20-08-2025 01:43 - Nouadhibou : les élus de Tawassoul dénoncent une « ville en crise » et pointent la responsabilité du gouvernement

SHEMS MAARIF - Dans une conférence de presse tenue le 18 août 2025, la coordination des élus du parti Tawassoul à Nouadhibou a dressé un constat sévère sur la situation socio-économique de la capitale économique de la Mauritanie.
Entre pénurie d’eau, coupures d’électricité, chômage élevé et infrastructures dégradées, les élus accusent le gouvernement de laisser la ville s’enfoncer dans un cycle d’abandon et de marginalisation.
Dans leur déclaration finale, les représentants de Tawassoul affirment que Nouadhibou traverse “des crises successives” et une “détérioration accélérée des services publics”, qu’ils imputent directement au gouvernement du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
« Malgré ses richesses halieutiques, ses ports et ses ressources naturelles, Nouadhibou est aujourd’hui un symbole de l’échec des politiques publiques », a déclaré un élu lors de la rencontre.
Le communiqué met en lumière une série de dysfonctionnements. Concernant l’eau potable, les élus évoquent des files d’attente quotidiennes pour accéder à une ressource de plus en plus rare, qu’ils qualifient de “véritable scandale d’État”. L’électricité connaît des délestages fréquents, accompagnés de coûts élevés qui affectent lourdement les ménages comme les unités industrielles.
La situation de l’emploi est également jugée préoccupante : malgré l’abondance des ressources, les jeunes de la ville se retrouvent sans perspectives, freinés par des politiques d’exclusion et une mauvaise gouvernance.
À Chami, commune voisine, une crise énergétique persistante continue sans réponse adaptée. Les orpailleurs artisanaux, quant à eux, seraient livrés à eux-mêmes, exposés à des risques sans encadrement, pendant que les ressources minières sont exploitées par des entreprises étrangères avec le soutien de la société Maaden.
Les zones rurales de la région vivent également dans un isolement profond, sans accès à l’eau potable ni aux infrastructures de base. Les éleveurs font face à une pénurie d’aliments pour bétail, en l’absence totale de soutien gouvernemental, ce qui menace les moyens de subsistance de nombreuses familles.
Les élus dénoncent également l’état d’insalubrité de la ville, où les ordures s’accumulent dans les rues, mettant en cause la gestion défaillante de l’Autorité de la Zone Franche. À Boulenoir, ils pointent un urbanisme désordonné et l’absence de planification, qui renforcent l’exclusion et la marginalisation.
Autre point de tension : la Zone Franche de Nouadhibou, initialement conçue comme moteur de développement, est aujourd’hui perçue par Tawassoul comme un facteur de blocage et de souffrance. Le parti critique le retard dans l’application de la loi modifiée en août 2024, restée sans effet concret, signe selon eux du mépris du pouvoir envers les préoccupations des habitants.
Enfin, les élus dénoncent une recrudescence des atteintes aux libertés, avec des pressions exercées contre les militants et blogueurs. La ville connaît, selon eux, des manifestations quasi quotidiennes émanant de différentes franges de la population, révélant un profond malaise social.
La coordination de Tawassoul à Nouadhibou appelle à des solutions urgentes aux crises en cours, tient le gouvernement pour responsable de l’effondrement des services, exige l’application immédiate de la réforme de la Zone Franche, et rejette toute tentative de museler la voix des habitants.
Pour les élus, la situation de Nouadhibou est le reflet fidèle de l’échec du système à l’échelle nationale, et constitue un véritable test de crédibilité pour le pouvoir en place.