26-06-2021 23:32 - Redresser la barre

Redresser la barre

Le Calame - 1. L’état des lieux

Des agressions abjectes et récurrentes contre les plus démunis des Mauritaniens:

des femmes et des enfants, sans abri, sans support, sans défense; la banalisation médiatique de l’apologie du crime raciste et haineux, sous le prétexte fallacieux d’ouverture politico-démocratique ; une recrudescence du tribalisme, du “frangisme” et de l’influence surannée des entourages privés des hauts responsables du pays;

le retour en force des hommes de la période d’exception (PRDS) et de leurs prestidigitations nocives (crise de la “référence” à l'UPR), ces prestidigitations contre lesquelles le pays se croyait être définitivement à l’abri;

un paradoxe politique difficilement explicable: une majorité qui, au lieu de s’en tenir à la mise en œuvre scrupuleuse du programme électoral (en droite ligne du bilan de la « décennie ») sur la base duquel elle fut élue lors des dernières échéances électorales, s’active ostensiblement à en appliquer « l’antithèse », le programme de l’opposition (ce programme rejeté, en son temps, par le corps électoral de ce pays), déstabilisant ainsi cette opposition hétéroclite, au point de la « museler » et de perturber, par ricochet, le fonctionnement régulier d’institutions publiques clés ;

une flambée exponentielle des prix des denrées de première nécessité, menaçant de réduire à néant le petit noyau de classe moyenne multiraciale, notamment des fonctionnaires, seul garant plausible de la cohésion sociale du pays et de sa stabilité politique, et faisant planer le spectre de la famine sur les zones les plus marginalisées du territoire, loin des projecteurs et des micros;

une politisation sélective du thème de la lutte contre la gabegie, au moment où un faisceau d’indicateurs convergent pour révéler la recrudescence, au vu et au su de nombre d’observateurs, des pratiques népotistes, corruptrices et prévaricatrices; des accointances affichées avec la composante ultra-conservatrice du paysage partisan national; une prolifération des discours irrédentistes sur les réseaux sociaux; l’épineux dossier de la drogue et sa facture sociale et sécuritaire, etc.

2. Quelques actions de “salubrité publique”

Face à un tel tableau sombre, vu le contexte géopolitique agité qui est aujourd’hui le nôtre et en consolidation de la stabilité institutionnelle du pays, il convient de redresser la barre.

La responsabilité, toute la responsabilité morale et politique repose sur l’actuel président de la République, seul garant, devant Dieu et au vu du serment prêté en faveur du respect pointilleux des dispositions pertinentes de la loi suprême du pays, de la préservation des intérêts vitaux du pays, spécialement ceux des plus démunis, des plus vulnérables, des sans voix.

Pour ce faire, la première urgence, pour le président de la République, devrait consister à juguler les menées clivantes et subversives de ceux qui avaient provoqué l’échec de certains de ses prédécesseurs; car, au pouvoir, une élite essentiellement composée de médiocres “hirba-iyine” (caméléons ) peut certes s’adapter à n’importe quel environnement, d’un point de vue chromatique et physique, ou redéployer, à la commande, son sinistre “écran de fumée” laudateur, mais ne peut guère contribuer significativement à bâtir un État moderne, juste et prospère.

Le pays regorge de talentueux jeunes cadres à même de prendre avantageusement la relève; il convient de leur en offrir l’opportunité. La deuxième urgence devrait viser à corriger le paradoxe politique susmentionné, en dialoguant, certes, avec l’actuelle opposition amorphe, mais aussi en suscitant l’espoir chez ceux qui souffrent le plus parmi les citoyens de ce pays, via une évaluation méticuleuse, sans tabou ni complaisance, des enjeux sécuritaires actuels et en y apportant des réponses tangibles et quantifiables sur le terrain ; la résurrection de l’espoir pourrait aussi consister à convoquer des élections municipales ou régionales ou parlementaires anticipées, dans le dessein de permettre aux populations de choisir des représentants au diapason de leurs préoccupations et problèmes actuels, après que des événements majeurs, telle la crise aiguë liée à la COVID-19, ont bouleversé le contexte national, régional et international.

Plus prosaïquement, il serait souhaitable de “réhabiliter” les boutiques «Emel», via leur ravitaillement régulier et en quantités suffisantes et l’augmentation de leur nombre, à l’effet de soulager les contraintes vitales quotidiennes des plus démunis d’entre nous.

En guise de conclusion, je souhaiterais affirmer que la tentation aujourd’hui perceptible, consistant à “casser le thermomètre” en réprimant toute velléité d’expression pacifique, cette précieuse “soupape de sécurité” (spécialement en “période de vaches maigres”), du désarroi populaire actuel, non seulement ne fera pas baisser la “fièvre”, mais risque fort d’engager le pronostic vital du “patient”.

Isselkou Ahmed Izid Bih Néyé

Universitaire





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Commentaires : 8
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Commentaires (8)

  • hayerim (H) 27/06/2021 23:45 X

    Analyse très pertinente. Espérons que les caméléons seront mis au dehors et que des actions concrètes soient entreprises pour assurer un niveau de vie décent aux populations en souffrance. Créer une vraie classe moyenne ç court terme devrait être la solution à nos problèmes. Le gouvernement actuel le pourra-t-il? That is the question!

  • hachmi (H) 27/06/2021 12:25 X

    Développe d'abord le traitement abject des pauvres biens du pauvre peuple mauritanien par ton ami, maintenant derrière les barreaux, que tu avais soutenu bec et ongle, avant de te raviser, on ne sait pourquoi. En ce moment seulement on t'écoutera sur tout autre sujet. Il y a des gens de votre espèce qui nous intéressent plus dans ce pays pris comme l'univers d'imbéciles incrédules.

  • salemsalem (H) 27/06/2021 11:47 X

    Ce prof de maths se trompe lourdement dans ses calculs comme d’habitude. Il n’a jamais compris que l’homme et la société ne peuvent être appréhendés comme de simples données chiffrées ou d'absurdes variables numériques obéissant mécaniquement aux règles mathématiques. Vous ne réalisez toujours paz où vos calculs cyniques et vos prévisions vous ont conduits. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de rectifier les défaillances de la gouvernance de Taya, (Dieu sait combien il y en a), mais plutôt de récupérer le butin issu du plus grand casse de l’histoire de notre pays dont vous fûtes l'un des maîtres d’ouvrage le plus zélé. En réalité la seule barre dont il est question, c’est celle à laquelle ton parrain sera appelé pour nous nous expliquer le miracle de son indécent enrichissement sans cause. Vos petites boutiques Emel sont née sur les cendres de notre emblématique sonimex elle-même sacrifiée sur l’autel des intérêts très particuliers du président fondateur (tel que vous-mêmes l’avait nommé dans les documents officiels de l’upr que vous avez essayé de diriger) bref. La sonimex démantelée pour y substituer un groupe privé proche du président fondateur désormais démasqué, voilà une barre à redresser… La création de Ira, le parrainage de Biram, la promotion de la théorie des équilibres intercommunautaires par le rapport de force au terme d’affrontements … sont quelques uns des éléments de vos calculs mathématiques qui ont débouchés sur les maux que vous recensez gauchement. Alors taisez-vous !

  • Marouane (H) 27/06/2021 11:47 X

    Ce qui se passe actuellement est la conséquence désastreuse de la décennie passée. Par ailleurs, nous sommes dans une période exceptionnelle marquée par la pandémie de la Covid-19. Actuellement l’État doit être fort et ferme car les esprits ont été érodés par la mafia qui a géré ce pauvre pays pendant plus d'une décennie. En fin, soyons sérieux, la sécurité d'un pays ne se juge pas à l'aune de quelques crimes marginaux.S'agissant des tribus ou autres marabouts, on s'en balance ! Tous les hommes sont nés libres et égaux, tout le reste c'est du baratin.L'hypocrisie politico-religieuse ne prend plus !

  • maham68 (H) 27/06/2021 11:14 X

    Très pertinent point de vue.

  • Faux-Parrains (H) 27/06/2021 10:59 X

    Redresser la bare, oui redresser la barre, la barre etait tordu déjà bien avant l’arriver de ceux qui sont là depuis votre depart, ce pays est encore en lambo depuis un certains temps, je suis vraiment désolé que vous tous vous avez accompagnés Aziz dans ce qu’il est convenu d’être appeler la decennei Aziz, vous devez repondre de vos responsabilités devant le peuple. Tous les homes qui se dissent riche dans ce pays sont accuses de Mal HARAAM, que Dieu nous gardes de cet argent sale.

  • almoudo3 (H) 27/06/2021 07:56 X

    Monsieur Isselkou, peut etre votre language est politique, mais en realite vous etiez a la commande du pays, Aziz comme votre patron. Vous nous avez laisse un pays exangue a cause de pillage sans vergogne.

  • Terrier (H) 27/06/2021 00:22 X

    Joli coup d’œil jeté en dessous d’un rideau soulevé à demi.... vous allez où et comment cette fois-ci prof ? et votre copain emprisonné vous n’en parlez plus ? Ou c’est une façon de dire ´´ ´´tenez , je n’ai pas pipé un seul mot le concernant malgré la conjoncture ... ça veut dire ce que cela veut dire !