07-02-2018 20:16 - Sénégal-Mauritanie : le dialogue doit prévaloir dans le dossier "pêche" [Tribune]

Sénégal-Mauritanie : le dialogue doit prévaloir dans le dossier

La Tribune Afrique - La tension est clairement montée d'un cran entre la Mauritanie et le Sénégal après la mort d'un pêcheur sénégalais dans les eaux mauritaniennes et les incidents qui ont suivi le 27 janvier dernier. Le président sénégalais, Macky Sall, sera d'ailleurs en visite à Nouakchott demain, sans doute pour essayer de calmer les eaux agitées des relations sénégalo-mauritaniennes.

Le journaliste mauritanien Mohamed Fall Ould Oumeir plaide pour le dialogue entre les deux parties dans cette tribune exclusive à La Tribune Afrique. Repérée dans les eaux mauritaniennes le dernier samedi de janvier, une pirogue sénégalaise a refusé d'obtempérer et a entrepris des manœuvres d'évitement potentiellement dangereuses pour la sécurité de la vedette des garde-côtes mauritaniens.

En réponse à la stratégie de fuite de l'embarcation, les forces de sécurité ont ouvert le feu en direction de son moteur, des tirs qui ont accidentellement touché, pour le blesser mortellement, un des pêcheurs sénégalais.

Voilà les faits, rapidement et malheureusement suivis d'un déchaînement de violence - pillages et menaces - contre les échoppes des commerçants mauritaniens de Saint-Louis, d'où sont originaires la majorité des pêcheurs trouvés en situation irrégulière dans nos eaux.

Une « bavure » dira le Sénégal, un « accident regrettable », estimera-t-on à Nouakchott. Dans ce conflit de « basse intensité », concentré de rivalités et de récits manipulés, jeu dangereux sur le fil de la frontière océanique, la Mauritanie et le Sénégal doivent chercher la voie de l'apaisement, et affirmer ainsi la primauté du droit.

Car le feu n'est jamais très loin sous la braise : un simple accrochage porte en lui les germes de la colère. Ainsi le souvenir des « événements de 1989 » est vivace, quand s'accrochèrent des bergers peuls mauritaniens et des paysans soninkés. Sur la rive sud du fleuve Sénégal, la localité de Diawara vit passer l'étincelle et chacun eu peur d'oser envisager un dérèglement majeur imposant le vent mauvais d'un affrontement entre maures et négro-africains.

Rappelons encore à nos frères sénégalais que les incidents graves surviennent chez eux aussi, comme en 2002 lorsque Mohamed Ould Sneid, commerçant mauritanien, a été abattu de plusieurs balles en tentant de traverser le fleuve, près de Gourel. Aucun mouvement de vendetta contre les Sénégalais n'a pourtant été noté en Mauritanie.

En 2008, c'est une pirogue lancée dans une partie de pêche pirate qui ira attaquer les garde-côtes mauritaniens. Au cocktail Molotov - incendie à bord-, puis à l'arme blanche. Le capitaine sera retenu pour sa responsabilité, tandis que les membres d'équipage seront relâchés.

Ces derniers tailleront droit vers Saint-Louis, fabuleront le décès de deux compatriotes et déclencheront la razzia des boutiques. Encore. Trop c'est trop. Les victimes seront, des années plus tard, indemnisées par la justice sénégalaise.

Demain déjà sera un autre jour, tant apparaît clairement une forme de prise de conscience de l'urgence de part et d'autre. Le défi véritable, ensuite, consistera à traiter les racines du mal en codifiant de manière légale l'accès des pêcheurs de Nguet Ndar aux eaux voisines, parmi les plus poissonneuses du monde. Une approche nouvelle, une transformation des mentalités pour des piroguiers jusqu'à présent maîtres d'une liberté sans règle.

Souvenons-nous de l'Accord de pêche qui fixait en 2015 un prix symbolique de 10 euros la tonne, loin des 300 euros imposés aux partenaires d'un étranger plus lointain. Et de la clause de débarquement de 6%, imposée par le Code mauritanien des pêches mais rejetée par les Sénégalais.

L'incident malheureux intervenu ces jours-ci est une chance pour trouver un accord qui respecte l'exigence du contrôle de la ressource nationale et la nécessité pour les pêcheurs sénégalais de profiter de cette ressource dont la préservation sert les deux peuples.

