25-05-2018 18:30 - L’éditorial: A la communauté soninké

L’éditorial: A la communauté soninké

Nouvelle Expression - Mon propos à l’égard de la communauté soninké, la communauté à laquelle j’appartiens, est pour moi un moment fort et loin de moi l’idée d’avoir le monopole de la vérité ou et la prétention de donneur de leçons… Depuis quelque temps, je fais face, impuissamment, à un lynchage intracommunautaire impropre, non fécond et perfide.

Un débat de caniveau entre les tenants du statu quo lié aux tares sociales qui rabaissent, et aux abolitionnistes et autres progressistes qui soutiennent le combat pour la fin de ces tares sociales de connotation esclavagiste.

Les victimes de ces tares, dans un élan de prise de conscience, de sensibilisation et d’émancipation, sont confrontées à une situation sclérosée et archaïque de la donne sociale existante et entretenue par la communauté. Le verbe de ce débat indispensable pour requinquer la société soninké est parfois accusateur, voire irrévérencieux qu’éducateur.

Cette situation de statu quoi est entretenue par des apologistes de l’inégalité des hommes, qui s’invitent dans le débat en aliénant et plongeant l’espoir d’une évolution sociale saine dans une nation où l’égalité des citoyens, en droits et en devoirs, est pourtant consacrée par la Constitution de la Mauritanie et les conventions internationales qu’elle a signées ou ratifiées. Hélas, les apologistes ont conduit la communauté dans une honteuse impasse. On assiste à une confrontation de tout ordre dans l’obscurantisme le plus étrange…

Très chère communauté, on ne s’y est pas trompé quand on écrivait qu’en Mauritanie on n’est pas encore dans un Etat. Mais plutôt dans un peuplement où chacun peut se permettre de faire ce qu’il veut, où il le veut et même quand il le veut.

Le forum destiné à débattre de cette question ou tare sociale se transforme de jour en jour en un ring d’une bassesse mentale innommable entretenue plus par les féodaux et, même parfois, par les victimes qui tombent dans les pièges des apologistes aveuglés.

En face, l’image d’une communauté ; une communauté de spectateurs complices ne faisant pas beaucoup d’effort pour favoriser le dialogue pour l’apaisement, se contenant de murmurer dans les salons sans une action efficiente de nature à finir avec cette situation.

Ce qui dénote manifestement d’un manque certain de courage pour cette écriture de notre histoire ; l’histoire d’une société qui doit se former et se reformer mais non continuellement s’enfermer sur elle-même avec des risques de lendemains incertains.

Chère communauté. Accepter l’histoire, notre histoire, histoire d’esclavage, de ses séquelles est une phase cruciale et déterminante pour la vie et l’existence harmonieuse des Soninko.

C’est dans cet examen participatif de cette codification sociale que réside l’éclairage avec responsabilité et promptitude ; autrement, on s’invitera dans le chao et l’opposition sociale stérile. Dans cet imbroglio hautement honteux, le gagnant n’est peut être que le statu quo voulu et entretenu par un système féodalo-esclavagiste.

Chère communauté, l’érudit Ahmed Jiddou n’a-t-il pas soutenu dans sa fatwa sur l’esclavage qu’« Il est du devoir de nos savants, nos prédicateurs, réformateurs et sages du pays de toutes les classes et toutes les composantes de se lever et d’agir comme un seul homme pour éradiquer ce phénomène illégal et illégitime et tous ses effets et séquelles dévastateurs pour notre unité et notre cohésion, une unité que notre Prophète, paix soit sur lui, a considéré comme notre grand atout de foi ‘L’exemple des croyants dans leur amour mutuel, miséricorde et compassion, c’est comme le corps entier qui se plaint et se solidarise avec tout et chacun de ses organes qui peut souffrir ou avoir de la fièvre’ ».

Et le penseur en sociologie coranique et socio-économiste, Moktar Maghlah, d’ajouter, « Il faut reconnaitre que la société mauritanienne est esclavagiste. Et que l’Islam est venu pour bannir l’esclavage. Une religion réellement divine comme l’Islam ne peut pas permettre l’avilissement de l’homme.

