11-02-2019 08:29 - Attention aux ruades de la poubelle | Par Mohamed Hanefi

Attention aux ruades de la poubelle | Par Mohamed Hanefi

Mohamed Hanefi - Cent cinquante tonnes de viandes d’ânes, des quantités incontrôlables de médicaments falsifiés, du riz en caoutchouc dans les marmites, des produits périmés dans le commerce, une insécurité galopante, une détérioration continue des espoirs… On enterre le cheval !!!

Ce cheval, c’est l’histoire qui se répète… à travers les mandats les campagnes et les élections. Le cheval de l’un des fermiers tomba dans un puits profond. Un gouffre insondable, et asséché. Au début le cheval commença à pousser des hennissements à fendre l’âme. Il s’appliquait à mettre le plus de peine et de pitié dans cette communication en sens unique. Il cherchait à attirer une aide charitable. En vain.

Cette situation dura quelques heures, mais aucun secours, ni aucune compassion n’apparaissaient. Pendant ce calvaire déchirant du cheval, le fermier étudiait la situation. Il essayait de voir dans quelle mesure il pouvait régler le problème de l’animal, sans égratigner l’opinion internationale.

Sa réflexion ne dura que l’espace d’un calcul d’intérêt pour se convaincre lui-même que le cheval était devenu faible, impuissant et que s’en débarrasser, selon les droits de l’Animal et le principe de non-ingérence dans les affaires de sa ferme, était la meilleure solution.

Et puis le coût du secours de la bête était plus onéreux que l’achat d’une nouvelle monture. Il faut ajouter que le puits était à sec et le cheval ignorant de son sort. Donc rien à perdre.

Il décida alors en toute souveraineté sur le corps de SON animal et l’intégrité de sa décision, de « deleter » la pauvre bête. Il appela ses voisins et amis pour l’aider à combler le puits. Ainsi deux problèmes seront résolus d’un coup.

Conformément à l’article… de la charte de Nolnu.

Les pelles, les pioches, les râteaux se mirent en besogne. On rassemblait sable et déchets pour remplir la bouche béante du gouffre.

Dès le début le cheval compris le manège mortel et commença à pousser ce qu’il pouvait de cris de détresse et d’appels à l’aide. En vain.

Puis à la surprise générale, tout retomba dans le silence.

A part les morsures cadencées des fers dans le sol sec, on n’entendait plus rien.

C’est quand le fermier se pencha pour évaluer le reste à combler du trou gigantesque, qu’il fut surpris par le cheval, occupé à secouer le dos et à chaque pelletée, il se secouait et gagnait un degré vers la sortie.

Il sorti en fin, mais encore affolé par le choc, il se mit à distribuer de violentes ruades à l’assistance laborieuse, venue pour le condamner à mort.

Ainsi sont les peuples et ainsi est la vie. Les mauvais gouvernants s’appliquent à chevaucher leurs administrés et à les réduire au néant…jusqu’au moment où le néant décide d’envelopper tout le monde et que le bourreau et la victime s’incinèrent dans ses riens infinis.

Ces histoires de mandats, de dauphin du président, de l’opposition, des droits de l’homme, de partis, de tribus, de quotas sont autant de poudre dans les yeux rougis d’un peuple, qui se meurt depuis très longtemps, sans pouvoir se détacher de la vie, pour mettre fin à ses tourments ses douleurs et à ses peines.

Gouvernez comme vous voulez, autant que vous voulez, comment vous le voulez. Remplissez les poches et les ventres, enrichissez ceux qui vous sont chers. C’est tant mieux pour vous et pour les vôtres. Sahha !

Nous sommes fiers de voir que l’embonpoint de nos dirigeants suscite la jalousie chez leurs semblables dans le monde.

Même si ça gêne un peu.

Mais laissez quelque chose. Des « reliefs d’ortolan » pour ceux que vous avez enveloppés dans les toiles de votre volonté, sans leur volonté.

L’observateur qui suit ces problèmes nationaux, qui s’enveniment et se gangrènent, sans que la chose n’éveille une quelconque inquiétude, politique ou administrative, conclu sans peine que les priorités sont ailleurs que dans le règlement des soucis du peuple et de la sécurisation de son avenir. Il est clair que toutes les communautés ont leurs problèmes, leurs doléances et leurs plaintes.

Il crève les yeux aussi que ces griefs inter-sociaux, extraits de situations et d’injustices diverses, prennent des proportions variables et grandissantes, suivants des intérêts, des tactiques et des techniques, qui les éloignent peu à peu de la blessure et du dommage de l’origine, pour s’amplifier à des proportions qui s’enflent et se gonflent à la mesure de la négligence affichée par les autorité devant le danger de division et de conflit que recèle ces germes malicieux qui se faufilent furtivement parfois de manière plus violente dans cette société.

Cette société dont la seule erreur mortelle est d’assister à son sacrifice la bouche bée et les bras croisés. Les réactions devant la dernière photo de l’ancien président Maawiya, dévoilent l’état avancé d’une haine sordide et d’une antipathie qui a nidifié dans les os, rouillé les cœurs, mangé avant d’infester les langues.

