08-05-2019 14:30 - Nucléaire: l’Iran suspend des engagements et lance un ultimatum

Nucléaire: l’Iran suspend des engagements et lance un ultimatum

Le Figaro - Un an jour pour jour après l’annonce du retrait américain de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, l’Iran a suspendu mercredi une partie de ses engagements en donnant 60 jours aux autres signataires pour tenter de sauver le dit-accord.

Téhéran a décidé de cesser d’appliquer «certains» de «ses engagements» pris dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, a indiqué mercredi 8 mai le ministère des Affaires étrangères iranien.

En clair, l’Iran a décidé de cesser de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi comme il s’y était engagé au titre de l’accord international signé à Vienne et limitant son programme nucléaire.

La décision a été notifiée officiellement aux ambassadeurs des pays faisant encore partie de cet accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) après le retrait des États-Unis de ce pacte le 8 mai 2018. Téhéran a menacé de renoncer à d’autres engagements si les Etats parties à l’accord ne trouvent pas de solution d’ici à 60 jours pour alléger les effets des sanctions américaines visant le pays depuis un an, en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire.

Cette décision intervient en effet un an jour pour jour après l’annonce de Donald Trump du retrait des États-Unis de l’accord de 2015 et du rétablissement progressif des sanctions économiques américaines visant Téhéran.

L’Iran ne se retirera toutefois pas de l’accord de 2015

«Les mesures prises par les États-Unis, en particulier depuis un an mais aussi avant [...] leur retrait [de l’accord] avaient clairement pour but de causer une interruption de l’application» de cet accord, a déclaré le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, en visite à Moscou. L’Iran a fait preuve jusque-là de «patience», a-t-il ajouté. Néanmoins, a dit Zarif, la décision de suspendre des mesures correspond à un «droit» laissé aux parties à l’accord en cas de manquements par une autre partie et l’Iran ne se retirera pas. La France avait mis en garde Téhéran mardi contre une telle décision, soulignant que des entorses au compromis de 2015 entraîneraient des sanctions européennes.

De fait, dans la foulée de cette annonce de suspension, le président Hassan Rohani a donc donné 60 jours aux autres signataires pour tenter de sauver l’accord et de mettre en œuvre leurs promesses de protéger les secteurs bancaire et pétrolier contre les sanctions de Washington. Il a ajouté qu’en l’absence de résultats après 60 jours, Téhéran reviendrait sur d’autres engagements et augmenterait son niveau d’uranium enrichi, plafonné à 3,67% par l’accord de Vienne.

Hassan Rohani, qui affirme chercher à sauver l’accord en agissant ainsi, a mis en garde contre la «réponse ferme» de la République islamique si le Conseil de sécurité des Nations unies était saisi à nouveau sur le dossier nucléaire iranien. Il s’est dit prêt à des négociations.

Validé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, l’accord de Vienne a permis la levée d’une partie des sanctions internationales visant l’Iran. En échange, Téhéran a accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire et s’est engagée à ne jamais chercher à se doter de l’arme atomique. Mais jugeant que l’accord n’offrait pas de garanties suffisantes, le président américain Donald Trump en a retiré les Etats-Unis le 8 mai 2018 et rétabli les sanctions américaines qui avaient été levées. Celles-ci affectent lourdement l’économie iranienne et rendent pratiquement impossible toute relation commerciale entre l’Iran et d’autres pays.

Cette annonce intervient en outre dans un climat de tensions exacerbées entre l’Iran et les États-Unis, qui ont annoncé mardi l’envoi de bombardiers B-52 dans le Golfe.

Ces annonces iraniennes ont été suivies de multiples réactions, la plupart au calme. La ministre française des Armées Florence Parly n’a pas exclu que l’Union européenne prenne des sanctions après ces suspensions. «Si ces engagements n’étaient pas respectés, natuellement cette question serait posée», a-t-elle ajouté sans commenter directement les dernières annonces de Téhéran.

Le Kremlin a fait savoir que la Russie restait «engagée» dans l’accord. La Chine a appelé à maintenir l’accord et «à faire preuve de retenue, à renforcer le dialogue et à éviter une escalade des tensions». Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a répété qu’Israël ne laisserait pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire.

Le figaro.fr AFP, Reuters Agences



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Commentaires (4)

  • lass77 (H) 09/05/2019 12:01 X

    @a.bennan@ Tu suis tes passions et fais une fausse solidarité à l'égard des fouteurs de merde Arabes du Golfe. Une attaque contre l'Iran rendrait impossible cet eldorado dans les pays du golfe que beaucoup de Mauritaniens convoitent. Un destruction de l'Iran ne restera pas sans conséquence pour les pays de la région , les Arabes doivent reflechir pour ne pas tomber dans les panneaux.

  • a.bennan (H) 08/05/2019 19:16 X

    L'Iran cherche à déstabiliser des États Arabes.Esperons pour lui une bonne guerre rangée avec les Ricains jusqu'à ce qu'il se casse en 6.L'Iran est foncièrement mauvais.

  • mystere1 (F) 08/05/2019 15:18 X

    c'est l'un des pays qui a du caractère, et qui ne se laisse pas intimider par ces grandes puissances, sans se mêler des lobbies et hypocrisies de ces pays de moyens orients pétroliers, encore moins il fait fi à ce fou aboyeur de trump ! bravo il a son droit de défendre ses droits sans se laisser piétiner, j'admire ce pays de Salman AL Farissi.

  • lass77 (H) 08/05/2019 14:38 X

    L'Iran est dans son droit. Les européens n'ont pas honoré leurs obligations. La France et compagnie sont les vassaux des USA. Que ceux qui veulent une intrevention militaire contre l'Iran, il faut qu'ils sachent que les Iraniens sont differents des Arabes ce sont tous les pays voisins : Qatar, Bahrein, Emirats arabes unis , Arabie Saoudite, koweit qui seront touchés par les conséquences d'une attaque militaire des USA. C'est parti pour les Fitnas.