11-07-2020 00:10 - Chronique : Les Voies du développement | Alerte ! ici la terre ! Je me meurs !

Chronique : Les Voies du développement | Alerte ! ici la terre ! Je me meurs !

Peinda Diop - Sous le regard inconscient de l’Homme, la terre se meurt, la nature se dégrade et très peu y sont sensibles malgré les vagues de campagnes organisées par les militants pour la sauvegarde de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.

Les responsabilités sont multiples et pendant que les uns indexent les autres, nos océans, nos cultures, nos bovins subissent de graves dommages et notre éco système vit ses heures les plus sombres. De l’action des industries extractives, à notre comportement individuel, en passant par la précarité des actions des autorités compétentes en la matière, des solutions s’imposent.

Sur quel levier faut-il aujourd’hui vraiment mettre l’accent pour espérer assister à un meilleur sort pour notre planète, celle la même que nous lèguerons en héritage à notre descendance ?

Depuis la nuit des temps, nous nous réveillons sous le rythme naturel de l’alternance entre le jour et la nuit. Bercés par le réveil de l’aube naissante, avec son air frais, le bruit des oiseaux, le parfum des fleurs qui éclosent, celui des belles plantes lorsqu’elles respirent et nous apportent une si belle énergie. Nous entendons le grondement de la mer et nous observons admiratifs la beauté de la nature, les prairies, les oasis, et dunes à perte de vue nous laissant béant de contemplation. Et tout nous semble acquis.

Mais tout cet écosystème suit un ordre particulier. Il suffit de la moindre modification, au niveau d’éléments semblant presque anodins pour nous autres, pour que tout s’effrite. Et que des changements s’opèrent à plusieurs niveaux, affectant nos vies quotidiennes sur plusieurs plans. À des niveaux qu’on ne pourrait s’imaginer.

Changement climatique et gaz à effet de serre

Quand les experts nous parlent de changement climatique, qu’est-ce que cela signifie réellement ? A part nous faire tous penser au réchauffement de la planète et aux conséquences que cela pourrait entrainer ?

Eh bien, nous n’avons pas tort. Certaines pollutions dans l’air, causées par l’activité de l’homme induisent des changements climatiques qui se traduisent par un réchauffement de la planète.

Depuis le début de l’ère industrielle en 1750, nous constatons un accroissement de l’effet de serre dont une forte proportion est d’origine anthropique (due à l’activité humaine). Les émissions de gaz à effet de serre sont donc en grande partie à la base des changements climatiques.

Tenez-vous bien, car si ces gaz vous étaient cités, ils vous paraitraient bien familier, pour la simple raison que cela est dû à leur usage de façon omniprésente dans notre vie quotidienne, de manière directe ou indirecte. Parmi plus d’une quarantaine de gaz à effet de serre recensés par le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) figurent : Le dioxyde de carbone (CO2) principalement issu de la combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon) et de la biomasse. Le protoxyde d’azote (N2O) provenant des activités agricoles, de la combustion de la biomasse et des produits chimiques comme l’acide nitrique.

Le méthane (CH4) essentiellement généré par l’agriculture (rizières, élevages), les gaz fluorés (HFC, PFC, SF6) utilisés dans les systèmes de réfrigération et employés dans les aérosols et les mousses isolantes ainsi que les PFC et le SF6 utilisés dans l’industrie des semi-conducteurs.

Causes, conséquences et bouleversements en chaine

Il est aisé de voir d’où provient l’émission de ces gaz à effet de serre et quels types d’activités humaines sont en causes. En effet, une partie des émissions provient de la production et de la distribution de gaz et de pétrole, de l’extraction du charbon, de leur combustion et des décharges.

L’on apprend également que les gaz fluorés (largement répandus dans les conditionnements d'air, les réfrigérateurs, les mousses isolantes et même dans certaines chaussures) ont une très longue durée de vie et un très fort pouvoir de réchauffement qui est de 1 300 à 24 000 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. Rien n’est donc à négliger.

Aujourd’hui, même si nous parvenions à réduire notre niveau d’émission de gaz à effet de serre, ce qui est déjà un véritable challenge en soi, cela ne suffirait pas à stopper le changement climatique. Toujours selon GIEC, les gaz déjà émis s’accumulent dans l’atmosphère et cette condition perdurera après 2100. Les conséquences sur notre planète pourraient provoquer les pires des scénarios jusque-là envisageables. Parmi lesquels, l’intensité des catastrophes naturelles causant inondations, sècheresses, tempêtes, cyclones, menaces de disparition de certains espaces côtiers, la recrudescence de certaines maladies, la baisse de la biodiversité entrainant la disparition d’espèces animales ou végétales.

