorisme, les choses sont loin d’être idylliques au plan interne. Or, c’est là où le bât blesse. Que serait l’Amérique et la France sans leur démocratie et leur stabilité, résultat d’une alternance au pouvoir d’une façon régulière entre les divers pôles politiques ?
Aziz comprendra-t-il la leçon ?