19-09-2018 10:38 - L'Editorial du Calame: Un pas vers 2019

L'Editorial du Calame: Un pas vers 2019

Le Calame - La situation se répète à chaque élection. Invariablement. Le peuple est appelé à voter ; on lui fait miroiter l’espoir que sa volonté sera respectée ; la campagne électorale prend, chaque fois, des allures de fête foraine ; les portraits des candidats sont affichés partout ; les logos et les slogans foisonnent ; les media publics sont, une fois n’est pas coutume, ouverts à tous, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité ; tout a l’allure d’une démocratie réelle où un homme égal une voix…. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.

Car, entre l’une et les autres, il y a un chef d’orchestre. Plus précisément, le président en exercice de la République, auto-promu directeur effectif de campagne du parti au pouvoir. Il sillonne le pays, tient meeting sur meeting, reçoit, promet, menace, tempête et sort même, parfois, de ses gonds.

Les généraux sont mobilisés. Les hommes d’affaires et les banquiers obligés de débourser et de battre campagne. Un redressement fiscal plane sur leurs têtes, comme une épée de Damoclès. Leur préférence doit aller au parti du chef. Interdit de s’afficher ailleurs ou de donner la moindre ouguiya à un autre parti ! Les notables et autres gabegistes recyclés sont appelés à la rescousse, pour monter la « bonne » voie aux électeurs.

L’opposition est diabolisée, vouée aux gémonies et nul n’a le droit de lui manifester la moindre sympathie, s’il veut conserver ou prétendre à la moindre petite fonction dans un État mafieux qui classe ses ressortissants selon leur appartenance politique. L’armée, comme d’habitude, est appelée en renfort.

Des régiments entiers, encadrés par leurs chefs, votent un peu partout, souvent sans être inscrits sur les listes électorales. Ils feront pencher la balance en faveur des candidats du pouvoir. Les représentants de la Commission électorale, jugés peu dociles face aux injonctions des notabilités, sont mutés sans autre forme de procès.

Ajoutez, à ce sombre tableau, les pressions en tous genres exercées sur les électeurs, l’achat des consciences, le bourrage des urnes par des gens sans scrupules ; les votes multiples, le déplacement en masse des électeurs pour voter dans des zones où ils n’ont aucune attache et l’utilisation de l’argent sale.

Comment parler d’élections honnêtes et transparentes, dans ces conditions ? Comme toutes celles que le pays organise, depuis l’avènement de cette pseudo-démocratie octroyée par les militaires en 1991. Aucune n’a dérogé à la règle. Toutes étaient des simulacres de consultation électorale, des pièges à cons, des pièces de goût où le recyclage, parfois, même, l’acharnement thérapeutique, sont de règle.

Où même les apparences ne sont plus sauves. Où la forme n’est pas respectée. Où la commission chargée de les organiser n’a pas fait l’objet d’un consensus et dont les membres sont choisis sur des critères paternalistes. Où l’administration affiche un parti-pris flagrant.

Un système bâti de la sorte ne peut que générer fraude, dévoiement de la volonté des uns et des autres et profond sentiment d’injustice. Mais à quelque chose malheur est bon. Malgré tous les moyens mis en œuvre, l’omnipotent parti au pouvoir a tremblé. Ses plans sont tombés à l’eau.

Des citadelles, jusqu’ici imprenables, sont tombées. Des gros bonnets ont sué, jusqu’à la dernière minute. Un pas vient d’être franchi dans la déconstruction du système. Petit, diront les uns. Mais un pas tout de même, rétorqueront les autres. 2019 tranchera-t-il ?

