27-06-2018 11:54 - L'Editorial du Calame : Politique sécuritaire

L'Editorial du Calame : Politique sécuritaire

Le Calame - Dans quelques jours, le président français Emmanuel Macron foulera, pour la première fois, notre sol national.

Une « victoire », pour notre guide éclairé et notre diplomatie, si l’on en croit la presse officielle, toujours prompte à présenter le moindre événement, aussi banal soit-il, comme une réalisation grandiose. Après la Ligue arabe et le sommet de l’Union africaine que nous nous apprêtons à accueillir, voilà le chef de notre ancienne puissance coloniale qui nous fait l’honneur de « traverser », en route pour le Nigeria, notre pays.

Pas de quoi se vanter : nous sommes, encore une fois, le dernier de la liste. Macron s’est déjà rendu en Algérie, au Maroc, au Sénégal, au Mali, au Niger et au Tchad. Mais ne faisons pas la fine bouche. Ce n’est pas tous les jours qu’un président français nous fait l’honneur de passer quelques jours sous notre soleil caniculaire.

Le dernier en date, c’était Chirac en 1997. Ni Sarkozy (qui avait pourtant cautionné le coup d’État de 2008, dans un revirement spectaculaire), ni Hollande n’ont daigné rendre la politesse à notre rectificateur en chef qui, lui, n’a jamais raté une occasion de s’envoler pour la ville-lumière. Mais pourquoi tenons-nous tant à Macron et au spectacle que sont devenus les sommets africains? N’avons-nous d’autres soucis que de réunir des présidents pour un jour ou deux, quitte à dépenser des milliards, dans un contexte de récession, de misère et de sécheresse ? Les 16 milliards qu’a coûtés le nouveau Palais des congrès, en plus des autres qu’occasionnera le sommet, n’auraient-ils pas été plus utiles ailleurs ? Sauver un cheptel décimé par la sécheresse ?

Construire des hôpitaux, des écoles, des routes ou des barrages ? Est-ce une fin en soi d’organiser un sommet, quand on tire le diable par la queue ? A quoi sert-il de recevoir en grandes pompes, quand on est incapable d’assurer, à son peuple, le minimum vital ? Que diront les milliers de chômeurs, les pères de famille incapables de joindre les deux bouts, les employés des entreprises publiques dont les salaires sont en retard de plusieurs mois, les pauvres éleveurs auxquels l’État n’arrive pas à assurer un sac d’aliment de bétail, quand ils verront les milliards partir, en fumée, dans ce qui n’est, ni plus ni moins, que de la folie des grandeurs ? « L’ambition dont n’a pas les moyens est un crime », rappelait à raison Chateaubriand.

Macron en profitera-t-il pour mesurer les effets réels de la prétendue « réussite » sécuritaire dont se pomponne le régime ? S’il tancera, probablement, Ould Abdel Aziz, pour la lenteur de ses engagements dans la mise en place du G5, il serait bien inspiré de relever de plus criantes lacunes, pour le peuple mauritanien : prolifération des viols de mineurs et de femmes mariées, casses de magasins, vols à main armée, attaques à l'arme blanche, meurtres en tout genre, braquages de banque, etc. Et demander à visiter les écoles publiques vendues et ce qu'il est advenu de leurs terrains ; à l’instar de l'école de police ou du Stade olympique...

Mais, suis-je bête, monsieur Macron ne s’ingère pas dans les affaires internes d’un pays ami ; seulement des pays ennemis ou de ceux inconsidérément gérés, au mépris des nécessités de la Communauté internationale. Serait-ce que la sécurité des gens ne soit pas celle de ladite Communauté ? Celle du président français sera, en tout cas, prioritairement assurée. Évidemment. A grands coups de milliards, si nécessaire. La sécurité d’Ould Abdel Aziz en dépend.

Ahmed Ould Cheikh



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 5
Lus : 2169

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (5)

  • aminatat (H) 27/06/2018 16:56 X

    par ailleurs vous évoquez les dépenses engagés, en effet les sommets et les visites d'état sont intégrante de la politique internationale de tout pays. le président aziz est en train de développer et de moderniser les infrastructures dans tous les secteurs prioritaires machallah

  • aminatat (H) 27/06/2018 16:50 X

    M Ahmed ould cheikh, un journaliste dans la peau d'un opposant politique. d'où la question suivante :devons nous vous considérer comme un journaliste ou un opposant au régime du président aziz. en effet, le journalisme est regi par des règles deontologiques que mouhamed ould cheikh piétine. La visite du président français temoigne de son respect au président aziz et des bonnes relations entre la France et notre pays comme vous savez bien. notre président joue un rôle important dans la sécurisation de la zone sahélienne, la France et le monde entier la reconnu et les mauritaniens en sont fiers

  • bleil (H) 27/06/2018 15:21 X

    Ce ne sont pas les idiots qui vont mettre le pays au diapason de quoi que ce soit, si ce n’est celui de la chanson « I Will Survive de Gloria Gaynor » … Je ne suis pas impressionné par Oumtounsy et autres structures construites « à la va-vite » sans étude préalable et qui ne remplisse pas le vide de légitimité accumulé par des décennies de mauvaise gouvernance ! Les Nations modernes ont fait du chemin pour arriver à leur stade actuel de développement … Un idiot, même s’il est jeune, ne dirige que plus médiocres que lui vers une médiocrité certaine, parce qu’il ne voit pas plus loin que son nez ! la période des régimes militaires et leurs thuriféraires n’a que trop durée et la Mauritanie a besoin d’une nouvelle gouvernance, empreinte de rationalité et de choix judicieux des responsables politiques pour remplir les places vides …

  • ELVALLI (H) 27/06/2018 14:26 X

    L’UA sait mais il faut rafraichir la mémoire à Macron (Sarko était nul en Histoire d’Afrique) : Nous sommes un peuple qui descend, par chance, d’une civilisation pré-historiquement avancée (chalcolithique). Notre peuple s’enracine dans la civilisation négro-africaine antique qui a bâti les pyramides d’Egypte. Nous avons fondé l’Empire du Ghana et l’empire Almoravide. Mais la gloire est éphémère !

    Aussi, après notre retour d’Andalousie et de Poitier (un peu forcé) dans notre désert natal, les aïeuls de Macron nous ont-ils rendu la politesse en visitant notre cote atlantique par leurs commerçants d’abord et par leurs soldats belliqueux dans la foulée. Culturellement de tradition négro-africaine et arabo-berbère très tôt islamisées nous avons subis, de force, le colonialisme français avec l’affirmation que « nos ancêtres étaient les gaulois». Aussi, fallait-il lire et écrire en français.

    Après une indépendance imposée par la puissance coloniale qui s’est fait détruire par son voisin envahissant allemand. La France voulait pomper notre poisson, notre fer, notre cuivre et notre sang en faisant de nous un Etat sous remorque. Notre Indépendance fut contestée par une tentative d’engloutissement par le Maroc de notre pays.

    l’Afrique noire par un élan de solidarité et de générosité nous a permis d’exister comme une nation moderne en attendant, plus tard, la reconnaissance de tous nos frères du Maghreb et du Machregh arabes. C’est l’occasion d’exprimer la profonde gratitude de notre peuple aux pays d’Afrique noire qui nous ont aidés et défendus.

    Comme tout pays, post-indépendant, nous-nous cherchons. Quelle langue pour notre identité et pour notre religion ? Quelle langue pour notre progrès dans ce monde de technologie et de business? La France s’invite au débat par sa francophonie et son reflexe colonial. Elle inocule savamment son poison, par complexe de la domination de l’anglais, pour diviser, séparer, semer la haine et la discorde. Macron doit arrêter ce cirque ! Puissent nos frères africains bien vouloir forcer nos dictateurs militaires à passer la main à un pouvoir civil démocratiquement élu. Seule la transition sereine au pouvoir démocratique peut sauver l’Afrique.

    Macron, fils de la Révolution française, qui parle bien comme nos griots doit aider notre Société - toujours médiévale – pour avoir des hauts et non des bas en termes de libertés individuelles ou collectives comme celles des femmes, des castes défavorisées et/ou maintenues en esclavage ou vivant ses séquelles, celles laissées à la touche devant le partage des richesses par racisme primaire, car notre pays est pris en otage, depuis 1978, par une junte militaire qui nous garde comme le renard garde le poulailler, avec la complicité de la sacro-sainte alliance des militaires et des gros capitalistes français qui veulent en faire, présentement par exemple, une force supplétive pour réoccuper le Sahel sous étiquette «lutte contre le terrorisme».

    L’actuel dictateur militaire en costa-cravate qui reçoit pompeusement, comment en finir ? L’esclavage et autres tares sociales comme le racisme, le régionalisme, le trafic d’influence qu’il maintient, comment en finir ? La corruption, la gabegie, le détournement des deniers publics dont il profite, comment en finir ? L’ingérence dans nos affaires internes et la déstabilisation de nos pays par la France et l’impérialisme occidental, comment finir ? La fermeture des frontières de l’occident devant nos migrants dont les pays ont été réduits en cendre par l’interventionnisme militaire coupable de la France, de l’USA et autre Grande Bretagne et frères, comment en finir ?

    Nous recevons la conférence au sommet de l’UA et Macron dans une année de sécheresse et de famine que notre dictateur aggrave par les dépenses à cette occasion en construisant des palais de mille et une nuit qui seront sa propriété exclusive. Aziz veut servir trois maitres : Macron (pour l’aider à rester au palais présidentiel d’une manière ou d’une autre), l’UA (pour son prestige, la grenouille qui veut devenir un bœuf) et l’argent (par boulimie, il possède le pays déjà).

  • hachmi (H) 27/06/2018 13:06 X

    Pas du tout d'accord Ahmed ! Il faut au contraire saluer la témérité de Ould Abdel Aziz et son ambition à mettre ce pays au Diapason des Nations modernes. Ils faut que nous cessions cet esprit de misérabilisme qui nous plombe depuis des décennies, depuis le départ du père de la Nation Moctar Ould Daddah, sans l'ambition duquel point de Mauritanie ! Pour une fois que nous avons à travers ce jeune Général président, certes un peu brouillon, un peu autoritaire et on dit aussi commerçant dans l'âme comme 90 % des mauritanien, mais qui voit grand. Pourquoi pas le suivre ? La Mauritanie restera un pays aux conditions nutritionnelles et alimentaires précaires, pour cause c'est un pays désertique, ces conditions qui ont façonné l'homme mauritanien dans la sobriété et l'intelligence. Il faut bien qu'on récupère notre place de petit pays, mais grand par l'étendue de ses relations et sa position charnière. Pour une fois allons tous à l'aéroport moderne de OumTounsi et au palais des conférences Al Mourabitoune, accueillir nos hôtes, au lieu de parler de sécheresse. MachaAllah à l'instant même il pleut des cordes dans la Mauritanie agro pastorale, présage d'un bon hivernage qui nous fera oublier bientôt cette dure période de soudure.