08-01-2020 01:28 - Téhéran lance des missiles sur une base militaire en Irak abritant des Américains (TV d'État Iran)

Téhéran lance des missiles sur une base militaire en Irak abritant des Américains (TV d'État Iran)

L'Orient-Le Jour - Les funérailles de Kassem Soleimani étaient à peine terminées, que l'Iran a lancé, dans la nuit de mardi à mercredi, les opérations de représailles à l'assassinat, il y a quatre jours à Bagdad dans un raid américain, du puissant général iranien.

L'Iran a lancé plus d'une dizaine de missiles balistiques contre l'armée américaine et les troupes de la coalition en Irak, a déclaré, dans la nuit de mardi à mercredi, le département américain de la Défense, précisant avoir la certitude que les tirs ont été effectués depuis le territoire iranien.

Les missiles ont visé les bases d'Aïn al-Assad, dans l'ouest désertique de l'Irak, et d'Erbil. Les Etats-Unis procèdent à un premier examen pour déterminer le bilan de ces frappes, a ajouté le Pentagone. "Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour protéger et défendre le personnel américain, nos partenaires et alliés dans la région", a-t-il encore dit.

Ces frappes, survenues en trois vagues, ont été menées avec "des dizaines de missiles", ont annoncé les Gardiens de la révolution iraniens, l'armée idéologique de la République islamique, cités par la télévision d'Etat iranienne. L'opération a été baptisée "Opération du martyr Soleimani". "La vengeance féroce des Gardiens de la révolution a commencé", ont déclaré ces derniers sur une chaîne Telegram, rapportait également le New York Times.

Dans un communiqué relayé par la télévision publique iranienne, les Gardiens de la révolution conseillent aux Etats-Unis de retirer leurs troupes de la région afin d'éviter la mort de soldats supplémentaires. Toute agression américaine contre Téhéran donnera lieu à une réponse dévastatrice et les alliés des Etats-Unis dans la région seront eux aussi attaqués s'ils contribuent à des attaques contre l'Iran, préviennent-ils également.

Aucune information n'était disponible dans l'immédiat sur d'éventuels victimes ou dégâts.

L'attaque aurait débuté, rapporte le New York Times, à 1:20 a.m., l'heure à laquelle Kassem Soleimani avait été tué vendredi dernier.

Le président Trump a été informé de la situation et la "suit de près", a indiqué la Maison Blanche. "Nous sommes au courant des informations concernant des attaques contres des installations américaines en Irak. Le président a été informé, suit la situation de près et consulte son équipe de sécurité nationale", a indiqué Stephanie Grisham, porte-parole de l'exécutif américain.

Cafouillage américain

Ces tirs interviennent alors que les funérailles du général Soleimani, en Iran, ont tourné à la tragédie mardi avec plus de 50 morts dans une bousculade à Kerman, sa ville natale.

Mardi, les Etats-Unis avaient, par ailleurs, écarté clairement toute intention de quitter l'Irak, alors que certains de leurs alliés occidentaux annonçaient leur retrait militaire partiel en raison de la grave crise entre Washington et Téhéran, alimentant les craintes de voir les tensions actuelles saper la lutte antijihadistes.

Donald Trump et ses ministres ont tenté de dissiper l'impression de sauve-qui-peut provoqué la veille par un cafouillage. Un retrait des troupes américaines "serait la pire chose qui puisse arriver à l'Irak", a déclaré le président des Etats-Unis, évoquant le danger que représente à ses yeux pour ce pays l'imposant voisin iranien. "A un moment donné, nous partirons", "mais ce moment n'est pas venu", a-t-il assuré. Quasiment au même moment, son ministre de la Défense Mark Esper martelait, lors d'une conférence de presse, que la politique américaine n'avait "pas changé": "Nous ne quittons pas l'Irak".

L'administration Trump avait créé la confusion lundi en transmettant par erreur aux autorités irakiennes une lettre annonçant des préparatifs en vue du retrait de leurs soldats. Ce courrier faisait référence à un vote du Parlement irakien qui a exhorté dimanche son gouvernement à expulser les troupes étrangères d'Irak après la colère provoquée par l'élimination de Soleimani.

Signe d'un dialogue de sourds qui pourrait se prolonger, le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi a confirmé mardi avoir reçu une lettre "signée" et "très claire" du commandement américain annonçant un retrait militaire.

Et pour ajouter au climat d'incertitude, la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) affiche de premières fissures. Si la France et l'Italie ont fait savoir leur intention de rester en Irak, les Canadiens et les Allemands ont annoncé mardi le redéploiement d'une partie de leurs soldats vers la Jordanie et le Koweït. L'Otan a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel d'Irak.

De nouveaux "bataillons"

Le raid de vendredi dernier qui a tué Soleimani a ressoudé et même élargi les rangs de "l'axe de la résistance" mené par Téhéran, son allié libanais du Hezbollah et le Hachd irakien. Ralliés sous la bannière de l'anti-américanisme, ils ont annoncé mardi soir avoir formé de nouveaux "bataillons".

"Les Marines américains doivent rentrer dans leurs repaires immédiatement pour préparer leurs cercueils parce que 'les bataillons de la résistance internationale' ont été formées pour leur adresser une réponse sévère et étudiée aux forces américaines terroristes", a lancé mardi soir Akram al-Kaabi, chef de Noujaba, l'une des factions pro-Iran les plus radicales du Hachd.

Plus tôt, son numéro deux, Nasser al-Chemmari, avait annoncé "une guerre contre la présence américaine dans tous les endroits de la région que nous pouvons toucher", citant notamment l'ambassade américaine à Bagdad, "un nid d'espions" selon ses mots, déjà attaquée il y a une semaine par des milliers de pro-Iran. "Les milliers de Marines qui s'y trouvent sont des cibles potentielles", avait-il insisté, alors que la coalition antijihadistes et l'Otan ont déjà suspendu leurs opérations en irak pour se consacrer à la protection de leurs troupes.

Le leader chiite Moqtada Sadr a, pour sa part, réactivé récemment sa milice qui avait tué des dizaines de soldats américains lors de l'occupation des Etats-Unis à partir de 2003. Un chef du Hachd avait, quant à lui, promis aux Américains "l'enfer au-dessus de leurs têtes".

OLJ/Agences



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Commentaires (2)

  • lass77 (H) 08/01/2020 18:31 X

    C'est pour ne pas voiler la face, aucune victime avec 15 missiles Fateh-313. La vengeance n'est pas terminée.

  • Esprit Critique (H) 08/01/2020 12:32 X

    Si l'Amerique engloutit le moyen orient au fond de la mer.Cela ne changera pas la face du monde. Moi je me mefie des perses et des arabes en dehors de leur propres interets rien n'est plus important a leur yeux.malheureusement c'est l'Amerique qu'on accuse d'etre un pays defend uniquement ses interets