16-05-2019 09:12 - Dégâts de l’orpaillage artisanal : Le Haut Commissaire de l’OMVS au chevet de la Falémé

OMVS - Le Haut-Commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), Ahmed Diane Séméga, a relevé mardi à Kédougou (est), « l’extrême urgence » de protéger ce cours d’eau vital pour le fleuve Sénégal, contre la mauvaise pratique de l’orpaillage.
« J’ai le sentiment d’une extrême urgence, sans jouer à l’alarmisme car ce fleuve est dans un état de mort presque clinique », a dit M. Séméga, après une visite à Dohiba dans le département de Saraya qui abrite un site artisanal d’orpaillage.
C’était à l’occasion d’une mission de six jours, du 05 au 11mai 2019, qui a conduit le patron de l’Omvs sur le terrain, à la tête d’une délégation composée de ses collaborateurs et de nombreux journalistes. M. Séméga a voulu s’enquérir personnellement de la situation, constater de visu les problèmes et surtout sensibiliser les média et le grand public sur les dangers d’une mauvaise pratique de l’orpaillage sur la Falémé.
Sur les sites d’orpaillage de Sakhola bada et Djidjan barrage, en territoire malien, la délégation a pu faire un constat aussi amer qu’inquiétant. Des coulées de boues s’étendent à perte de vue. Des tentes dressées ça et là témoignent de la ruée démesurée vers le métal précieux. Tout cela dans un désordre incommensurable.
D’où l’appel à la prise de conscience du Haut-Commissaire de l’OMVS : « Le problème environnemental n’émeut plus grand monde, mais ici vous n’avez même pas besoin d’être experts pour savoir que l’eau est polluée », a-t-il dit aux journalistes, faisant référence à la couleur de l’eau tirant vers celle de l’argile.
« Je viens de discuter avec le chef de village ; les populations déplorent de vivre à côté d’un fleuve qui ne leur sert à rien. Elles ne peuvent ni boire ni faire la lessive avec cette eau polluée par le mercure et qui les expose à des dangers », ajoute-t-il.
Pour l’adjoint administratif au gouverneur de Kédougou, monsieur Jean Noël Malick Faye, il faut des actions conjointes et concertées de part et d’autre de la frontière pour endiguer ce fléau. « Nous sommes convaincus qu’il faut informer et sensibiliser les populations sur le danger que constitue l’orpaillage clandestin pour la survie de la biodiversité dans la Falémé.
Mais il faudra impérativement penser à des mesures coercitives pour amener les populations à arrêter ces pratiques nuisibles à l’environnement et la survie des populations », a expliqué M. Faye.
Même son de cloche pour son homologue malien, monsieur Adama Maiga, qui pense que seule une synergie d’efforts permettra de stopper le phénomène de l’orpaillage clandestin qui a causé de nombreux dégâts sanitaires, environnementaux et sociaux.
Ainsi, face à l’ampleur des dégâts causés par l’utilisation de dragues pour fouiller le lit du fleuve et de certains produits comme le mercure par les orpailleurs, le Haut-Commissaire en appelle à la responsabilité de chacun.
D’abord celle de l’OMVS qui a la charge de veiller à la sauvegarde de ce fleuve ; mais aussi celle des Etats-membres, qui se doivent d’appliquer la Charte des eaux du fleuve Sénégal, qui entre autres fonctions, détermine les règles relatives à la préservation et à la protection de l’environnement dans le bassin.
Le Haut-Commissaire a aussi invité les autorités administratives locales à aider dans la surveillance et la sensibilisation des populations pour améliorer leur connaissance des dangers qu’elles font courir au fleuve.
D’autant plus qu’un détour sur le site d’orpaillage de Kolia a permis de constater l’irresponsabilité de certaines entreprises qui rejettent leurs déchets chimiques dans le fleuve sans aucun traitement préalable.
Les journalistes présents ont répondu aussitôt à ce cri du cœur en proposant la constitution d’une association dénommée « sauvons la Falémé ». Ils comptent ainsi porter le plaidoyer pour sensibiliser les parlementaires, les élus locaux, la société civile et les populations sur le danger qui guette la Falémé et qui découle de la pratique de l’orpaillage alluvionnaire.
Rappelons que la Falémé est l’affluent principal du fleuve Sénégal en rive gauche dont il assure 25 % des apports. En outre, un projet de construction d’un barrage hydroélectrique sur la Falémé est en cours d’étude. Il s’agit du barrage de Gourbassi. C’est un ouvrage à buts multiples d’une puissance installée de 18 MW, qui permettra surtout de contrôler les eaux de la Falémé, pour améliorer la navigation et l’irrigation.