19-03-2019 13:12 - Mauritanie. Présidentielle: le feu couve au sein de l'UFP

Mauritanie. Présidentielle: le feu couve au sein de l'UFP

Le360 Afrique - L’Union des Forces de Progrès (UFP), un parti de la gauche historique de Mauritanie, issu du Mouvement National Démocratique (MND) des années 60 et 70, va vers une élection présidentielle 2019 de tous les dangers, avec des risques réelles d’implosion imputables à des dissensions internes, liées à la question de la candidature de son président Mohamed Ould Maouloud.

Officiellement, le formation a pris acte «de l’échec des concertations visant à choisir un candidat unique au sein de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD), une option que l’UFP a défendu de toutes ses forces et en faveur de laquelle son président (Mohamed Ould Maouloud) n’a ménagé aucun effort».

Parallèlement à l'échec de la stratégie du candidat unique, le Comité permanent (CP) note «qu’aucune des candidatures annoncées ne portent l’étendard du changement auquel aspire le parti qu’appellent de tous leurs vœux de larges franges des forces de l’opposition en Mauritanie».

En conséquence, l’UFP «doit assumer sa responsabilité historique et morale vis-à-vis du peuple mauritanien en général et des masses démunies en particulier, à l’occasion de l’élection présidentielle de juin 2019, en présentant son président, le Dr Mohamed Ould Maouloud», plusieurs fois candidat malheureux à une élection présidentielle, «en dépit de tous les obstacles et défis».

Cependant, cette candidature n'a pas l’adhésion d’une partie des responsables de la formation. Un groupe dont le chef de file serait Mustapha Ould Bedredine, une figure historique du Mouvement nationale démocratique (Mnd) s'oppose en effet à cette candidatrure.

Autre illustration, cette réaction sans concession de Kadiata Malick Diallo, députée de la formation et figure empblématique du parti, qui désapprouve «une candidature suicidaire».

Dans une démarche visant à faire ressortir une image renvoyant au syndrome de l’échec, cette députée rappelle que le président Mohamed Ould Maouloud «a dirigé le MND depuis sa recomposition en 1976. Il est à la tête de l’Union des Forces de Progrès (UFP) depuis sa création en 1998. Un parti au sein duquel deux camps s’affrontent de manière irréductible et à peine voilée, dont les résultats aux dernières élections législatives, régionales et locales ont été modestes».

Mohamed Ould Maouloud dirige également le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU), un collectif de l’opposition englobant également des organisations de la société civile, des centrales syndicales et personnalités indépendantes ainsi que l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD), et ce, depuis à présent six mois.

«Au lieu d’essayer de sauver le minimum qui aurait pu l’être de cette coalition, en vue de constituer un pôle solide, il veut se jeter dans la course au nom de son seul parti. J’espère me tromper, mais je vois là une candidature suicidaire», a ajouté la députée.

Répondant à Kadiata Malick Diallo, le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président du parti, a tenu à rappeler que la formation «a défendu jusqu’au dernier moment, une candidature d’opposition externe aux partis. Puis elle a proposé au premier parti de l’opposition (Rassemblement pour la Réforme et le Développement (RNRD/TAWASSOUL -mouvance islamiste), de présenter un candidat.

L'offre a été déclinée par cette formation qui a avancé le nom d’un candidat hors de l’opposition démocratique, en la personne de Sidi Mohamed Ould Boubacar, qui fût le Premier ministre de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, et qui ne s’est jamais prononcé au sujet des questions qui préoccupent l’opposition.

Toutefois, souligne le professeur Lô Gourmo Abdoul, en sa qualité de vice-président de l'UFP, souligne qu'un «constat d’échec est tiré par tous les partis de l’opposition et aucun n’a incriminé le président du FNDU (Maouloud) et de la coalition (AEOD). Et pour cause, il n’a jamais présenté sa candidature».

Partant, Lô Gourmo se demande s'il ne faudrait pas s’aligner derrière Tawassoul et donc soutenir la candidature de Sidi Mohamed ould Boubacar? Aurait-il fallu suivre le Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADIL/ parti de l’ex président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi) et soutenir Ghazouani? Certains, au sein du parti, ont défendu cette position.

Cependant, a conclu le vice-président, «ni l’une, ni l’autre n’ont été retenues par l’UFP qui a décidé "d’aller au suicide" la tête haute. Pour le reste, on verra ce qui décidera le Bureau Exécutif (BE), instance suprême en la matière».

Les divergences entre la mouvance de l’UFP favorable à Mohamed Ould Maouloud et l’aile proche de Mustapha Ould Bedredine, existent depuis plusieurs années, mais elles n’ont jamais atteint le niveau actuel, de l’avis de nombreux analystes de la vie politique mauritanienne.

Une chose est sûre, ces divergences au sein de l'opposition ne font que rapprocher de jour en jour Ghazouani du palais présidentielle.

Par notre correspondant à Nouakchott Cheikh Sidya



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 5
Lus : 2474

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (5)

  • habouss (H) 19/03/2019 17:50 X

    L'UFP a-t-elle le choix de prendre le risque de se disloquer avec cette candidature ? Avec toute la majorité des partis d’opposition évaporée avec la loi du 1% aux législatives, les opportunistes qui animent Tawassoul et tous les autres, voici l'UFP complètement esseulé. Mais dans toute situation il faut refuser de perdre son honneur même si il est certain qu'on se cassera la figure.

  • colombus (H) 19/03/2019 14:33 X

    Quand on milite pour une cause juste il faut savoir faire preuve de dextérité et de subtilité dans les choix de stratégie. L'UFP n'est pas plus divisée qu'un autre parti et l'essentiel est qu'elle offre un cadre autour duquel le changement tant souhaité est possible. Toute autre chose à l'heure qu'il fait, n'est que diversion et contre productive pour l'opposition démocratique.

  • cccom (H) 19/03/2019 14:20 X

    Ces divergences au sein de l'opposition ne militent elles pas pour la réforme de l'Enseignement par le systéme Cerveaux Oasis créateur de bacheliers trilingue à l'âge de 12 ans et ingénieurs à l'âge de 18 ans proposé à la Réunion du Conseil Régional de l'Adrar du 21 Mars 2019 et de 50 milliards UM/an à l'Union des Conseils Régionaux créatrice de 100.000 emplois productifs aux jeunes suggéré ce jour dans mon message apolitique unificateur commentaire sur http://cridem.org/C_Info.php?article=721379&fbclid=IwAR0Hjp6twlRXHwmrk9lVaKyyWv8wdDOPfAC6yvxs45To0JWKIZaQVLanhNQ cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr .

  • insoumis (H) 19/03/2019 14:13 X

    Cette opposition est vraiment malheureuse, si cela se confirme, nous assisteront des résultats finaux ridiculisants pour la parti de l’opposition. Vous êtes vraiment nuls, aucune stratégie politique après plusieurs années de carrières politiques.

  • ELVALLI (H) 19/03/2019 13:39 X

    Arrêtons donc ce slogan à quat’sous qui veut que seul un général peut sécuriser le Pays.

    La situation générale du Sahel où nous avons vu l’assassinat de Kadhafi pour la mise à sac de la Libye, la menace de l’occupation de Bamako par les «jihaddistes» armés par les services secrets occidentaux à cet effet, les attaques contre notre pays, contre le Burkina, le Niger, partout en Afrique mais aussi, hélas, l’actuelle révolte populaire contre le 5em mandat de Boutefligha qui secoue l’Algérie fait que le candidat à la présente élection présidentielle en Mauritanie ruinée doit être un homme d’Etat et non un général.

    L’homme d’Etat anticipe sur les événements, il veut éviter ou finir les crépitements des armes, le général collecte les médailles en laissant le soldat au combat dans une guerre qu’il a créée.

    Le général se fait glorifier suite à la guerre, l’homme d’Etat est vite vidé après la guerre. Il nous faut un Homme politique éclairé, une armée Républicaine et un Peuple uni et soudé devant les épreuves déstabilisatrices qui s’annoncent comme l’orage. Notre Peuple doit élire un homme civil posé qui respecte les soldats (le général les méprise) un homme nouveau, pas un homme du système pourri des putschistes qui a écrasé la population civile mais aussi l’Armée qu’il a transformée en milice personnelle.

    Il nous faut, maintenant, un homme qui sait faire preuve de maximum de réflexion, de débats, de concertation, de prudence, de méthode, de soin, d’efforts et d’application pour nous faire éviter des secousses sécuritaires internes ou externes. Aussi, Mohamed Ould Maouloud, en acceptant de se présenter, nous donnera- t-il l’occasion de lui témoigner notre reconnaissance et à l’Opposition une opportunité d’atteindre son but qu’est l’accession au pouvoir par les urnes. Il peut compter sur les jeunes de ce pays (ses étudiants et les autres qui sont tous ses fils) qui l’aideront efficacement.

    Il peut compter sur les femmes devant lesquelles il a toujours fait preuve de respect, de naturel affable et agréable. Il peut compter sur les hommes car ils savent que c’est un homme responsable (être homme, c’est être responsable). Il peut compter sur les hommes d’affaires car il n’a jamais fait d’affaires pour leur faire concurrence et les aidera au lieu de saisir leurs biens comme a fait l’autre.

    Il peut compter sur l’armée qu’il dotera d’équipements et d’armes modernes, il veillera à ce que les promotions y seront méritées et lui fera éviter des risques d’intervention à l’étranger pour faire la guerre par procuration. Les Mauritaniens ont trois raisons pour justifier leur soutien à cet homme, à savoir son passé de militant prêt à défendre l’intérêt du Peuple et du Pays, le fait qu’il personnifie, à travers ses positions politiques, les espérances qu’ils conçoivent et le fait qu’ils se sentent proches de lui et l’apprécient de par sa culture et son enseignement universitaire.

    Les gens qui lui sont hostiles pour un moment le rejoindront car il n’a jamais fait de tort à personne et donc personne n’a de raison particulière à lui être hostile sauf peut-être des soutiens zélés à ses concurrents mais ils sauront vite qu’il est bien disposé à l’égard de ses concurrents eux-mêmes. Il aura droit à une petite contestation de quelques membres de sa tribu mais aussi (il faut toujours s’y attendre, en politique) du conclave au sein de son parti, justes des manœuvres politiciennes d’élitistes (jamais loin des Bourgeois) même quand ils professent des idées révolutionnaires.

    Ould Maouloud ne fera pas les fausses promesses d’usage durant des élections, son programme sera réaliste et destiné à la construction du pays pour le bien de tous les Mauritaniens dans la générosité et la considération. La pensée politique critique qu’il a cultivée, sa vie durant, lui permettra d’aller au bout de notre désir de vivre dans une société égalitaire et de nous enivrer de cette liberté qu’offre un Pouvoir réellement démocratique. Sa ressource, son fond propre pour financer sa campagne c’est précisément son honnêteté qui finira par remettre à son avantage le vote de ceux qui ont profité de l’argent et les moyens de l’Etat détournés par son rival du système des généraux putschistes.

    Le Peuple lui attribuera le pouvoir par vote consciencieux, si le scrutin était honnête et transparent et pour peu que la CENI ne soit plus, chez nous, ce trou noir qui transforme les bulletins de vote initialement au profit l’Opposition, en bulletins favorables au candidat du Pouvoir.