Par Mohamed Fall Ould Oumeir, journaliste mauritanien





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Commentaires (8)

  • yawonni (H) 08/02/2018 14:47 X

    Association mains propres Ahmed o/Cheikh est un bon journaliste et un véritable cousin Germain de Molière. Il faut aussi reconnaître la valeur des professionnels de la plume. Faut pas trop exagérer. Tous mes respects et vive association mains propres et Aziz et Mauritanie

  • trump trompe (H) 08/02/2018 11:36 X

    La déontologie du journalisme nous apprend de ne pas faire trop de bruit et de silence dans un écrit . Or nous constatons que cette publication incarne les deux et cela donne ce qu'on appelle libre oponion. Ce qui est le cas ici.

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 08/02/2018 09:59 X

    J’ai oublié d'ajouter à mon précédent commentaire, qu’il est indéniable que ceux qui travaillent avec des faux diplômes sont des dangers publics dans des secteurs comme la santé, l’éducation la presse... ETC. En effet un agent de santé détenteur d’un faux diplôme est un assassin potentiel ; de même un journaliste ne remplissant pas les conditions requises pour écrire fait du tort à la nation par des mots, des phrases, des insinuations qui détruisent parfois des vies, des projets, n’oublions pas que les écrits incohérents et leur impact sur l'avenir et sur les personnes concernées peuvent être dévastateur. Ces révélations et surtout le cas de Mohamed fall Ould OUMEIR,Ahmed Ould Cheikh du calame ..etc , nous permettent de penser qu’il y’a probablement des détenteurs de faux diplômes qui travaillent dans d’autres secteurs en dehors de celui de la presse. Autrement dit l’Administration Mauritanienne est probablement infestée de détenteurs de faux diplômes. Le gouvernement doit prendre ce problème au sérieux et faire un traitement d’ensemble pour mieux distinguer les vrais des faux journalistes et assurer un financement adéquat de l'organisme qui défend leurs intérêts. en Mauritanie les vrais journalistes se comptent sur les doigts d'une seule main, VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE

  • bagaby (H) 08/02/2018 09:54 X

    Et çui-là manifestement plus mauritanien que journaliste ose signer "journaliste mauritanien"?!? N'importe quoi venant d'un n'importe qui!

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 07/02/2018 23:13 X

    Soyons sérieux. Med Fall O. Oumer n'est pas journaliste, c'est un professeur d'histoire de l'enseignement secondaire. Ce n'est pas sérieux de mentir (Le journaliste mauritanien Mohamed Fall Ould Oumeir plaide pour….), mentir peut entraîner des poursuites au pénal pour faux et usage de faux, délit puni de trois ans d’emprisonnement pour exercice illégal d’activité de journaliste. Monsieur, Med Fall O. Oumer pour accéder à la profession, l’école de journalisme reste aujourd'hui la voie la plus sûre, pour intégrer ces écoles, un passage par la case concours est obligatoire, le recrutement se fait souvent à partir d'une licence (bac + 3) mais la plupart des candidats ont un niveau bac + 5. Soyons honnête aussi, la photo de Med Fall O. Oumer dans un resto tape à l'œil et ne colle pas avec l’article VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE

  • habouss (H) 07/02/2018 20:44 X

    @KANTAKI, pompier pyromane ! J'espère que tu crois à ce que tu dis à travers ces sages paroles. Ould Abdel Aziz et Macky Sall sont obligés de s'entendre au moment où le monde manque de pétrole et que les majors pétroliers sont sur le point d'investir des milliards de dollars dans l'off shore mauritano-sénégalais. Cette entente va au-delà des intérêts de pauvres pécheurs traditionnels, boutiquiers et éleveurs en transhumance.

  • hachmi (H) 07/02/2018 20:36 X

    Vous nous avez manqué Ould Oumeir, 2 ans d'absence sur le site, la télé ne vous pas réussi, revenez donc a votre premier amour, donc, à vous même !

  • KANTAKI (H) 07/02/2018 20:30 X

    Le Sénégal et la Mauritanie, la Mauritanie et le Sénégal, ces deux pays sont un et indivisible pays depuis la nuit des temps....Les pêcheurs sénégalais notamment de Ndar, notre capitale, la vraie capitale mauritanienne avec tout le respect pour l'intangibilité des frontières du Sénégal Frère, ces pêcheurs doivent pouvoir travailler normalement sans gènes pour les captures classiques ancestrales ( Pêche à la ligne) mais avec des contingentements pour les poissons de fonds relevant de la pêche industrielle. Nos amis sénégalais vont jouer le jeu mais en aucun cas nos frères ne doivent rester sans rien faire, cela est inacceptable... Bienvenue à Macky Sall, bienvenue au Président Ould Abdel Aziz...