09-05-2019 08:29 - Mauritanie : KANE Hamidou Baba, le candidat du «Vivre-ensemble»

Mauritanie : KANE Hamidou Baba, le candidat du «Vivre-ensemble»

Afrimag - KANE Hamidou Baba, Président du Mouvement pour la Refondation (MPR) revient à la charge, en s’engageant, le 26/04/2019, dans la course à la présidentielle prévue le 22 juin prochain.

Dans une configuration politique inédite, il est le candidat, cette fois-ci, d’une forte coalition de partis politiques dits “négro-africains” qui ont choisi la dénomination du “Vivre-ensemble”. Tout un programme.

Docteur en communication jouissant d’une renommée non usurpée, KANE Hamidou Baba est le cinquième candidat “de poids” déclaré à la présidentielle en Mauritanie, après Mohamed Ould Ghazouani, le “champion” de la majorité appelé à assurer la continuité du Système légué par Mohamed Ould Abdel Aziz, Sidi Mohamed Ould Boubacar, ancien Premier ministre de Taya, adoubé par le parti islamiste Tawassoul, et deux candidats issus de l’opposition traditionnelle:

Biram Dah Abeid, leader abolitionniste dont l’organisation IRA (non reconnue) a scellé un pacte “stratégique” avec le parti ba’thiste Sawab, et Mohamed Ould Maouloud, soutenu par son parti, l’Union des forces de progrès (UFP) et le Rassemblement des forces démocratiques d’Ahmed Ould Daddah “empêché”, comme Messaoud Ould Boulkheir, par la limitation de l’âge (75 ans) d’être de la partie.

La candidature de KANE Hamidou Baba sonne comme une remise en cause du Système dans ses fondements depuis la création de l’Etat mauritanien, avec la question récurrente du partage du pouvoir entre les deux communautés nationales : les Arabes, revendiquant une large majorité, et les Négro-mauritaniens qui estiment qu’il y a une volonté manifeste de les confiner dans une citoyenneté de “seconde zone”. Le “Vivre-ensemble” qui fonde les revendications de cette communauté rappelle, dans ses grandes lignes, les soubresauts que la Mauritanie a connus aux premières années de son indépendance et qui n’ont été transcendés que par le semblant de consensus national sur lequel Moctar Ould Daddah avait jeté les bases de l’Etat-Nation.

La détérioration de ces compromis (tout autant que les compromissions) est aujourd’hui à l’origine du malaise et la refondation réclamée par le parti de KANE Hamidou Baba n’est rien d’autre que ce “Vivre-ensemble” auquel il associe, pour plus d’efficacité politique et stratégique, les autres formations dirigées par des Négro-africains : l’AJD/MR de Ibrahima Moctar Sarr, le PLEJ de Bâ Mamadou Alassane, le RPC (ex FLAM) de Thiam Samba et le MPC Arc-en-ciel de Bâ Alassane Hamady Soma, alias Balas, auxquels il faudra aussi adjoindre des organisations de la société civile issues de cette communauté nationale.

Pour la première fois, ces formations politiques assument, ensemble, des revendications nouvelles-anciennes, mélange de malaise profond (le sentiment d’être exclus) et de ressentis qui remontent aux douloureux évènements de 1989 faisant naître, depuis, un besoin urgent de démocratie et de justice.

Il est cependant réconfortant de constater que ces partis politiques, “identitaires” par réaction à une situation de suprématie affichée par une certaine élite maure, proposent une solution qui rétablirait cette Mauritanie unitaire dans laquelle on retrouverait les vertus d’antan : le dialogue et la recherche du consensus.

C’est le sens qu’il faut donner à la promesse du candidat KANE d’organiser, au bout de trois mois, des Assises nationales destinées à corriger les dysfonctionnements constatés aujourd’hui parce que les “Mauritaniens ont raté plusieurs occasions de se parler.” “Dans les cent jours suivant mon élection à la Présidence de la République, j’organiserai des assises nationales dans lesquelles toutes les forces vives du pays seront représentées. Nous chercherons des consensus forts sur des sujets touchant aux réformes constitutionnelles, aux institutions, à l’aménagement du territoire, aux réformes foncières et pastorales, au découpage administratif (…) mais aussi à la gouvernance politique qui sera assortie d’une charte de l’unité nationale et de la cohésion sociale”.

Il livre déjà ce qui semble être les prémices d’un programme politique qui, s’il nécessite d’abord, la victoire du candidat pour sa mise en œuvre, est avant tout une suggestion “notable” pour Ould Ghazouani que les observateurs considèrent, à tort ou raison, comme le successeur probable d’Aziz.

L’exclusion qui entame sérieusement l’unité nationale passe pour le dossier qui a le plus besoin d’un “plan d’urgence” politique, mais le candidat du “Vivre-ensemble” n’oublie pas ce qui est commun à tous les Mauritaniens : la détérioration des conditions de vie, la santé, l’éducation, l’eau et l’électricité.

