15-03-2019 11:11 - CPB : le ministère du développement rural va-t-il tuer le GIE DYNN après avoir encouragé sa naissance ?

CPB : le ministère du développement rural va-t-il tuer le GIE DYNN après avoir encouragé sa naissance ?

Mauriweb - Après réception de l’extension du Casier pilote de Boghé (CPB), au bord du fleuve Sénégal, dans le sud de la Mauritanie, avec 2000 hectares, 18 coopératives agricoles, avec l’accompagnement du ministère mauritanien du développement rural, ont monté un GIE pour une exploitation collective.

Le GIE "Dental, Yakarré, Ndema et Ngaynaagou, DYNN" a entamé l’exploitation de 500 des 2000 hectares de l’extension. Surprise : le ministère du développement rural, après avoir encouragé la naissance de ce GIE, a demandé l’identification individuelle des propriétaires de parcelles pour le lancement d’une campagne de contresaison.

Une mesure qui pourrait mettre fin à l’expérience du GIE. Ses Responsables, « intrigués » par la décision du ministère, ont tenu, samedi dernier, à Boghé, une conférence pour informer l’opinion.

Le Casier pilote de Boghé (750 hectares) a été réhabilité avec l’appui de l’OMVS. Cette réhabilitation a coïncidé avec l’extension de ce périmètre essentiellement rizicole. Une extension de 2000 hectare qui s’ajoutent aux 750 hectares du CPB ancien.

Le comité de pilotage qui avait accompagné les deux sociétés chargées de l’aménagement avec la direction régionale de la SONADER (société nationale pour le développement rural), ont jugé utile, en concertation avec 18 coopératives, de changer le mode d’exploitation pour plus d’efficacité et de rentabilité. « Le CPB ancien fait 750 hectares avec 1670 bénéficiaires. L’extension de 2000 hectare, compte 4000 bénéficiaires. Nous avons estimé, après l’extension, que la gestion individuelle par parcelles de l’ancien CPB, ne peut être rentable compte tenu, par exemple du cout de l’énergie pouvant dépasser facilement le compte d’exploitation » déclare Ndiaye Daouda, vice-président chargé de la communication de DYNN, qui ajoute que « c’est pourquoi, les coopératives ont décidé de créer un GIE. »

C’est ainsi que le GIE DYNN (dental, Yakaaré, N’dema et Ngaynaakou) est né après une assemblée générale et a été reconnu par les autorités mauritaniennes.

Après lancement d’un appel d’offre, le GIE DYNN a trouvé comme partenaire INMA AGRO avec lequel il a signé un contrat. « Tout ce processus a été fait avec un représentant du ministère du développement rural » note Ndiaye Daouda.

Surprise…

Fort de cet accompagnement des autorités dans la mise en place du GIE et de sa reconnaissance, ses responsables décident d’entamer une exploitation collective de 500 hectares en contre saison. Les travaux du sol, pour l’exploitation de ces 500 hectares ont commencé en février dernier. Ils ont été suivis de la mise en eau. Faute de suffisamment de semences, DYNN a adressé au ministère mauritanien du commerce une demande de dérogation pour importation de semences certifiées, avec accord du ministère du développement rural. La dérogation a été accordée.

Aujourd’hui, les ¾ des 500 hectares sont labourés. Il y a eu la mise en eau et certaines parcelles sont déjà semées.

A notre grande surprise, dit Monsieur Ndiaye, « le 22 février, le Hakem de Boghe nous informe (les responsable du GIE) que le Wali a signé un communiqué sur la base d’une lettre du ministère du développement rural nous informant qu’une équipe technique est sur le terrain pour identifier les parcelles individuellement afin de les remettre à leurs propriétaire pour le lancement d’une campagne de contre saison.» Cette situation, ajoute-t-il « nous intrigue, elle nous intrigue d’autant plus que nous avons mis en place le GIE, nous avons entamé l’exploitation avec l’accompagnement de l’Administration et, c’est cette administration qui vient pour identifier individuellement les bénéficiaire de parcelles pour le lancement d’une campagne de contre saison.»

Pertinence du choix du GIE

Pour la pertinence du choix du GIE comme modèle d’exploitation de l’extension du CPB, Al Housseynou Sy, un des responsables de DYNN, rappelle qu’en 2018, à la suite d’un atelier à Nouakchott, des experts en sont arrivés à la conclusion que cette superficie, pour être rentable, « doit adopter une autre méthode de gestion, d’où le choix du GIE. » Un choix qui s’explique par « le déficit de main d’œuvre local, l’importance des financement à mobiliser, la nécessité d’une mécanisation… » « La solution idoine pour exploiter de manière rentable cette extension qui a couté environ 08 milliards d’ouguiyas anciens, c’est le GIE » ajoute Monsieur Sy.

Aliou Lam, Directeur de DYNN, toujours pour justifier le choix du GIE, ajoute que « l’expérience a montré les limites de l’exploitation individuelle par lopin de terre. » Pour lui, les réticences sont dues au fait que « beaucoup d’exploitants entretiennent des rapports affectifs avec leurs parcelles même si ils n’y gagnent rien. » Il est temps, dit-il, «de passer à autre chose car les nouvelles générations ne continueront pas à s’attacher à des terres qui ne leur apportent rien. » L’extension du CPB est, de l’avis de Monsieur Lam, une chance pour la sécurité alimentaire « à condition d’adopter de nouvelle méthodes d’exploitation et de gestion collective. »

800 parcelles des 2000 hectares de l’extension ont été attribuées aux populations de Boghé qui n’étaient pas traditionnellement propriétaires de terres du walo.

Perspectives

En plus de l’exploitation rizicole, le GIE DYNN à d’autres perspectives note Al Housseynou Sy. Il s’agit, entre autres, "de la création d’unités de transformation, de rizi-pisciculture, d’une ceinture verte et de création d’emplois".

Le Quotidien de Nouakchott



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