14-02-2019 19:30 - Groupe de Travail de l’IMROP 2019: avoir dans la mire les enjeux à venir
Sidi El Moctar Taleb Hamme - L’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches (IMROP), organise, depuis hier et pendant 4jours, la neuvième édition de son Groupe de Travail sous le thème ‘’Aménagement des ressources halieutiques et gestion de la biodiversité au service du développement durable’’.
Il s’agit d’une excellente tradition qu’il a héritée de son ancêtre le Centre National de Recherches Océanographiques et des Pêches (CNROP) et consistant à procéder, tous les 4 ans, à actualiser l’évaluation des stocks exploités et à analyser les évolution enregistrées en matières notamment de connaissances sur les espèces et groupes d’espèces de la ZEEM, d’environnement et de contributions socio-économiques du secteur à l’économe nationale.
A cette grande manifestation scientifique, participent des gestionnaires de l’Administration, des professionnels du secteur, plusieurs experts nationaux et étrangers et enfin, un large public intéressé, notamment par les questions liées à la pêche et le monde de la mer de façon générale.
Les initiateurs de ce groupe de travail avec ce rythme quadriennal, cherchaient certainement à permettre l’utilisation, chaque fois, des résultats obtenus d’abord, dans l’élaboration du plan quinquennal de recherche de l’institution et ensuite, dans la conception de la une stratégie sectorielle pour (5) ans.
La durée des accords de pêches avec des tiers devraient alors se décaler d’un an par rapport à la date de mise en en œuvre de la stratégie pour ne durer que trois (3) ans. Ainsi, ces accords interviendraient deux ans après l’actualisation des données relatifs aux stocks et à leur environnement par le GT de l’IMROP et un an après l’élaboration de la politique des pêches.
A propos, ce Groupe de Travail qui tombe à point nommé devrait avoir dans la mire les enjeux à venir dont principalement (i) le remplacement de l’actuelle stratégie sectorielle 2015-2019, (ii) le renouvellement de l’accord de pêche RIM-UE, (iii) le sort des relations de notre pays avec la Commission Sous-Régionale des Pêches et enfin, (iv) la redynamisation de l’IMROP.
Remplacement de l’actuelle stratégie sectorielle 2015-2019 :
D’aucuns n’ignorent que conformément à la programmation initiale, le Groupe de Travail de l’IMROP a toujours été organisé au mois de décembre de sa quatrième année. Le respect d’un tel calendrier aurait permis, cette année, de finaliser une bonne synthèse des résultats des travaux du groupe et de fournir à la tutelle un ensemble de recommandations devant l’aider tant pour l’évaluation de sa stratégie échue que pour bâtir celle devant la remplacer pour les prochaines années.
En ce qui concerne l’opération d’évaluation, ces résultats sont surtout attendus sur l’impact de l’application du système de quotas sur la ressource: des recettes qui cachent des dépassements difficiles à rattraper, un mode d’allocation de la ressource controversé, une segmentation des zones de pêche difficile à contrôler et qui favorise la fraude, autorisation des usines de farine et huile de poisson sur la base de cahiers de charges peu contraignants, approvisionnement de ces usine par des types de navires qui, volontairement, n’emmènent que du poisson non propre à la consommation, l’affrètement de navire coque-nue, etc.
Pour beaucoup d’observateurs, l’affrètement de navires coque-nue n’est autre chose que l’ancienne formule ‘’affrètement-acquisition’’ ayant permis à des étrangers d’accéder, en contrepartie d’un montant forfaitaire payé à l’intermédiaire mauritanien, aux composantes des ressources réservées uniquement aux nationaux.
D’autre part, les résultats de ce groupe de Travail devront aider l’évaluateur de la stratégie sectorielle à se prononcer par rapport aux conditions devant préalablement exister dans tout pays avant qu’il rêve appliquer un système de quotas individuels transférables ou non.
Renouvellement de l’accord de pêche RIM-UE :
Il n’est secret pour personne que l’actuel protocole d’accord liant notre pays à l’Union européenne prendra fin au mois de juillet prochain.
Alors, l’actualisation de l’évaluation des espèces et groupe d’espèces alloués en 2012 à l’UE et la détermination des TACs correspondants aux composantes de la ressource concernées, permettront à nos négociateurs de disposer des possibilités de pêche réelles à ventre à nos partenaires.
Que le système de QIT reste maintenu ou qu’on y renonce en faveur de la gestion des pêcheries par ‘’l’effort nominal’’, de telles données demeurent indispensables.
Rapport Mauritanie-Commission Sous-Régionale des Pêches :
Il est attendu du présent GT de l’IMROP qu’il détermine le potentiel des ressources pélagiques de la zone mauritanienne et qu’il montre l’importance d’un tel par rapport à la part de ce genre d’espèces revenant à chacun des pays membres de la Commission-Sous Régionale des Pêches (CSRP), pris individuellement.
Il est également attendu de ce groupe de confirmer la tendance des petits pélagiques à séjourner plus longtemps dans les eaux mauritanienne dans le cadre d’un mouvement migratoire appelé déjà à s’accentuer du sud vers le nord sous l’influence des changement climatiques.
Dans ces conditions et vu la situation créée depuis 2012 par sa candidature au poste de Secrétaire Permanent de la CSRP, la Mauritanie pourrait ne plus être prête aux sacrifices économiques qu’elle a jusqu’ici consentis en faveur d’un idéal purement politique (création d’une organisation de coopération à l’échelle sous-régionale sur la voie d’une intégration de l’Afrique toute entière).
Autrement dit, la Mauritanie devra désormais défendre sa souveraineté sur ses eaux tout acceptant tout compromis sur la base du statu quo et ce pour les mêmes soucis ayant prévalu lorsqu’a créé l’organisation. Faute de ce genre de solution, le retrait évitera de faire durer à l’infini une bataille des concepts au sujet des types de statuts possibles et imaginaires.
Redynamisation de l’IMROP :
Même si les travaux du GT n’ont rien avoir avec la redynamisation de l’IMROP, tout mauritanien, soucieux de voir cet unique outil de recherche dans le domaine de la pêche accroitre ses performances et maintenir la renommée acquise au niveau national et sous-régional, ne peut que saisir cette opportunité et informer les décideurs sur certains aspect de la situation combien difficile que vit depuis des années cette institution.
A mon humble avis, ceci ne pourra se réaliser dans les conditions actuelles où le nombre pléthorique des personnels alourdit la tâche à l’administration et rend l’encadrement très difficile, voire impossible. Aussi, ces personnels absorbent la majorité du budget et empêchent l’amélioration des conditions de vie et de travail des quelques soldats inconnus qui assurent, par d’énormes sacrifices, la survie de l’institution.
En somme, il est urgent de procéder à un audit à l’issue duquel se dégageraient certainement des orientation et, en conséquence, les mesures à prendre pour réaliser ce objectif de redynamisation que partagent, sans nul doute, tout celui qui connait l’IMROP et conscient de son importance pour le pays (http://www.cridem.org/C_Info.php?article=654454).
Par ailleurs, j’espère que la recherche de l’or, la recherche de candidat par l’opposition et la recherche d’un discours mobilisateur par la majorité présidentielle n’empêchent pas les décideurs de chercher des solutions aux problèmes de la recherche scientifique nationale.
Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme
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