Ahmed Ould Cheikh



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Commentaires (5)

  • synthetiseur (H) 19/09/2018 14:30 X

    A la décharge de l'opposition, il faut reconnaitre que le jeu était trop inegal avec une CENI approximative, peu fiable, une administration zélée et partiale, un président directeur de campagne pour l'UPR, des populations vulnérables et peu au fait des enjeux démocratiques mais ausi et surtout une opposition prise à la gorge ou participer ou disparaitre, sans moyens et peu proche des populations en dehors de Tewassoul qui a bénéficié du tremplin de l'islamo conservatisme très présent dans la conscience populaire des mauritaniens. Moins amers et plus stoiques seront les mauritaniens qui tireront comme principale leçon de ces élections que nos populations restent très vulnérables face au défi du conformisme, de l'ignorance du fait démocratique, du trabalisme, de la pauvreté, du déficit de conscience et de la tendance à la facilité. La fatalité et l'indifférence vis à vis des choses de ce monde gangrènent notre société à tel point que tout observateur se pose mult questions sur la malediction qui peut etre tombée sur nos pays. Mais les élites responsables de cet état de fait par leur démission ont confondu la lutte politique purement politicienne(prise du pouvoir) et la lutte pour l'émancipation des peuples qui est la seule capable de venir à bout de situations anachroniques telle que nous venons de vivre en Mauritanie. L'Education et l'Education populaire, négligées sciemment par les gouvernants seront le seul déclic qui pourra faire émerger des citoyens conscients, indépendants d'esprit, capables de discernement et donc de sanction ou d'approbation vis à vis de ceux qui aspirent à nous gouverner ou qui nous gouvernenet déjà. Les élites du pouvoir comme de l'opposition sont responsables de la gangrène de nos moeurs politiques. Aujourdhui cette gangrène est à l'avantage de l'actuel pouvoir; qui dit qu'elle ne le sera pas s'il ya alternance? Conclusion la Mauritanie a besoin aujourd'hui d'une troisième voie celle de la lutte pour repersonnaliser l'homme mauritanie, lui rendre sa dignité et sa place de principal acteur du fait politique loin de l'invasion des ploutocrates, des tribalistes, des ethnocentristes et des flagorneurs inconscients et imbéciles.

  • bleil (H) 19/09/2018 13:44 X

    Les élections se sont déroulés comme d'habitude ( à la Kobeni, bourrages des urnes et votes multiple) et la crise institutionnelle ira en s’aggravant … les mauritaniens recherchent une légitimité réelle du pouvoir, l’autorité perdue et nécessaire au respect des institutions, différente de celle qui fait actuellement marcher le pays plutôt comme une société de règne animale !

  • ELVALLI (H) 19/09/2018 11:48 X

    Malgré le vol en «catas», au secours de l’UPR, du Général déchu en personne qui a fait campagne dans toutes les régions implorant les chefs de tribus, malgré le zèle d’une administration aux ordres, malgré une CENI choisie pour coordonner la fraude, malgré tous les moyens financiers et logistiques dont dispose l’Etat et les aides des hommes d’affaires qu’on met à la disposition des directeurs de campagne du parti UPR, nous z’autres pauvres citoyens, sans moyens et dans la précipitation de l’appel aux urnes, nous les avons fait baver… Comme à chaque élection, nous-nous sommes amusés de la peine qu’ils se font pour mentir, promettre, frauder et de honte ne pouvoir pas fêter la victoire qu’ils nous ont toujours volée.

  • aminatat (H) 19/09/2018 11:47 X

    M ahmed ould cheikh a été fidèle à sa réputation, celle d'être un journaliste opposant et aigri. Ces échéances électorales se sont déroulées dans la transparence et les mauritaniens ont renouvelé leur confiance au président de la République et ce de manière massive. En effet, la lecture de ces élections est sans équivoque:Le président aziz est l'homme qu'il faut pour la mauritanie. C'est d'ailleurs pour cette raison que les banquiers et les hommes d'affaires ont soutenu le parti au pouvoir et ce de leur propre choix. Vous ne voulez pas le voir, mais le pas franchi est celui du peuple mauritanien.

  • Ksaleh (H) 19/09/2018 11:29 X

    "2019 tranchera-t-il ?" Certainement pas par l'état de décrépitude que vous venez d'écrire concernant la démocratie mauritanienne ! Les choses maintenant sont claires Ould Abdel Aziz va rempiler car "c'est la volonté des élus majoritaires de l'Assemblée Nationale". Les bonnes volontés aux aguets sur la Mauritanie doivent redoubler d'effort pour empêcher l'imparable d'arriver. Prions Allah SWAT pour les assister.