14-03-2019 20:16 - L'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh condamnée à 38 ans de prison et 148 coups de fouet

L'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh condamnée à 38 ans de prison et 148 coups de fouet

Ouest-France - Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne et militante pour les Droits de l’homme, déjà en prison pour cinq ans a vu sa peine s'allonger à 38 ans, pour sept chefs d’accusation différents.

De ces 33 ans supplémentaires, elle est assurée d’en passer au moins dix derrière les barreaux, pour « incitation à la débauche ». Elle a aussi été condamnée par la justice iranienne à subir 148 coups de fouet.

L’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, militante des Droits de l’homme dans son pays, a été condamnée à 38 ans de prison et 148 coups de fouet, a annoncé son mari, l’acteur Reza Khandan, lundi sur sa page Facebook.

« Elle a été condamnée à 38 années de prison et 148 coups de fouet. Cinq ans pour la première affaire et 33 ans et 148 coups de fouets pour la deuxième », explique Reza Khandan à l’AFP sans plus de précision.

Des confusions quant à la condamnation exacte

On ne sait pas exactement s’il entend par « première affaire » le dossier qui a valu à son épouse de retourner en prison en juin 2018 ni si la condamnation à sept ans de prison rapportée par l’agence de presse semi-officielle ISNA entre dans le cadre de la « deuxième » affaire. Il a cependant précisé que son épouse était poursuivie pour sept chefs d’accusation et qu’elle a été condamnée à 33 années de prison.

Selon Reza Khandan, « seule la peine [d’emprisonnement] la plus longue s’applique », en l’occurrence celle pour « incitation à la débauche » qui lui promet dix ans de prison. À cela s’ajoute selon lui une condamnation à 148 coups de fouet liée notamment au fait que Nasrin Sotoudeh s’était présentée au tribunal par le passé sans le voile islamique obligatoire pour les femmes dans l’espace public.

Une condamnation qui dure depuis des années

En décembre dernier, cité par l’agence officielle de presse IRNA, son avocat, Payam Derafshan, avait déclaré que Nasrin Sotoudeh était poursuivie pour divulgation d’informations dirigées contre l’État, insulte au Guide suprême de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, et espionnage. Ce lundi, un de ces avocats Mahmoud Behzadi-Rad, a déclaré à l’IRNA que la cour « a tenu une audience pour ce procès à laquelle ma cliente n’était pas présente et nous avons finalement compris que la cour l’avait condamnée par contumace », sans préciser la date de cette audience.

L’avocate, qui est en détention depuis juin dernier, avait déjà été condamnée en 2010 à une peine de six ans de prison pour propagande et atteinte à la sûreté de l’État.

Nasrin Sotoudeh, fervente militante des droits humains

Récompensée en 2012 du Prix Sakharov décerné par le Parlement européen, Nasrin Sotoudeh a passé trois ans en prison (2010-2013) après avoir défendu des opposants arrêtés lors de manifestations en 2009.

L’an dernier, Nasrin Sotoudeh a défendu plusieurs femmes du mouvement de la rue Enghlab, qui se sont montrées en public sans foulard, malgré l’obligation en vigueur depuis la révolution islamique de 1979, selon le Centre pour les droits de l’homme en Iran, dont le siège se trouve à New York.

« Nasrin Sotoudeh a été condamnée à cinq ans de prison pour conspiration contre le système et à deux ans pour avoir insulté le guide » suprême Ali Khamenei, a déclaré le juge Mohammad Moghiseh, à la tête de la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, cité par l’agence de presse Isna.

Des réactions internationales indignées

L’Union européenne a dénoncé mardi la condamnation de Nasrin Sotoudeh à « au moins sept ans de prison » et demandé un « réexamen immédiat » de la sentence.

Cette condamnation est une « évolution inquiétante », a jugé la porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini dans un communiqué. « L’UE attend un réexamen immédiat de sa condamnation ainsi que de celle de son mari, Reza Khandan, qui a été condamné à six ans de prison en janvier 2019 », a insisté la porte-parole.

« L’Union européenne attend également de l’Iran qu’il veille à ce que le droit de Reza Khandan et de Nasrin Sotoudeh de faire appel de leur condamnation soit protégé », a-t-elle ajouté. « Le droit de manifester pacifiquement, ainsi que le droit d’exprimer son opinion de manière non violente, sont les pierres angulaires du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Iran fait partie » a-t-elle rajouté.

Les États-Unis, qui ont fait de l’Iran leur principale bête noire au Moyen-Orient, ont condamné « avec la plus grande fermeté » cette décision de justice « qui va au-delà de la barbarie ».

Les associations de défense des Droits de l’homme inquiètes

Le rapporteur spécial sur la situation des droits humains en Iran, Javaid Rehman, a fait état mardi d’une « inquiétude grandissante » sur le fait que « l’espace civil pour les avocats et défenseurs des droits humains est en train d’être réduit. J’appelle le gouvernement à relâcher immédiatement tous les avocats emprisonnés pour avoir exercé leur métier de façon pacifique ».

L’ONG Amnesty International a qualifié « d’injustice scandaleuse » la nouvelle condamnation de Nasrin Sotoudeh, que les autorités iraniennes « punissent pour son action en faveur des droits humains. Nasrin Sotoudeh doit être libérée immédiatement et sans condition ».

En France, une ovation à l’Assemblée Nationale

Les députés français ont salué l’avocate par une ovation à l’Assemblée Nationale. Le député LREM François Cormier-Bouligeon a lancé lors des questions au gouvernement « un cri de colère » dénonçant sa condamnation au terme d’un procès « injuste ». Des députés de tout bord se sont alors levés pour applaudir la militante.

François Cormier-Bouligeon s’est adressé en anglais à l’avocate depuis l’hémicycle, lançant : « The french national Assembly supports you » (« L’Assemblée nationale française vous soutient »).

Le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, a ensuite assuré au député que le gouvernement partageait son « émotion » et son « indignation ». Il a souligné notamment que le président Emmanuel Macron avait « publiquement appelé vendredi » à sa libération lors de la remise du premier « Prix Simone-Veil ». Une pétition pour exiger sa libération a été lancée.





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Source : Ouest-France
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