04-09-2025 15:51 - Mali: les jihadistes du Jnim imposent un blocus à Kayes et Nioro, des proches du chérif de Nioro enlevés

Mali: les jihadistes du Jnim imposent un blocus à Kayes et Nioro, des proches du chérif de Nioro enlevés

RFI-Afrique -- Au Mali, les jihadistes du Jnim (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, ont déclaré l'entrée en vigueur d'un blocus sur les villes de Kayes et de Nioro du Sahel, dans le sud-ouest du pays, près du Sénégal et de la Mauritanie, conformément à une menace proférée début juillet.

Une annonce faite ce mercredi 3 septembre, après avoir intercepté plusieurs véhicules près de Nioro et enlevé des passagers proches du chérif de Nioro, Bouyé Haïdara, importante figure religieuse du Mali.

Il est environ 11 heures lorsque le Jnim intercepte plusieurs véhicules entre Bema et Diongo Mani, près de Nioro du Sahel. Selon les informations recoupées auprès d'habitants, de notables de la zone et de sources sécuritaires maliennes, les jihadistes sont repartis avec deux 4x4 appartenant au chérif de Nioro (ou mis à sa disposition), Bouyé Haïdara, une personnalité religieuse très influente au Mali.

Avec surtout plusieurs otages : les deux chauffeurs et deux adolescents, membres de la famille du chérif. Les autres passagers, les femmes et des hommes n'étant ressortissants ni de Kayes ni de Nioro du Sahel, ont été relâchés.

Blocus et menace sur le carburant

Car le Jnim, dans des vidéos diffusées dans la soirée, a revendiqué ces enlèvements – sans donner de précisions – et décrété l'entrée en vigueur d'un blocus précisément sur ces deux villes. Plusieurs sources indiquent que des camions ont effectivement été incendiés hier, mercredi 3 septembre, entre Kayes et Nioro.

Dans leurs vidéos de propagande, les jihadistes annoncent également leur intention d'empêcher l'importation de carburant au Mali, mettant directement en garde les transporteurs qui viendraient du Sénégal, de Mauritanie, de Guinée ou de Côte d'Ivoire avec des camions-citerne. Le Jnim menace enfin les passagers de la compagnie Diarra Transports, nommément citée et accusée de proximité avec les autorités de transition.

L'application d'une menace proférée début juillet : le Jnim avait alors mené une série d'attaques sanglantes le long des frontières sénégalaise et mauritanienne, et reprochait aux habitants de Kayes et de Nioro d'avoir soutenu l'armée malienne. Depuis, les jihadistes ont saccagé ou brûlé des engins de chantier et des sites industriels, mais le trafic dans la région a surtout été perturbé par le mauvais état de la route de Kayes et par les pluies diluviennes.

En janvier 2025, le Jnim avait revendiqué l'enlèvement d'un autre chef religieux de Nioro du Sahel, Thierno Amadou Hady Tall, avant d'annoncer sa mort. Un décès que sa famille et des sources sécuritaires maliennes jugent toujours incertain, aucune preuve n'ayant été apportée.

Asphyxier le pays

Si le Jnim parvenait à mettre en œuvre ses menaces, les conséquences pourraient être graves pour les habitants de Kayes et de Nioro, empêchés d'entrer ou de sortir de leur ville, mais plus largement pour le reste du Mali : selon de nombreux analystes, le Jnim cherche à asphyxier le pays et particulièrement sa capitale, Bamako, largement approvisionnés via la route de Kayes. C'est ce qui ressortait notamment d'un rapport du Timbuktu Institute publié en avril 2025.

Aucune déclaration des autorités de transition

L'armée malienne et les autorités de transition n'ont, à ce stade, fait aucune déclaration, ni sur les enlèvements des proches du chérif de Nioro, ni sur l'instauration du blocus.

Les jihadistes du Jnim soumettent déjà de nombreux villages à de tels blocus, particulièrement dans le centre du pays.

Face à la menace jihadiste grandissante, les autorités ont instauré en juillet des restrictions de circulation et des couvre-feux nocturnes à Kayes, Nioro et dans plusieurs autres régions maliennes, comme Ségou ou Sikasso.

Par : David Baché



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Source : RFI-Afrique
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