13-08-2025 15:47 - Département d’État américain : pas de changements significatifs dans la situation des droits de l’homme en Mauritanie

Senalioune -- Un rapport publié mardi par le Département d’État américain indique que la situation des droits de l’homme en Mauritanie, en 2024, n’a pas connu de changements substantiels.
« Parmi les problèmes importants en matière de droits de l’homme, figurent des rapports crédibles faisant état de meurtres arbitraires ou illégaux, d’arrestations et de détentions arbitraires, de graves restrictions à la liberté d’expression et à la liberté des médias — notamment des arrestations injustifiées de journalistes — ainsi qu’une présence significative de l’une des pires formes de travail des enfants », indique le rapport.
Le rapport souligne que, bien que le gouvernement mauritanien ait pris des mesures pour identifier et sanctionner les fonctionnaires responsables de violations des droits de l’homme, certains ont continué à agir en toute impunité.
Selon le rapport, plusieurs exécutions arbitraires ou illégales ont été commises par le gouvernement ou ses agents au cours de l’année 2024.
Le 1ᵉʳ juillet, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays à la suite de la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’un faux message appelant à célébrer la prétendue victoire d’un candidat de premier plan de l’opposition à l’élection présidentielle.
À Kaédi, quatre hommes — Mbare Abdoulaye Diop, Harouna Mody Diallo, Abbas Hamady Samba Niang et Amadou Diobel — ont été arrêtés et placés en garde à vue par les gendarmes pour avoir participé aux festivités. Ils sont décédés le 2 juillet dans les locaux de la gendarmerie de Kaédi.
Les représentants des familles des victimes ont dénoncé des conditions de détention « inhumaines » : plus de trente détenus entassés dans une pièce exiguë, sans ventilation, sans eau et sous une chaleur accablante. Aucune enquête n’avait été ouverte sur ces décès.
Le 20 mars, un tribunal a condamné quatre des huit accusés — tous policiers, dont le commissaire de police Mokhtar Isselmou Siddou — à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir torturé et causé la mort de Soufi Ould Cheine en 2023. Un policier a écopé d’une peine de deux ans de prison, tandis que les trois autres accusés ont été déclarés non coupables.
Concernant la presse et la liberté d’expression, le rapport indique que les individus étaient généralement libres de critiquer publiquement le gouvernement, mais qu’ils étaient parfois victimes de représailles.
La Constitution et la loi interdisaient la propagande raciale ou ethnique ; toutefois, le gouvernement a parfois invoqué ces dispositions contre des opposants politiques, les accusant de « racisme » ou de « promotion de la désunion nationale » pour avoir dénoncé les mauvais traitements infligés aux populations marginalisées, en particulier à la communauté ethnoculturelle haratine et aux groupes subsahariens.
Le 29 février, la police a eu recours à des gaz lacrymogènes et a frappé les manifestants à coups de matraque pour disperser une marche organisée par l’Union nationale des étudiants mauritaniens à Nouakchott.
Plusieurs participants ont été blessés et hospitalisés à la suite de ces violences policières. Aucune enquête n’a été ouverte et aucune mesure disciplinaire n’a été prise à l’encontre des policiers impliqués.
Lors d’une manifestation, le 7 mai, la police a agressé le photographe de l’agence Alakhbar, Mohamed Ould Isselmou, ainsi que le journaliste Salek Zeïd, représentant de Reporters sans frontières, et a confisqué leur matériel. Aucune enquête n’a été ouverte et aucune mesure disciplinaire n’a été prise à l’encontre des policiers impliqués.
Ould Samba, un dirigeant de la communauté haratine, a dénoncé publiquement, le 2 octobre, via un blog vidéo, le racisme et l’exclusion des descendants d’esclaves dans les politiques et actions gouvernementales, critiquant directement le président et plusieurs hauts ministres. Il a ensuite été arrêté en vertu des dispositions de la loi sur les symboles nationaux, ses propos ayant été jugés critiques à l’égard des actions des responsables gouvernementaux.
L’impunité constituait un grave problème au sein des forces de sécurité, en particulier dans la Garde nationale et la Police nationale.
Selon des observateurs d’ONG, la politisation, la corruption et les tensions ethniques entre les forces de sécurité — contrôlées par les Beydanes, les Arabes connus localement sous le nom de Maures blancs, les Haratines et d’autres communautés noires subsahariennes — étaient les principaux facteurs contribuant à cette impunité.