07-06-2020 22:30 - Santé publique/ médicaments : Est-ce la fin de la spéculation?

Santé publique/ médicaments : Est-ce la fin de la spéculation?

Journal Tahalil - La solution est-elle trouvée au manque de médicaments essentiels ?

Le Ministère de la santé à travers la CAMEC a-t-il repris les choses en main en déployant de gros moyens pour assurer le ravitaillement en médicaments suffisants ? Des questions que notre enquête tente d’apporter des réponses.

Le manque récurrent de produits pharmaceutiques constaté, il y a quelques mois, dans le circuit d’approvisionnement et de distribution des médicaments essentiels est en passe de trouver son épilogue.

Selon la direction de la CAMEC (Centrale d’Achat des Médicaments, Equipements et consommables médicaux), «le Ministère de la Santé par le canal de ses services compétents, a déployé des moyens importants pour ravitailler le secteur en médicaments essentiels et produits pharmaceutiques nécessaires».

Les médicaments concernant différentes classes thérapeutiques, contre l’hypertension, le diabète, les médicaments cardiologiques et certains antibiotiques sont maintenant «disponibles en stocks suffisants dans les dépôts de la CAMEC» soutient la direction de la CAMEC. La directrice adjointe de la CAMEC, Dr Fadly Abdal Wadoud El Sadigh a déclaré que «le problème de la rupture de l’approvisionnement des médicaments a été créé par l’existence d’un marché parallèle».

Certaines sources bien informées soutiennent que ce marché qui existe à travers des pharmacies à ciel ouvert servait aux patients des produits à moindre coût et pas forcément de qualité. Ce qui, selon les mêmes sources, portait préjudice au circuit de distribution des médicaments.

Les ordonnances…

Le préjudice est aussi commis par les professionnels qui prescrivaient des ordonnances avec des noms commerciaux alors «qu’au niveau des produits de la CAMEC, les commandes sont faites avec les noms scientifiques méconnus par les patients qui exigeaient les médicaments prescrits sur l’ordonnance », note Dr Taleb Mohamed. Pourtant, poursuit-il : «il y a des équivalents produisant les mêmes effets». Autre problème, «c’est le manque de sérieux constaté dans le privé qui a le monopole de certains produits mais n’assurait pas régulièrement l’approvisionnement au niveau des officines agréées pour servir les patients en produits pharmaceutiques».

A en croire la direction de la CAMEC, le mécontentement des privés s’explique par la reprise en main par le Ministère de la Santé, le monopole d’approvisionnement des médicaments essentiels pour «mettre fin à la spéculation inutile dans la distribution des produits pharmaceutiques». En tout cas, pour l’heure, le Ministère de la santé a décidé, contre vents et marées, de reprendre le monopole de l’approvisionnement des médicaments dans le secteur. Combien de temps cela va-t-il durer? C’est une question qui reste posée…

« Plus jamais de rupture de médicaments … »

La directrice adjointe de la CAMEC, Dr Fadly, a soutenu que «des dispositions sont prises pour ravitailler suffisamment le marché en produits pharmaceutiques» et ce, à travers l’ouverture de nouveaux dépôts pour accueillir les nouvelles commandes. En clair, «trois containers de 40 pieds et un container de 20 pieds sont déjà au port de Nouakchott», soutient-elle, avec diverses gammes de médicaments de différentes classes thérapeutiques. Il s’y ajoute «six autres containers en transit dans les ports intermédiaires qui seront au port de Nouakchott d’ici deux semaines à un mois maximum», à en croire nos interlocuteurs de la CAMEC.

D’ailleurs, la directrice a souligné que «n’eût été la crise du Covid-19 qui a impacté sur le travail de la CAMEC, les produits seraient disponibles depuis longtemps dans le marché».

Notre enquête, qui nous a conduits dans les nouveaux dépôts de la CAMEC dont trois à côté de la clinique Ibn Sina, 1 magasin près de la société de téléphonie mobile Chinguittel et un autre au dépôt du PAM sur la route de la cité Plage. Ces dépôts sont prêts à accueillir ces containers au port et ceux annoncés dans les ports de transit. C’est pourquoi, la directrice soutient qu’il n’y aura «plus jamais de rupture de médicaments» dans le circuit d’approvisionnement et de distribution des médicaments essentiels en Mauritanie.

« Nous avons aussi la confiance des bailleurs » (laboratoires fabricants), renchérit-elle, avant de soutenir que «le Ministère de la santé déploie des moyens conséquents pour la mise à disposition dans les structures publiques les médicaments».

Pour Sidi Mohamed, gestionnaire des stocks, «la CAMEC a prévu des stocks pour le privé», soulignant que «des produits sous monopole comme les antibiotiques et certains psychotropes et cardiologiques seront en quantité suffisante». Et même ceux «sous monopole du privé».

De son côté, Dr Taleb Mohamed, inspecteur, a indiqué que «la CAMEC assure le ravitaillement des DRAS à travers les agences de la CAMEC qui approvisionnent les hôpitaux des wilayas et les postes de santé» à l’intérieur du pays.

La santé publique est l’affaire de tous. L’Etat doit toujours prendre ses responsabilités pour l’approvisionnement en quantité suffisante et de qualité des produits pharmaceutiques.

Ibou Badiane





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Commentaires (2)

  • moukhabarat (F) 08/06/2020 13:42 X

    L'Etat doit être un régulateur et non un concurrent au secteur privé qui est beaucoup plus efficace que lui. La Camec doit donc revenir à sa mission originelle de fournir des médicaments génériques de base pour les structures de santé.

  • DocteurM (H) 07/06/2020 22:39 X

    Avec la volonté politique et un état qui joue bien son rôle régalien, il est très facile de mettre de l'ordre. C'est vrai qu'il est difficile dans un pays de spéculation commerciale de mettre de l'ordre dans une activité de commerce de drogues légales. Mais, si la CAMEC joue bien son rôle de régulateur du marché des médicaments, la population a tout à y gagner, avec les prix qui vont baisser, mais surtout la garantie de disponibiliser des médicaments de qualité.