Je pense que pour finir avec cette abomination, il faut le pardon (un pilier de l’Islam) de la part des esclaves en échange du regard, de l’attitude ou de la perception des autres. La classe considérée noble doit se rabaisser à la dimension humaine de la personne qui prône l’égalité entre les personnes»
.

C’est ce que Mokhtar, en paraphrasant Rousseau, considère comme un contrat social. Car, soutient-il, « Quel que soit le niveau de développement d’un pays, si la justice sociale n’est pas une pratique pour la gestion entre les hommes, tout est à refaire »…

On doit arrêter les invectives et toucher du doigt la réalité ; en discuter sagement pour en sortir dignement. Notre époque ne peut accepter l’assujettissement, ni le droit à une société d’évoluer entièrement à part, avec des codes primaires soutenant la gestion des rapports par la distribution des rôles selon les castes dans cette société. Les lois du pays et de notre monde doivent s’exprimer dans les rapports des hommes dans toute et n’importe quelle société.

Aussi, devons-nous nous approprier les sages paroles du savant Ahmed Jiddou Ould Ahmed Bahi, auteur de la fatwa, « Nous devons aussi nous tous – tout en luttant contre ce mal – éviter de commettre d’autres maux tels que le fait de semer la discorde entre les fils d'une nation et la division entre les frères de la même religion, ou rendre des personnes innocentes responsables des actes des autres. Allah Le Très Haut Dit (« Voilà une génération bel et bien révolue.

A elle, ce qu’elle a acquis, et à vous ce que vous avez acquis – Sourate la Vache »)»
… Très chère communauté, cette stratification sociale ou confinement par castes ne peut continuellement être entretenue de nos jours. La survie d’une communauté doit être en phase avec le contexte pour expliquer ses prétextes avec les textes qui respectent et magnifient l’existence pacifique des hommes qui la composent ; égalité et dignité pour tous. C’est le sens même de l’existence.

Respectueusement.

Camara Seydi Moussa



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Commentaires (8)

  • overview (H) 26/05/2018 18:55 X

    @lass77 ma réponse n'est pas pour l'auteur mais pour @Bambaradougou, quand vous comprendrez le sens de son pseudo et l'histoire de celui-ci venez discuter de façon honnête. dites seulement de quels pouvoirs dispose un Soninké Féodal ou négro mauritanien tout court en Mauritanie pour reléguer un autre au second plan. l'idée est simple nous voulons un état de droit avec l’égalité pour tous ne veut pas dire que nous pouvons décider de qui va vivre avec qui? la loi peut obliger les gens à se respecter mais pas à s'aimer.

  • lass77 (H) 26/05/2018 09:09 X

    @overview@ Cette façon de répondre à coté du débat est un probleme serieux. L’auteur de cet article dresse les maux des soninkés émanant d’une clique d’orgueilleux. Bien sur que personne ne travaille contre son gré pour quelqu’un gratuitement dans le milieu soninké de Mauritanie. Vous avez ajouté que le negro-mauritanien en particulier le soninké ne réussit qu’à l’étranger et qu’en est –il dans leur propre pays. Vous savez bien la pression des supposés féodaux contre la promotion des negro-mauritaniens soninké catalogués esclaves de par leurs patronymes, c’est un fait. Quant au mariage bien que ce n’est pas une priorité pour résoudre le problème , il peut mettre en place le début de ce qui ressemble à creuser l’abcès qui d’ailleurs est un sujet vaste pour toute la Mauritanie. Par exemple les mauritaniens ne vivraient pas en situation conflictuelle et permanente , de mefiance si le mariage existait entre tous, j’entends par là , la mixité entre mauritaniens : Maures Noirs et Blancs/ Negro-mauritaniens/ de tous les sexes malgré qu’il est proclamé de dire que les mauritaniens sont 100% musulmans dixit porte parole du Gouvernement Le Mariage dans le milieu soninké reflète de façon sous-jacente la pratique de l’esclavage, si un père est libre d’accorder la main de sa fille, je vous prie d’aller étudier les motifs des rejets des prétendants , ce qui est contraire à votre appel pour une fraternité en Mauritanie. Oui nos régions sont en manque de tout, l’idéal serait de se battre pour endiguer l’exclusion et l’oubli des nos régions qui ne connaissent aucun début de développement mais cela n’est possible que si les luttes et les ambitions sont uniformes , cela suppose la considération et le respect mutuels entre tous les citoyens du Guidimakha , du Gorgol etc… On ne peut rien construire dans l’animosité , dans la frustration , dans le rejet qui d’ailleurs sont des problèmes mauritanien . Tout le monde est d’accord qu’il faut une pédagogie et de sensibilisation car certains soninkés ne sont pas encore civilisés en se cramponnant à des détails mais il faut aussi que la justice fasse appliquer les lois mauritaniennes , rien que la loi car force revient à la loi.

