12-11-2025 20:16 - Chute de Bamako ? "Dans le désordre, tout peut arriver", dit l'ex-ministre Tiéman Hubert Coulibaly
France24 -- Dans un entretien accordé à France 24, Tiéman Hubert Coulibaly, ancien chef de la diplomatie malienne, alerte sur la situation sécuritaire au Mali.
Alors que le JNIM multiplie les blocus et que plusieurs pays occidentaux appellent leurs ressortissants à quitter le territoire, il estime que "dans le désordre, tout peut arriver". Il appelle la junte à dialoguer avec Iyad Ag Ghali et à "arrêter cette aventure avec ces mercenaires russes".
Depuis le mois de septembre, les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM) – affilié à Al-Qaïda et dirigé par Iyad Ag Ghali – mènent une stratégie d'étranglement de l'économie du Mali, en imposant des blocus sur plusieurs localités et sur les convois de carburant.
Bamako peut-il tomber aux mains des djihadistes ? "Une pression va continuer de s'exercer et cela pourrait conduire à un désordre général et dans le désordre, tout peut arriver", prévient Tiéman Hubert Coulibaly, ex-ministre malien des Affaires étrangères et de la Défense, exilé en Côte d'Ivoire depuis le coup d'État de 2020.
"Iyad Ag Ghali a sa place au Mali"
L'exécution de Mariam Cissé, jeune influenceuse fusillée par le JNIM, est "symptomatique d'une situation sécuritaire passée hors contrôle." Les Maliens sont "pris entre deux feux, celui des groupes armés terroristes, et puis d'autres qui sont pris sous le feu de la junte militaire", affirme-t-il. Sur le dialogue avec les groupes armés, l'ancien ministre déclare : "Iyad Ag Ghali est un Malien, donc il a le droit à l'expression, comme tous les autres Maliens.
Iyad Ag Ghali a sa place dans le Mali." Tiéman Hubert Coulibaly appelle le général Goïta à "ouvrir les voies du dialogue" avec les acteurs maliens, tout en excluant "tout groupe dirigé ou animé par des étrangers".
Face au péril djihadiste, la junte malienne s'est rapprochée de la Russie et de sa société de sécurité privée Wagner, remplacée par Afrika Corps, après avoir tourné le dos à l'ex-puissance coloniale, Paris.
Tiéman Hubert Coulibaly exhorte Bamako à "arrêter cette aventure avec ces mercenaires russes" qui "ont fait plus de mal au Mali qu'autre chose." Car pour l’ancien ministre, "les mercenaires étrangers, au lieu d'aider à stabiliser le Mali, ont aggravé les violences",
Texte par Sophian Aubin
