17-08-2019 13:12 - Des idées pour mieux assainir la capitale Nouakchott

Ebaye DAH EMINE - La réunion du comité interministériel de l’assainissement de Nouakchott du 14/08 dernier intervient en avant saison des pluies.
L’occasion pour nous de revenir sur le dossier d’assainissement à Nouakchott. Bien entendu, le ministère tutelle (MHA) dispose de cadres suffisamment dévoués et compétents pour faire face à la situation.
Le réseau d’assainissement à Nouakchott
Le réseau d’assainissement collectif de la ville est de type pseudo-séparatif, qui draine les eaux usées et les eaux pluviales des terrasses et des zones basses. Il existait jusqu’en 2010 deux réseaux dont un seul est fonctionnel. Il date des années 1960-1965. Il est équipé de quelques postes de refoulement.
Une partie de ce réseau a été réhabilitée dans les années 1990. En temps de pluie, le poste de refoulement PR2, reçoit une partie des eaux pluviales via les avaloirs raccordés au réseau au niveau de certains carrefours du centre ville. Il a fallu attendre 2010, et à l’occasion des commémorations du cinquantenaire de l’indépendance, pour que le poste de refoulement PR6 soit raccordé au réseau fonctionnel. Pour le traitement des eaux collectées, il existe une seule station d’épuration des eaux usées (STEP) avec une capacité théorique de traitement d’environ 2000m3/j.
Bilan des principaux efforts au cours des dernières années
Les démarches entreprises auprès du FADES ont permis de lancer, en 2015, une étude d’actualisation du Plan Directeur d’Assainissement de la ville de Nouakchott (PDAN). Selon la configuration retenue par la cellule chargée du projet d’assainissement de la ville de Nouakchott (CPAN), la ville sera découpée en fonction de la topographie en trois bassins versants (pôle A, pôle B et pôle C) qui devront être équipés de réseaux d’assainissement indépendants avec un système séparatif pour les eaux usées et les eaux pluviales.
En parallèle, le gouvernement mauritanien a formulé une requête au gouvernement chinois pour assainir la capitale. Une offre technique a été donc transmise à la partie mauritanienne (CPAN) en mars 2016, par le groupement chinois SINOHYDRO – CGCINT. L’offre est basée en grande partie sur les conclusions d’une précédente version de l’APD du PDAN avec des améliorations, notamment sur la qualité de l’eau à la sortie des STEP et le traitement des sous-produits du traitement des eaux usées.
D’autre part, dans le cadre de la coopération bilatérale mauritano-chinoise, le financement d’un réseau d’évacuation des eaux pluviales dans les zones basses de la ville de Nouakchott, couvrant une superficie de 15.68km2 a été mis en place en décembre 2014. Le coefficient de ruissellement général retenu est de 0.2 avec une période de retour de 10 ans.
Points de vigilance
Un point de vigilance mérite une attention particulière. Il s’agit de la qualité de l’eau épurée qui sera réutilisée en agriculture. Les valeurs des paramètres clés à la sortie des STEP (DBO5, DCO, MES, pH, E. Coli…) doivent être en adéquation avec les recommandations de l’OMS et la FAO (catégorie A notamment). En Mauritanie, et en absence de normes nationales, il est pertinent de se référer aux valeurs guides utilisées dans des pays similaires (Tunisie, Sénégal, Maroc…), élaborées conformément aux recommandations des institutions précitées.
Aussi, il faut s’assurer que les caractéristiques du sol au niveau des sites choisis pour abriter les périmètres agricoles sont compatibles avec les cultures projetées, afin de garantir la faisabilité des propositions du PDAN évitant ainsi des modifications de fond sur les ouvrages programmés. Ceci implique une expertise botanique & pédologique de ces périmètres.
En lien avec le réseau d’assainissement, il existe un réseau d’assainissement non fonctionnel à ce jour, et il est temps de fournir les efforts nécessaires pour identifier son tracé et déterminer son usage le plus rationnel dans l’avenir et en attendant l’aboutissement des efforts en cours.
La gestion de l’espace urbain et le fonctionnement du réseau
La gestion de l’espace urbain impacte directement le fonctionnement des réseaux d’assainissement. L’entretien de la voirie est indispensable afin d’éviter l’encombrement du réseau et donc la réduction de sa capacité de transfert. A Nouakchott, le manque d’appropriation de l’espace urbain et la mauvaise gestion de déchets font que le réseau existant se trouve bouché en grande partie (déchets et ensablement). Avec la mise au point imminente d’une nouvelle politique de gestion suite à la création d’une société pour la collecte et la valorisation des déchets, il est attendu que le problème lié à la gestion de l’espace soit résolu efficacement.
Remarque :
S’agissant d’une sensibilisation sommaire, nous n’avons pas abordé le transfert de la compétence assainissement aux régions, arrêté dernièrement lors du conseil des ministres du jeudi 25 juillet dernier. Il pourrait être développé ultérieurement. En l’état actuel des choses, il est opportun de signaler que les collectivités doivent être accompagnées par des professionnels du secteur pour remplir correctement leur tâche. Aussi, le transfère de compétence doit s’accompagner d’un transfère de moyens concrètes. Le rôle de l’Etat demeure toutefois indispensable en matière de contrôle & réglementation, financement, conseil…
Ebaye DAH EMINE
ebaye.emine@laposte.net
Responsable du Service Eau-Assainissement-GEMAPI à la Communauté de communes vallées de l’Orne & de l’Odon
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