Le colonel à la retraite Dia Elhadj Abderrahmane s’est éteint le 29 janvier 2024, à son domicile de Nouakchott, des suites d’une longue maladie. 

Officier supérieur respecté, ancien ministre et ancien secrétaire général du ministère de la Défense, il laisse derrière lui l’image d’un homme de rigueur, de principes et de patriotisme.

Ses funérailles, marquées par les honneurs militaires et une prière mortuaire à la mosquée Ibn-Abbas, ont rassemblé autorités, camarades d’armes, proches et anonymes, avant son inhumation dans sa ville natale de Boghé, au sud du pays.

Une carrière militaire hors norme

Formé dans les meilleures académies militaires – de l’Académie royale de Meknès à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, en passant par l’École de guerre d’Allemagne – Dia Elhadj Abderrahmane incarne une génération d’officiers qui ont bâti l’ossature de l’armée mauritanienne moderne.

Commandant successif des 2ᵉ et 5ᵉ régions militaires, il a assuré la défense de zones stratégiques comme le Tiris-Zemmour au nord et le Hodh El Chargui au sud-est. Son passage à la tête de la direction des transmissions militaires a marqué un tournant décisif, modernisant les systèmes de communication et professionnalisant une génération entière d’officiers supérieurs. À l’état-major, il occupa également des postes clés : directeur du génie militaire, vice-président de la Cour spéciale de justice et président de la chambre militaire.

L’homme d’État

L’officier savait aussi troquer l’uniforme pour l’habit d’homme politique. Ministre du Commerce et des Transports (1986-1987), puis de la Fonction publique, du Travail, de la Jeunesse et des Sports (1987-1988), il fut plus tard secrétaire général du ministère de la Défense (2001-2008), sous deux présidences successives.

À la tête des Transports, il s’illustra par des réformes marquantes, notamment dans l’aviation civile, en imposant aux compagnies aériennes des horaires plus adaptés aux voyageurs mauritaniens. Une décision emblématique de sa conception exigeante du service public : mettre l’intérêt du citoyen au centre des politiques de l’État.

Un patriote discret et un sage respecté

Reconnu pour son intégrité, sa piété et son attachement aux valeurs, le colonel Dia combinait humilité et sens aigu de l’État. Ses proches décrivent un homme de principes, à la rhétorique mesurée, soucieux de justice et de droiture devant Dieu comme devant les hommes. À Boghé, sa ville d’origine, comme à Nouakchott, il était considéré comme un sage, consulté dans les moments de crise.

Au-delà de ses fonctions visibles, plusieurs témoignages évoquent son rôle discret dans des épisodes majeurs. Le khalife général de la confrérie Omarienne, Ceerno Madani Tall, a rappelé lors de ses funérailles que le défunt joua un rôle décisif dans l’apaisement des tensions entre le Sénégal et la Mauritanie, à une époque où les deux pays frères traversaient une grave crise.

Une mémoire vivante

Si ses états de service militaires et civils forcent le respect, ce sont surtout ses qualités humaines – sa générosité, sa discrétion dans l’accomplissement d’œuvres pieuses, son souci constant de l’intérêt général – qui ont marqué ceux qui l’ont côtoyé.

À travers les nombreux hommages, un portrait se dessine : celui d’un officier qui n’a jamais renié ses valeurs, d’un ministre attaché à l’efficacité et à la justice sociale, et d’un homme de foi qui a toujours placé son pays et sa communauté avant sa personne.

En célébrant la mémoire du colonel Dia Elhadj Abderrahmane, la Mauritanie rend hommage à l’un de ses serviteurs les plus exemplaires, dont le parcours continue d’inspirer ses contemporains et les générations à venir.

Dr. BA Abdoulaye Sidiki