Le moindre changement au niveau de l’écosystème pourrait amener des modifications avec des ramifications énormes. En d’autres mots, les effets des changements climatiques sur la biodiversité, la sècheresse, pourraient provoquer la disparition de beaucoup d’espèces animales, nuire à l’agriculture et causer des famines pouvant entrainer des mouvements de populations provoquant ainsi un chamboulement total dans nos modes de vies actuels.

Préserver notre biodiversité, un enjeu de taille

A tous les niveaux nous sommes plus qu’impliqués par les effets dus aux changements climatiques, ainsi que la sauvegarde de notre environnement. La Mauritanie jouit d’un écosystème avec une biodiversité très riche. Notre pays figure parmi les pays aux côtes les plus poissonneuses au monde. Nous avons le banc d’Argun qui est un havre paradisiaque où se retrouvent des milliers d’espèces d’oiseaux migratoires du monde. A cela s’ajoute le parc Dawling classé site Ramsar en 1994.

Il a été demandé à un environnementaliste, ce que cela impliquait comme changement sur notre quotidien. Sa réponse fut à la fois inédite et surprenante. Voici ce qu’il répondit : « Les changements climatiques vont affecter notre quotidien, jusqu’à nous priver très probablement de notre bon vieux Thiébou Djeun».

Mais comment cela se pourrait-il ? Quel lien y a-t-il entre les industries extractives, la pollution de l’environnement et notre cher poisson ? Pour illustrer ces propos, il dit ceci « la nature est une chaine alimentaire et toutes les espèces vivantes dépendent les unes des autres. Les métaux lourds qui sont utilisés dans les industries sont de natures à exterminer plusieurs espèces ».

Ainsi donc entre autres, l’effet de l’acidité des océans sur la destruction du corail, la diminution des ressources halieutiques, pourraient avoir une incidence sur notre bien aimé Thiebou Djeun.

Les rejets de ces métaux peuvent être responsables de multiples pollutions. Et par effet domino c’est toute notre biodiversité qui pourrait être ainsi menacée. Il y a donc toute une corrélation entre divers éléments avec des conséquences très lourdes sur la sécurité alimentaire, sur la santé et l’économie.

Une responsabilité collective face à la protection de notre environnement, notre biodiversité

Pour être efficient face à la lutte contre les changements climatiques, de nombreuses résolutions ont étés mises en place afin d’aborder la question sur plusieurs fronts. Il s’agit notamment des reformes relatives aux lois sur l’environnement, de la multiplication des actions de reboisement ainsi qu’une politique de communication holistique et multidimensionnelle.

Concernant les industries extractives, leur responsabilité est directe et leur engagement est souvent très marqué. D’ailleurs, en Mauritanie avant même la signature de permis d’exploitation, les sujets relatifs au réaménagement et à la restauration des sites miniers sont abordés lors des études d’impact environnemental et social pour préserver les populations environnantes. La gestion des sols de l’eau, des émissions atmosphériques et de la préservation de la biodiversité est au centre des discussions.

Il n’est plus permis d’exercer dans ce domaine sans avoir affaire aux défenseurs de l’environnement et sans être confronté aux questions liées à la sauvegarde de l’environnement et des communautés environnantes avec le gendarme de l’environnement qui est la Direction du Contrôle de l'Environnement (DCE). Et c’en est ainsi pour beaucoup de pays.

Le monde n’en est pas arrivé à ce niveau de conscience par hasard. Dans de nombreux pays, des sit- in, l’engagement de milliers de jeunes, la conscience de certains décideurs, sont la conséquence de changements conséquents au niveau des politiques gouvernementales en matière environnementale, poussant ainsi les entreprises à suivre et à adopter de plus en plus une attitude responsable face à la préservation de l’environnement.

Néanmoins le chemin est encore long en Afrique et surtout dans notre chère Mauritanie. Les changements induits par les changements climatiques ainsi que les menaces contre notre environnement se voient de plus en plus sur le plan sanitaire, et ont des effets sur notre quotidien tellement énorme, qu’il n’est plus envisageable de demeurer les yeux fermés.

Face à ceci les questions qui se posent sont les suivantes : Faut-il impliquer nos enfants dans cette responsabilité ? Faut-il revoir l’éducation de l’Homme face à la nature ? Faut-il intégrer un volet environnement dans les programmes scolaires, créer des activités de sensibilisation, de tel sorte que tous se sentent définitivement responsables et impliqués dans la sauvegarde de notre planète ?

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Dans cette chronique périodique intitulée « Les Voies du développement », Peinda Abdoulaye Diop, Directrice de l’agence de communication pour le Développement SAHELIA C4D, étale dans un style simple et pragmatique sa vision sur des sujets de développement qui lui tiennent à cœur.

Très portée sur les problématiques de développement que connaissent nos pays d’Afrique, elle présente de son angle de vue son avis sur des sujets majeurs qui nous interpellent tous !

Un style, une plume au service du développement durable !





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Source : Peinda Diop
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