La police doit recevoir une formation complète portant non seulement sur les aspects techniques du métier, mais aussi sur les droits humains, la dignité de la personne et le traitement à réserver à toute personne placée entre leurs mains, conformément à nos valeurs religieuses et aux conventions internationales. Porter l’uniforme ne doit pas être perçu comme un permis d’abuser de son autorité. Malheureusement, c’est le sentiment que dégagent trop souvent nos policiers sur les routes. Le ministre de l’Intérieur lui-même devrait être tenu pour responsable, car c’est sous son autorité que la DGSN agit.

Un simple toilettage ne suffira pas. Il faudra aussi s’attaquer au cœur du problème : ces commissaires, à Nouakchott comme ailleurs, qui ferment les yeux sur les rackets et autres dérives, couvrant ainsi des policiers devenus arrogants sur le terrain. Pourquoi ne pas confier enfin la Direction générale de la Sûreté nationale à un civil compétent ? Pourquoi ce poste reste-t-il systématiquement réservé à des généraux, souvent mal formés en droit et dépourvus de toute notion de respect ou de dignité humaine ? La vraie réforme ne viendra que lorsque la justice, la compétence et l’intégrité primeront sur les grades et les privilèges.

Ce limogeage est resté sans commentaire parmi vos collègues arabophones qui ont préféré ne pas lui donner l'apparence d'une sanction. L'annonce fut une surprise pour le concerné alors même qu'il s'apprêtait à embarquer, son protocole étant déjà en place pour le conduire à l'aéroport. C'est son épouse qui l'informa, elle-même prévenue par une amie. Pris au dépourvu, l'homme a simplement déclaré qu'il s'y attendait depuis quelques jours, victime selon lui des manœuvres d'un petit groupe, notamment du ministre de l'Intérieur qui l'aurait sacrifié pour conserver son propre poste.

Monsieur Kane, le président de la République Ghazouani semble toujours plongé dans une profonde inaction, et le plus préoccupant dans cette situation est l'utilisation des 50 milliards prélevés sur les deniers publics qui devaient embellir Nouakchott. Ces fonds n'ont produit aucun résultat visible, créant une situation d'échec total, particulièrement depuis le retour du Premier ministre de sa tournée dans le Golfe, voyage durant lequel il aurait réglé des affaires personnelles et effectué des dépôts bancaires. Les 50 milliards se sont évaporés tandis que les routes de Nouakchott demeurent en piteux état, aucun revêtement ne restant intact, même parmi ceux posés il y a à peine trois mois. Pourtant, Nouakchott n'a pas connu les pluies redoutées, bien que cela puisse encore survenir dans les jours à venir, quoique cela semble peu probable.

La police, institution contestée en raison de ses dysfonctionnements systémiques, peine à regagner la confiance des citoyens qui éprouvent davantage de crainte que de sécurité en sa présence. Malgré les changements de direction, sa réputation demeure entachée par des comportements répréhensibles, au point que certains estiment que c'est au niveau ministériel que des changements seraient nécessaires.