Il ne s’agit ni de s’apitoyer sur le sort d’un vieux, de surcroit un ancien symbole de la nation mauritanienne, ni de condamner ceux qui ayant perdu un être cher dans ces massacres sataniques, ne contrôlent plus leurs insultes. Mais de faire face aux suites de cette tragédie qui a détruit ce que nous avions de plus sacré.

On est dans l’obligation de s’interroger sur la longue période, la longue distance, le long parcourt de ce problème au milieu de nos rangs, sans que jamais une action sérieuse ne soit entamée. Rien de consistant pour achever cette dissension qui de bourgeon est devenue baobab. Que ceux qui sont en tête se servent à loisir.

C’est tant mieux pour eux et pour les leurs. Mais qu’ils sachent que pour gouverner, il faut quelques sujets à gouverner. Celui qui veut trôner sur les ruines doit chercher un Hajjab contre les djinns.

L’injustice secoue les poubelles et soulève la poussière de colères et de vengeances.

Des générations entières, meurtries par l’exclusion, frappés par le fer chaud du désespoir, étranglées par l’impuissance devant les machines du favoritisme et du clientélisme institutionnalisé, scrutent le ciel, ne sachant quoi faire pour se sentir citoyens de leur pays.

Ces gens-là secoueront un jour la charge de sable sur leur dos pour émerger à la surface et se sera des ruades évitables au début… et qu’il est sage d’éviter.

Où ils mourront pour que les cieux, la terre et les montagnes témoignent pour l’éternité que l’avantage et la vertu de cette nation est de manger ses enfants, pour faire pousser ses bosses de cosmétiques et de fatras inutiles.

Que Ghazwani, ou Aziz, ou Maham, ou Thiam ou Biram tiennent la Mauritanie, ceci ne nous fait ni chaud ni froid. Nous sommes habitués à vivre sans couvertures.

Mais nous conclurons que nous avons un dirigeant honnête, le jour où au matin du jour de son investiture, un président s’attèle sur une table en couleur, à rendre sa dignité à celui qui l’avait perdu, indemnise celui qui a perdu ses biens, demande pardon publiquement à celui qui a été victime d’une agression quelconque de la part de la société, installe celui qui le mérite à la place qu’il mérite.

Celui-là sera le premier président de ce pays. A défaut d’être le père de l’indépendance, il sera le père de la paix, de la quiétude et d’un rassemblement national déminé des pièges qui jalonnent notre histoire : Le sauveur de la nation.

Tout le reste n’est que calcul et nudité exposé aux regards.

C’est l’enterrement criminel d’un peuple dispersé sur des surfaces immenses et qui meure sans savoir pour quel crime il est immolé.

Nous avons tout vu et nous connaissons qui est qui et qui cherche quoi.

Nous avons vu et nous avons su qui devant l’agonie de toute la nation, se préoccupe plutôt de la rente de ses affaires et le bien-être de sa personne.

Pourquoi parler d’un futur président, d’un président actuel ou d’un ancien président et oublier de faire mention du sort du destin et de l’histoire du peuple gisant au fond du trou sous les pieds de ces hommes, même s’ils sont « grands » ?

Les grands guides sont ceux qui édifient les grands peuples, non ceux qui poussent comme des champignons sur le dos de ceux qu’ils doivent développer à l’origine.

Quand, pour s’enrichir, le médecin travaille à affaiblir le patient sans connaissance, placé entre ses mains c’est le signe que ses serments sont la gueulante de Satan.

Il ne s’agit pas de critiquer un chef ou un gouvernant quelconque, mais de tirer la sonnette d’alarme sur le sort de populations qui ont dépassé les limites de l’endurance et les lignes rouges de tous les dangers.

Les élections, les louanges, les allégeances automatiques, ne sont l’affaire de populations que quand elles vont en tirer quelque importance ou quelque magnitude.

Sinon ce sera toujours l’astuce, peu noble et peu honnête de tourner ses parents, son pays, sa dignité, ses intérêts dans la farine, pour s’en faire les galettes de la honte.

Seules les hyènes acceptent cette genre de festin ou les proies sont dévorées vives.

Ne changez jamais de président, ni de favorisés si vous voulez, si vous pouvez… Mais changez de système. Il a fait trop mal et nous vous voulons plus grands et plus humains que cela.

Mohamed Hanefi. Koweït.



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Source : Mohamed Hanefi
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Commentaires (1)

  • mystere1 (F) 11/02/2019 16:23 X

    Un conte intéressant, faisant une allusion métaphorique de la situation du pays et de son dirigeant ! et moi j'ajouterais qu'attention, si le vent du désert souffle, sous ses belles dunes, le berger s'est dépêché vite fait de rassembler ses troupeaux avant que la tempête du vent, ne les perturbe et affole, et qu'au final qu'ils ne s'égarent et même être dévoré ! un article pertinent de Hanéfi.