“Dans cinq ans, nous allons renverser la tendance ; les Mauritaniens produiront 70% de ce qu’ils mangent. L’eau, l’électricité, le riz, le sucre, les farines et l’huile connaîtront une baisse avant la fin de l’année 2019”. Le candidat a également exprimé sa volonté de réformer le système éducatif : “L’école publique unifiée sera restaurée pour la mettre à la portée de tous nos enfants, une fois réglée la question des langues, désormais officielles. Nous ne voulons pas une école publique ou privée dans laquelle nos enfants se tournent le dos. Nous allons réactiver les internats, particulièrement en milieu rural, et créer trois universités à Rosso, à Kiffa et à Nouadhibou”.

KANE Hamidou Baba a par ailleurs dit qu’il va confier le prélèvement de la Zakat à l’Etat, assurer l’accès universel à la santé, le retour de l’Armée dans les casernes et la création d’emplois pour les jeunes. L’offre est donc alléchante mais le candidat du “Vivre-ensemble” doit compter avec la dispersion, plus que pour les autres candidats, d’un électorat négro-africain dont une bonne partie a toujours fait allégeance au pouvoir et une autre voit en Biram Dah Abeid le “Messie” tant attendu.

Par Mohamed Sneïba Comité Editorial – Casablanca



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 3
Lus : 2907

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (3)

  • la remarque (H) 09/05/2019 11:18 X

    Ce candidat est celui d'une COALITION (Acteurs politiques, Société civile, personnalités indépendantes ,... de toutes les composantes de la Mauritanie : Arabes , Berbères ,Pullar ,Soninkes , Wolofs , Bambaras, ... et également il faut remarquer la qualité du programme qui conduira forcement vers l'obtention du CITOYEN MAURITANIEN Franchement soutenir une telle ambition pour une réelle cohabitation ne serait pas une erreur "Comparaison n'est raison" mais comparer aux autres candidats : il est le seul qui s’éloigne de l'axe de l’extrémisme nationaliste et des inégalités évidentes dans notre cher pays

  • hadhad (H) 09/05/2019 09:43 X

    Le vivre ensemble est un slogan creux au contenu imprécis,un slogan hypocrite plein d'amalgame. KHB parle de refondation de l'état,sur de nouvelles bases ethniques et raciales,donc adieu la démocratie et l'état de droit dans lequel nous vivions aujourd'hui, après tant de sacrifices et de lutte ....

  • cccom (H) 09/05/2019 09:33 X

    Excellence candidat, tous mes respects, nous sommes amis communs à Brahim Adama Fall actuellement en France qui soutient quotidiennement mes nombreux postings sur FB ce grand mauritanien intellectuel international ancien Directeur d'Universités africaines à Dakar et destinataire de mon plaidoyer en tant que candidat à la Présidence pour la réforme de l'Enseignement , je vous dédie ma réaction réponse au commentaire pertinant sur ma page à Amadou Kamara: Nous (Cerveaux Oasis) disposons de dizaines de medecins, professeurs d'Universités, Diecteurs nationaux en Banques, professeurs scientifiques, officier supérieurs ...en activités probants: La différence du Systéme Cerveaux Oasis anglo-asiatique avec le systéme français du 15 MARS 1950 archaique qui détruit à 95% l'avenir de nos enfants est qu'il a enseigné en 8 ans gatuitement 16.800h à raison de 2100h/an contrairement au public à 9600h à raison de 700h/an au coût de 50 milliards UM et a fourni en Adrar durant 11ans successifs (1998 à 2008) attesté par les statistiques comparatives officielles de la DEE du MEN du 22 janvier 2009 un nombre de bacheliers supérieur au total des 3 lycées publics d'Aoujeft, Chinguetti et Ouadane réunis en écourtant le cursus de 5 ans et dépassant l'horaire officiel de 11.700 h équivalent à 11ans de présence du pofesseur en classe. Si les Ministres de tutelle (MIDEC ET MEN) acceptent la réforme de l'Education par décentalisation de la fonction aux Conseils Régionaux le systéme garantit un fonds de 50 milliards UM aux Conseils Régionaux et engagement de nouvelles générations de bacheliers à 13ans et ingénieurs à 18 ans disposant de travail "clés en mains" financés par les Conseils Régionaux par 90% des 50milliards UM économisés sur le Budget du MEN. Nous avons sollicité l'attention sans suite à ce jour par la lettre ouverte aux Conseillers régionaux de l'Adrar et futurs candidats à la Présidence que 10% ( 5milliards UM/an paieront les Conseillers et Maires à 500.000 UM/mois au lieu de 20.000 UM/mois proposé par le MIDEC dans son arrêté n°156 du 19 Mars 2019). cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr