13-02-2020 17:16 - Dégradations environnementales à N’Diago: Les populations tirent la sonnette d’alarme

Dégradations environnementales à N’Diago: Les populations tirent la sonnette d’alarme

Le Calame - Les populations de N’Diago s'insurgent contre les dégradations environnementales et le déséquilibre de l'écosystème causées par les aménagements du barrage de Diama ainsi que de la prochaine exploitation des gisements de pétrole et de gaz.

Grosse colère, donc, exprimée le 30 Janvier dernier, avec leur boycott de la cérémonie d’inauguration (finalement reportée par les responsables de la BP) de l'aire de débarquement et du hangar de transformations. « Nous ne pouvons venir assister, comme des pantins à une telle cérémonie, alors que nous n’avons pas été associés au départ à ces projets.

Par cet acte, nous tenons à faire part de notre mécontentement. La population de N’Diago et surtout la communauté des pêcheurs sont dans leur rôle d’alerte et de sauvegarde des intérêts des gens. Au lieu de tirer profit de ces exploitations, le village risque de tout perdre », alerte Yaali N’Diaye, conseiller municipal et leader local.

« N’diago fait déjà face à des problèmes récurrents d’eau impropre à la consommation, en raison du taux élevé de salinité. Les animaux n’ont plus où paître, en raison de la dégradation du couvert végétal.

Les aménagements agricoles sont aussi touchés par cette dégradation continue. Les populations souffrent cruellement. Aujourd’hui, il importe de mettre en place une nouvelle adduction d’eau pour approvisionner le village en eau potable. […] Certes, les gisements de pétrole et de gaz sont d’une importance particulière pour la Mauritanie.

Mais les conséquences de cette exploitation sont dramatiques pour N’Diago », note Yaali par ailleurs président de l’Union des coopératives Le Mol.

Constitué à 90% de pêcheurs, ce village voit son avenir assombri. Les recherches minières ont fait fuir plusieurs espèces de poissons, devenues aujourd’hui denrées rares. « En 2011, on comptait trois cents pirogues. Aujourd’hui, plus que sept », déplore Yaali. « C’est très grave.

Les conséquences se font déjà ressentir. Les pélagiques qu’on retrouvait entre Mamghar et PK93 fuient vers le Sénégal, en raison des recherches pétrolières et gazières et de la forte présence de navires étrangers.

Les poissons de fonds sont menacés ». Yaali Ndiaye a appuyé matériellement, sur fonds propres, les sept propriétaires de pirogues afin qu'ils restent dans la localité pour approvisionner les populations en poissons.

Atténuer les effets

Il préconise que la société BP indemnise les communautés des pêcheurs et les habitants du village pour le préjudice subi. « Des solutions alternatives sont aussi à rechercher », avance-t-il, « des activités parallèles menées, notamment le développement de la pisciculture et de la pêche continentale.

Avec des efforts notables en direction des infrastructures : extension du réseau électrique, construction de locaux sanitaires et éducatives dignes de ce nom. Et suppression du taux élevé d’intérêt (15%). Cela dit, nous saluons la mise sur pied de la caisse Djiké qui soulage les populations dans le domaine de la microfinance.

Les autorités n’ont pas tiré les leçons du passé avec les aménagements de l’OMVS qui ont déséquilibré le cadre de vie de N’Diago. Nous réclamons l’édification d’une route goudronnée reliant Keur Macène à N’Diago et un château d’eau. Il est indispensable de mettre sur pied un canal d’irrigation pour développer l’agriculture et l’élevage.

Il est aussi nécessaire de revoir la conception de l'aire de débarquement et du hangar de transformations. Les travaux exécutés par l'ONG ECODEV ne sont pas aux normes et les pêcheurs refusent d’y travailler. Lors de la visite d’échanges-études menée au Sénégal où ont été édifiées de similaires infrastructures, les communautés se sont rendus compte des anomalies ».

Yaali N’Diaye souligne qu’il est important que les communautés de N’Diago portent elles-mêmes leurs préoccupations aux autorités en charge des décisions liées à leur quotidien et à tous les impacts que ces opérations pourraient avoir sur elles. « Les villageois souhaitent que les actions entreprises à leur profit soient effectuées avec transparence et toujours précédées d’une concertation.

Enfin, il est nécessaire de réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour atténuer les effets négatifs de toute exploitation de l’environnement. »

THIAM Mamadou



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Commentaires (2)

  • mmbmouwaten (H) 13/02/2020 23:31 X

    Contrairement à ce que prétend ce Monsieur de Yali Ndiaye, l’inauguration du Pôle de Pêche de Ndiago, financé par BP et construit par Ecodev dans le cadre du Projet d’appui aux communautés de pêcheurs de Ndiago (PACOP-NDIAGO), n’a pas été reportée. Certes les représentants de BP, pour des raisons sécuritaires essentiellement et de neutralité ensuite n’ont pas pu participer à cet événement.

    Mais toutes les autres parties prenantes étaient présentes : les autorités administratives (le Hakem de Keur Macin et celui de Ndiago), les autorités locales (le Maire de Ndiago et ses collaborateurs), les leaders coutumiers de Ndiago (le Chef de Village de Ndiago et autres notables), les représentants des ONG intervenant dans la zone avec des financements de BP (’Ecodev, qui a organisé la cérémonie d’inauguration avec son partenaire Djikké, en plus de SOS Pairs Educateurs et AED) et plus de 200 femmes et hommes, y compris les habitants de Ndiago ville.

    Il est a rappelé que la communauté des pêcheurs de Ndiago était bien associée à la conception du Pôle de Pêche et au autres activités du projet. Et que la deuxième phase du projet PACOP qui a déjà démarré comprend l’adduction d’eau potable, une unité de fabrication de glace et un point de vente d’essence à Ndiago ville et autre accompagnement en soft, matériel et investissement au profit des pêcheurs en eau douce.

    Certes l’exploitation des gisements de gaz ont leurs effets négatifs sur l’écosystème environnemental de Ndiago, mais BP mène des actions de grande envergure envers les habitants de la Commune de Ndiago. Ces actions dans des secteurs divers et qui sont pour but d’améliorer les conditions de vie des populations de la commune sont mis en œuvre par les ONG :

     Ecodev : développement (organisation communautaire et institutionnelle, développement de la filière pêche et autre investissements)

     Djikké : développement de la microfinance (éducation et inclusion financières)

     SOS Pairs Educateurs : service de base de santé (couverture de toute la commune)

     AED : service de base de l’éducation (toutes les écoles de la commune)

     AMAD : développement du secteur agropastoral dans la commune

    Il est a souligner enfin que les besoins des populations de Ndiago, comme le reste de la population du pays, sont énormes et pas facile à satisfaire dans un peu de temps avec des financements ne dépassant pas 1 million USD par projet par opérateur. Une planification stratégique qui implique toutes les parties prenantes est nécessaire dans le futur proche.

  • chos (H) 13/02/2020 18:16 X

    J’ai déjà alerté que Nouakchott, Nouadhibou et N’diago sont menacés d’être absorbés par l’Océan suite l’étude spécialisée du GIEC des Nations Unies et alerté d’une réforme de l’enseignement gratuite et intensive au lieu du systéme en cours qui apporte aux Régions ou secteur privé 100 milliards UM/an et 10 autres avantages immédiats de mêmes niveaux. Grave indifférence comme toujours. cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr .