29-06-2025 13:51 - Le Mali reprend le contrôle des mines d’or de Yatéla et de Morila

Apanews -
Le gouvernement malien a officialisé, le 27 juin 2025, le transfert intégral des actions des sociétés minières Yatéla S.A. et Morila S.A. à la Société publique SOREM S.A., marquant une nouvelle étape dans la reprise en main de ses ressources aurifères.
Le gouvernement malien a adopté, ce 27 juin 2025, deux décrets officialisant le transfert de la totalité des actions des sociétés Yatéla S.A. et Morila S.A. à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (SOREM S.A.), une entité publique créée en 2022.
Ce transfert inclut les parts précédemment détenues par des partenaires étrangers, à la suite d’accords de cession négociés au cours des années 2024 et 2025.
La mine d’or de Yatéla, située dans la région de Kayes, avait été créée en 2000 et exploitée jusqu’à 2016. À l’arrêt depuis cette date, elle appartenait à 80 % à la société Sadiola Exploration Limited, regroupant notamment AngloGold Ashanti et IAMGOLD, et à 20 % à l’État malien.
Le 16 octobre 2024, l’État a signé un contrat de cession de l’ensemble des parts détenues par l’actionnaire majoritaire. Selon les données publiées récemment, l’accord comprenait également une contribution financière de 36 millions de dollars pour couvrir les coûts de fermeture et de réhabilitation, ainsi qu’un versement de 4 millions de dollars au titre des obligations fiscales antérieures.
La mine de Morila, également créée en 2000, était initialement codétenue par l’État malien à hauteur de 20 %, AngloGold Ashanti à 40 % et Randgold Resources (aujourd’hui Barrick Gold Corporation) à 40 %. En novembre 2020, la société australienne Firefinch Limited a racheté les parts des deux opérateurs internationaux pour un montant de 29,7 millions de dollars.
Cette opération a été suivie de campagnes de forage qui ont permis d’identifier environ 2,43 millions d’onces d’or en ressources combinées (indiquées et inférées). Malgré ces résultats, Firefinch a suspendu les opérations en 2022, puis annoncé son retrait définitif en décembre 2023, invoquant des difficultés financières et opérationnelles.
Le 6 mai 2024, un protocole d’accord a été signé entre Firefinch et l’État du Mali, permettant à ce dernier de reprendre l’ensemble des actifs de la société Morila S.A. contre une somme symbolique d’un dollar américain.
En contrepartie, l’État a repris deux dettes contractées par Firefinch à savoir un prêt interentreprises de 102,7 millions de dollars et une dette additionnelle de 22,7 millions de dollars à l’égard de Morila Limited. Ces montants sont confirmés par le rapport annuel 2023 de Firefinch Ltd, publié sur le site de l’Australian Securities Exchange.
Les deux mines concernées avaient cessé de fonctionner ou opéraient à capacité réduite à la date du transfert. Aucun organe de gouvernance n’était fonctionnel et les obligations environnementales, techniques et sociales n’étaient plus assurées. Les décrets du 27 juin 2025 visent à restaurer la continuité juridique et opérationnelle de ces sociétés, en les rattachant à une entité publique chargée de leur réorganisation et éventuelle relance.
L’or représente aujourd’hui près de 70 % des exportations du Mali, avec une production annuelle dépassant les 70 tonnes selon les données consolidées de la Banque mondiale et de l’Institut national de la statistique.
La mine de Morila, à son pic d’exploitation, produisait jusqu’à 600 000 onces d’or par an. La mise en production partielle ou progressive de ces deux sites pourrait contribuer à accroître les revenus de l’État, sans toutefois qu’aucune prévision officielle de production ou d’investissement n’ait été publiée à ce stade.
La création de la SOREM S.A. s’inscrit dans une volonté de centralisation de la gestion publique des ressources minières. Son mandat couvre à la fois l’exploitation directe, la supervision technique et la valorisation aval, notamment à travers le projet de raffinerie aurifère de Sénou, dont les travaux de construction ont débuté le 16 juin 2025.
MD/AC/Sf/APA