09-11-2018 20:16 - La question de l’esclavage et les erreurs récurrentes (Par le Magistrat Cheikh Sidi Mohamed ould Cheina)

La question de l’esclavage et les erreurs récurrentes (Par le Magistrat Cheikh Sidi Mohamed ould Cheina)

Cheikh Sidi Mohamed ould Cheina - Il y a plus d’un an, nous parlions sur cette page (ma page officielle Facebook) de la réalité des droits de l'homme en Mauritanie en abordant les richesses humaines du pays.

À cette époque, nous avons eu l’honneur de gérer un dossier de sécurité sensible. Tels que ceux du pays et de ses acteurs à différents niveaux. Bien que nous ayons clarifié son heure, à travers un article intitulé « Esclavage, des droits de l'homme et instrumentalisation » du traitement non objectif de ce dossier visant davantage à nuire au pays qu'à le servir et à servir le bien-être de ses citoyens dans la dignité, loin de la logique des gains, de l'arrogance et des divers calculs politiques, réducteurs, ici et là, ce qui est réprimé par la loi qui est l’expression suprême du peuple.

Nous sommes en droit de nous demander à nouveau, alors que nous présidons l'une de ces trois cours spéciales sur l'étendue du territoire national – dont la compétence englobe les deux cours d’Appel (de Nouakchott et du Brakna) – sur quelle base légale, la récente évaluation finale du dossier des droits de l'homme notamment en matière de lutte contre l'esclavage et ses séquelles a-t-elle été adoptée par l'actuel président américain et son administration ?

Pour que ce pays détermine « l'éligibilité de la Mauritanie » en vertu de laquelle elle bénéficierait du programme "AGOA" auquel certains pays sont associés. Sur quelle base les critères ont-ils été définis pour saper les efforts nationaux significatifs ? Le dossier a été évalué dans le pays d'origine par divers acteurs, dans le domaine des droits de l'homme et plus particulièrement celui de la lutte contre l'esclavage et ses séquelles. Lesquels ont été qualifiés d’efforts participatifs. L'État y a joué un rôle souverain.

En tant que partenaire et acteur gouvernemental, de même que les organisations et structures de la société civile ont joué leur rôle en leur qualité de partenaires. Les partenaires au développement ont également joué le leur dans la fourniture du soutien requis. Chacun y a contribué de part sa position dans la formulation de l'approche participative qui a conduit à la création de conditions propices à l'amélioration de la situation des droits de l'homme en général chez nous. Pourquoi alors affirmer aujourd'hui que ce qui a été fait ne suffit pas ?

En fait, la peine pour l’esclavage a été substantiellement rehaussée (crime contre l’humanité, imprescriptible), ce qui n’est pas le cas dans certaines grandes démocraties du monde, où l’esclavage moderne et la discrimination raciale continue de poser problème de façon récurrente devant les juridictions.

De même que des cours spécialisées dans la lutte contre l'esclavage ont été mises en place et la loi sur la lutte contre l'esclavage n° 031/2007 a été révisée par le biais de la loi contre l'esclavage n°048/2015. Le nouveau texte permet, sous certaines conditions procédurales, aux organisations de la société civile d’informer la police judiciaire (PJ) et le bureau du procureur de la République de l'existence d'un cas de violation de la loi. Cette loi accorde également à la ou aux victime(s) le principe de réparation pour réparer le préjudice consécutif au crime subi.

Que faut-il faire à la lumière de ce qui précède et à l’égard de la rareté de cas liés à l'esclavage sous ses différentes formes devant les tribunaux, alors qu’un mécanisme de plaintes est établi auquel serait exposé tout contrevenant à la loi : enquête, modalités de saisies, poursuites et jugement ?

Et ce qui a été réalisé en matière de lutte contre l’esclavage est-ce une réalisation dans un pays aux potentialités économiques limitées et où les niveaux de pauvreté, d’analphabétisme et de chômage sont élevés et bénéficient réellement de la récente décision américaine ? Celle-ci va-t-elle dans le sens de l’amélioration de la situation des droits de l'homme vers de meilleurs horizons? En vérité, c'est un vrai choc. Lorsqu'un pays attend une appréciation de ses divers efforts à différentes échelles : la justice, la majorité, l’opposition, les organisations de la société civile et les partenaires au développement.

Tout le monde est dans l’attente, de quelque chose de plus qu'un hommage. Honorer le pays pour ses énormes efforts, en dépit des conditions économiques et sociales difficiles. Ce qui nécessite de fournir l'appui nécessaire et non pas la sanction de tout un pays et encore sur la base de considérations erronées et aggraver la fracture sociale !

