20-09-2025 18:00 - La montagne a accouché d’une souris : un remaniement en dessous des attentes

Depuis plusieurs semaines, les rumeurs d’un remaniement ministériel alimentaient la scène politique nationale. Beaucoup espéraient un souffle nouveau, d’autres attendaient une redistribution profonde des cartes.
Nombreux étaient ceux qui réclamaient une équipe resserrée, compétente et résolument tournée vers l’action, capable de répondre aux défis multiples et urgents qui assaillent notre pays.
Les annonces sont désormais tombées, et le constat est amer : quelques ajustements timides, le retour d’anciennes figures du système, de simples permutations entre portefeuilles… Rien qui puisse incarner le changement ou annoncer une rupture. La montagne de spéculations a finalement accouché d’une souris.
Ce non-choix confirme ce que beaucoup redoutaient : le président Ghazouani semble désormais installé dans ce que certains décrivent comme la dernière phase de la pyramide du pouvoir. Une phase où il ne s’agit plus de convaincre par une vision ni d’inspirer par un projet, mais seulement de préserver un équilibre fragile fait de clientélismes et de rentes.
Le processus suit une mécanique désormais classique :
• Première étape : susciter l’enthousiasme par des promesses fortes et afficher une volonté de rupture. On se souvient encore de ses visites sur le terrain, à l’hôpital national ou dans les services publics défaillants, lorsqu’il affirmait avec fermeté que les chantiers étaient immenses et que des solutions étaient en préparation. L’espoir était alors permis.
• Deuxième étape : consolider les clans au pouvoir, distribuer les postes non pas au mérite mais selon les équilibres tribaux et les alliances héritées, minimiser les échecs de gestion et étouffer les rapports accablants sous la poussière de la realpolitik.
• Dernière étape : ignorer les fautes, accuser l’opposition et la société civile de mauvaise foi, délégitimer toute critique comme « anti-nationaliste », et se poser en ultime garant d’une stabilité factice, au prix d’un chantage implicite : après moi, le chaos.
Le problème est que la Mauritanie ne peut plus se permettre ce jeu dangereux. Le pays traverse une situation inédite et potentiellement explosive :
• Sur le plan sécuritaire, la menace d’une extension de la guerre civile au Mali plane comme une épée de Damoclès. Des infiltrations, des attaques et une instabilité larvée frappent déjà nos régions frontalières.
• Sur le plan social, la grogne s’intensifie, alimentée par un chômage endémique des jeunes, une précarité croissante et la montée de discours identitaires qui exploitent les fractures communautaires.
• Sur le plan politique, le spectre d’un coup d’État – aussi improbable qu’on veuille le croire – ne peut être totalement écarté dans une région fragilisée. Une telle éventualité serait catastrophique pour notre pays et pour la sous-région, rappelant les douloureux épisodes de 2003.
Face à cette triple urgence – sécuritaire, sociale et démocratique – ce remaniement minimaliste apparaît comme une fuite en avant. Il révèle un pouvoir crispé, replié sur lui-même, incapable de prendre les décisions audacieuses que la conjoncture impose.
La Mauritanie a besoin, plus que jamais, d’un véritable sursaut national. D’une équipe légitime et compétente, portée par une volonté claire de changement. Les femmes et les hommes de bon sens, toutes sensibilités confondues, doivent comprendre la gravité du moment et assumer leurs responsabilités.
L’avenir du pays est en jeu. Le temps des replâtrages est révolu. Ce qu’attend le peuple mauritanien, digne et résilient, ce n’est pas l’immobilisme des calculs politiques, mais le courage d’un projet commun de progrès et d’espérance.