  • overview (H) 26/05/2018 00:22 X

    @Bambaradougou si vous vous domicilier vous même dans un quartier exclusivement composé des membres d'une seule classe sociale alors que les autres quartiers sont habités par tout les couches sociales, on peut aisément dire que vous aimez l'exclusion et l'isolation. de ce choix d'avoir un quartier qui vous est propre, vous choisissez par conséquent vos propres cimentières et mosquées. l'esclavage est un label chez les négro-mauritaniens, ce n'est que d’étiquette car vous vivez comme bon vous semble, vous disposez des mêmes chances de réussite car chez les Soninkés la réussite ce joue à l’étranger et non sur le territoire national. aucun négro-mauritanien n'est contraint à travailler pour un autre gratuitement. quand au mariage, il appartient au père d'accorder la main de sa fille à qui il veut. évitons de nous tirer dans le pied, notre combat va plus loin que des simples histoires de mariage ou de cimetière, notre combat est celui de : - la vie et des vivants, - L'accès aux infrastructures (éducation,eau, l’électricité, santé) de base dont nous ne disposons même pas dans nos régions. - à l’état civil et à la citoyenneté à part entière - à l’égalité des chances pour tous les mauritaniens. voyez plus loin que le bout du nez, au lieu de perdre votre énergie dans des histoires d’étiquette que nous pouvons effacer par une solution nationale avec un front celui de l’égalité. Fraternellement.

  • zder (H) 25/05/2018 21:18 X

    Dans le monde moderne, l'ethnie soninké est considérée comme une secte, à cause de leurs coutumes singulières

  • lass77 (H) 25/05/2018 20:27 X

    Les soninkés ne changeront jamais face à, cette situation il faut appliquer les lois rien que les lois. Les pouvoirs judiciaires doivent mettre fin aux jugements de complaisance. Tout le monde sait que ces pratiques émanant des soi-disant, féodaux, sont anti islam.

  • hachmi (H) 25/05/2018 19:31 X

    @ Bambaradougou, attention aux accusations et affirmations gratuites qui disent long sur votre personnalité propre !!!

  • hachmi (H) 25/05/2018 19:28 X

    Vous avez en parti raté le coche h! Le titre de l'éditorial devrait être 'à ma communauté mauritanienne ' pour souligner un fait de société qui frappe et déstabilise le quotidien de tous les mauritaniens, et, exacerbé par l'avènement et la mauvaise utilisation des réseaux sociaux.

  • Bambaradougou (H) 25/05/2018 19:02 X

    Je crois que nos intellectuels soninkés qui sont en grande partie esclavagiste doivent prendre en compte dans leur vie quotidien, cette leçon de tolérance, de dépassement et de pardon lancer par monsieur Camara journaliste et soninké de souche, qui connait très bien sa société et ses stratifications, ses contradictions et autres phénomènes à dépasser, l’esclavage est interdit et doit être banni dans la vie des soninké que cela soit dans les cimetières, les mosquées, les baptêmes, les mariages et les fêtes, il faut arrêter de vous séparer parce que chez les soninkés l’esclavage est pire et plus dure que chez les beïdanes.