Par le Magistrat Cheikh Sidi Mohamed ould Cheina

Président de la Cour Spéciale Sud chargée de la Répression de l’esclavage





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Commentaires (4)

  • diambarardo (H) 10/11/2018 05:49 X

    Nul aussi bien sur la forme que sur le fond. Ce n'est ni le Gouvernement ni le peuple qui sont sanctionnés, mais vous autres magistrats incompétents incapables de rendre des verdict cohérents

  • diko (H) 10/11/2018 00:06 X

    Monsieur le "magistrat" Cheikh Sidi Mohamed ould Cheina , vous avez failli à vôtre probité. Voilà ce qui a poussé aux sanctions que vous contestez sur tous les toits en vain . Les cas d'esclavage ne sont pas rares, vous refusez d'introduire des dossiers liés à l'esclavage. Reconnaissez au moins qu'il y'a eu plus d'arrestations et répressions arbitraires de militants antiesclavagistes que sur les esclavagistes coupables de crimes odieux . Le peu de condamnations d' esclavagistes qui sortent dans vos tribunaux fantômes , les coupables criminels sont libérés au bout de quelques jours voire mois seulement pendant que le leader abolitionniste et député Biram Dah Abeid est arrêté, harcelé sur des futilités et croupit illégalement en prison . Pourquoi vous n'osez pas prendre fait et cause en faveur des abolitionnistes? Pourtant, Biram Dah Abeid devait être l'un de vos partenaires privilégié, pourquoi vous n'interpellez pas l'autorité publique et vos collègues "magistrats" sur son cas? Expliquez nous, comment dans un pays où l'on combat farouchement l'esclavage, on retrouve plus de militants abolitionnistes en prison que les bourreaux esclavagistes? Monsieur le "magistrat", ce ne sont pas des esclavagistes qui manquent en Mauritanie mais la volonté politique et judiciaire à les traquer et condamner. Un vrai magistrat démontre, par son intégrité, qu’il est digne de décider de l’exercice des droits essentiels des individus. Plus que tout autre, il est tenu à la probité et à la loyauté. Par sa connaissance, en permanence renouvelée, des textes et des principes applicables, et par son souci de ne jamais renoncer à la protection des libertés individuelles dont il est gardien, le magistrat affirme la prééminence du droit. La justice est rendue au nom du peuple non au bon vouloir du chef de l'état et son gouvernement . Le magistrat se doit de prêter attention à ceux qu’il juge, comme à ceux qui l’entourent, sans jamais attenter à la dignité de quiconque, en préservant l’image de l’institution judiciaire et en respectant le devoir de réserve. Diko Hanoune/Abolitionniste Mauritanien

  • Gambanakhou-escl (H) 09/11/2018 22:40 X

    Quel titre pour quel contenu, les deux ne vont pas ensemble, ce magistrat voudrait dire autre et beaucoup d’autres choses, cette incohérence de la justice mauritanienne écrite par un magistrat est une autre révélation de la situation catastrophique de la maison des justes. Du n’importe quoi, le ministre porte-parole du gouvernement dit qu’il n y’à pas d’esclavage en Mauritanie, que ceux qui parlent de l’esclavage cherchent de l’argent et des visas, que les informations obtenues par les américains par le biais des ONG Nationales et autres organismes, même ceux des Nations Unies étaient fausses et non fonder sur du sérieux. Brusquement un magistrat président d’une des trois cours spéciales qui englobe les deux cours d’appel (de Nouakchott et du Brakna) sort d’un sommeil profond pour donner raison aux américains et de reconnaitre que les tribunaux qui jugent les esclavagistes existent et qu’ils n’ont pas encore fait d’évaluation pour permettre une sanction, un encouragement ou une félicitation, parce que ces tribunaux n’ont jamais fonctionner correctement par manque de tout, parce que les lois votés avec les accessoires sont de la poudre aux yeux, c’est à dire écrire une volonté qui ne sera jamais appliquer, pourtant les esclavagistes ne manque pas du tout, ils cours les rues de Nouakchott et à l’intérieur du pays. Mais c’est normale monsieur le magistrat parce que les cours ne peuvent pas jugés les esclavagistes qui sont protèges par le système, parce que les tribunaux sont des coquilles vides sans matériel ni personnel compètent pour mener ce travail d’homme juste, c’est normale parce que les plaignants esclaves ne sont pas écouter et leur défenseur vont en prison à la première sortie, les esclaves n’ont pas les moyens de se faire entendre par les avocats qui sont à 95% esclavagistes. Votre sortie est inopportune et met mal à l’aise vos supérieurs qui se cachent derrière le faux et le déni, ils croient se tromper et tromper le monde qui regarde la Mauritanie d’un œil pas très catholique comme pays esclavagiste, il fallait éviter cette sortie hasardeuse et insensée, les magistrats c’est la justice rendu et bouche cousu sans partie prit, mais dès lors que ça parle, on devient pas coupable, mais injuste.

  • foutatoro (H) 09/11/2018 20:57 X

    Parce que ce qui a été fait est loin de suffir !