20-08-2025 01:46 - Mauritanie: Reconnaissance de partis : ouverture contrôlée ou pression sur la liberté politique ?

Mauritanie: Reconnaissance de partis : ouverture contrôlée ou pression sur la liberté politique ?

POINTS CHAUDS - Le ministère de l’Intérieur a récemment délivré une première série de récépissés de reconnaissance à plusieurs partis politiques, une opération présentée comme conforme aux conditions légales. Cependant, cette décision soulève de sérieux questionnements sur l’équité et la transparence du processus.

Parmi les partis officiellement reconnus figurent « Nemaa », dirigé par Zeinab Mint Taghi, ex-députée islamiste ayant rompu avec le parti Tawassoul, et « La Mauritanie en avant » de Nourreddine Mahmoud. D’autres partis tels que « Ijmaa » de Jemil Mansour, « Al Khiyar Al Akhar », « Shūrā », « Construction nationale », et « Hassād » ont également obtenu leur reconnaissance.

L’examen de cette liste révèle une tendance claire : la majorité des partis légalisés entretiennent des liens étroits avec le ministère de l’Intérieur ou comptent parmi leurs dirigeants des personnalités favorables au pouvoir, malgré des passés dans l’opposition.

En parallèle, des partis dirigés par des figures critiques envers le régime comme le Parti de Biram et le partie du mouvement Kafana, ont été refusés, ce qui soulève des inquiétudes sur une possible instrumentalisation de la reconnaissance des partis à des fins politiques.

Les nouvelles conditions imposées un soutien d’au moins 5 000 personnes réparties sur huit wilayas — ainsi que la procédure de dépôt via une plateforme électronique, peuvent sembler administratives, mais dans les faits, elles favorisent les formations proches du pouvoir, renforçant un encadrement strict du paysage politique.

Cette situation survient alors que le gouvernement annonce l’ouverture d’un dialogue politique national, tandis que les partis d’opposition radicale restent exclus de la légalisation. Cela alimente le débat sur l’avenir des libertés politiques en Mauritanie, et certains observateurs redoutent un encadrement croissant de l’activité politique, sur fond de restrictions déjà perceptibles de la liberté d’expression.

En somme, si la formalisation de ces partis est présentée comme une avancée démocratique, elle révèle surtout une stratégie de contrôle et de sélectivité dans l’ouverture du jeu politique, laissant l’opposition critique marginalisée et questionnant la sincérité du dialogue annoncé.





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 2
Lus : 711

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (2)

  • Hartaniya Firilile (H) 20/08/2025 08:29 X

    Les partis politiques officiellement reconnus ne manifestent aucun enthousiasme ni satisfaction, conscients de leur incapacité collective à mobiliser suffisamment pour remplir une simple salle de théâtre. Ils s'apparentent à tout sauf à des formations politiques légitimes, agissant comme de simples extensions du ministre de l'Intérieur lui-même, personnage clivant et préjudiciable pour la Mauritanie. Ils doivent néanmoins prendre conscience que la population est désormais éveillée et ne se laisse plus abuser. Le ministère serait prêt à reconnaître un animal famélique plutôt que des hommes dignes et responsables surtout de couleurs. Personne ne félicitera ces partis compromis, personne ne qualifiera le ministre de rassembleur, personne ne lui reconnaîtra les compétences pour diriger ne serait-ce qu'une maison familiale en réunion. En revanche, nous partageons tous le constat que le ministre de l'Intérieur représente une menace pour la cohésion nationale.

  • Hartaniya Firilile (H) 20/08/2025 08:27 X

    Comme le souligne un commentaire sur cridem.org, le ministre de l'intérieur représente une véritable préoccupation pour la Mauritanie, particulièrement concernant l'unité nationale. Au-delà de simples tactiques de division, il semble compromettre les liens fondamentaux qui unissent notre nation pour imposer une vision unilatérale du pouvoir. La Mauritanie mérite pourtant une gouvernance qui respecte les aspirations politiques de tous ses citoyens. Les sentiments d'amertume qui semblent animer cet homme influencent malheureusement sa vision pour l'avenir du pays. Heureusement, aucun pouvoir n'est éternel, et sa trajectoire politique semble s'approcher de son terme. L'opinion publique mauritanienne paraît unanime dans sa perception de cet homme, le décrivant comme porteur d'idées clivantes et d'une vision contestable des droits des Mauritaniens.