01-12-2025 15:43 - Électricité : la Mauritanie signe un accord stratégique avec le groupe finlandais Wärtsilä
LA TRIBUNE AFRIQUE - La Mauritanie cherche à sécuriser un approvisionnement électrique encore fragile, alors que la demande augmente et que les grandes villes connaissent des coupures récurrentes.
Le recours à des contrats de performance avec des entreprises étrangères fait partie de la stratégie nationale pour renforcer un domaine essentiel au développement économique.
La Société mauritanienne d’électricité (SOMELEC) a signé avec le groupe finlandais Wärtsilä un accord triennal de performance garantie pour la centrale thermique de 34 MW de Nouadhibou.
L’accord annoncé la semaine dernière confie à Wärtsilä une responsabilité élargie dans la maintenance, les révisions majeures et l’assistance opérationnelle, après un premier contrat limité à l’appui technique.
Partenariat renforcé
Selon les détails communiqués par les deux parties, la centrale équipée de deux moteurs Wärtsilä 32 et de deux moteurs Wärtsilä 46, assure une part importante de l’approvisionnement électrique de la capitale économique de la Mauritanie.
Le nouvel accord prévoit que l'entreprise déploie sur place trois conseillers techniques et un magasinier, en plus d’un appui à distance depuis son centre d’expertise. Il inclut la maintenance non planifiée, les révisions majeures effectuées toutes les 12 000 heures, et la fourniture de pièces de rechange pour les moteurs, les auxiliaires et les composants de sécurité.
« En élargissant notre partenariat avec Wärtsilä dans notre centrale électrique de Nouadhibou, nous renforçons la stabilité du réseau national, et assurons à la fois l’excellence opérationnelle à long terme et les performances futures de la centrale », a commenté Khroumbali Lehbib, le Directeur général de la SOMELEC. Du côté du groupe finlandais, l’accord est perçu comme une preuve de la confiance de la Mauritanie.
« C’est un excellent exemple de la manière dont Wärtsilä continue de renforcer un partenariat de long terme avec le client, en proposant des services plus complets et intégrés, qui garantissent la fiabilité et l’efficacité d’infrastructures électriques essentielles », a déclaré Patrick Borstner, son directeur des opérations en Afrique.
Une empreinte africaine qui se consolide
L’évolution du partenariat entre la SOMELEC et Wärtsilä intervient dans un contexte où ce dernier renforce depuis quelques années sa présence dans les infrastructures énergétiques africaines. Au Sénégal par exemple, l’entreprise a signé en 2022 un accord pour la modernisation et l’extension de la centrale alimentant la mine d’or de Sabodala-Massawa (la plus grande du pays) exploitée par Endeavour Mining. En 2024, c’est concernant une autre mine aurifère, celle de Boto, qu’elle a passé un accord avec Africa Power Services pour fournir moteurs et équipements auxiliaires à une centrale électrique de 17 MW.
Wärtsilä est aussi évoqué sur d’autres infrastructures électriques du pays, parmi lesquelles le projet de conversion au gaz naturel de la centrale de Bel Air à Dakar, ou encore la centrale électrique de Cap des Biches. À Madagascar, l’entreprise a élargi en 2024 un accord O&M (Opérations et Maintenance) existant avec QIT Madagascar Minerals, filiale de Rio Tinto, pour y intégrer une dimension de décarbonisation via l’optimisation d’un micro-réseau hybride mêlant moteurs, batteries et énergies renouvelables grâce à sa plateforme numérique GEMS.
En Zambie, elle assure depuis 2013 l’exploitation et la maintenance de la centrale thermoélectrique de Ndola Energy Company, un contrat renouvelé en 2024 pour sécuriser l’approvisionnement d’un réseau qui connait des tensions persistantes liées aux sécheresses affectant l’hydroélectricité. Ces différentes opérations illustrent le positionnement du groupe sur des services couvrant l’ensemble du cycle de vie des centrales.
Pour Wärtsilä, l’enjeu consiste à répondre à la demande croissante d’infrastructures fiables dans des systèmes électriques souvent caractérisés par une production thermique, des ressources intermittentes et des contraintes logistiques.
Stabiliser l’approvisionnement électrique en Mauritanie
Pour la Mauritanie, le nouvel accord doit participer à corriger des fragilités dans le système électrique national. Le taux d’accès dans le pays s’établit autour de 55% selon les données officielles, avec un contraste marqué entre les zones urbaines où il atteint environ 91%, et les zones rurales limitées à 6%. Malgré un meilleur niveau d’équipement, les villes de Nouakchott et Nouadhibou restent confrontées à des coupures régulières qui perturbent les activités économiques et le quotidien des ménages.
Les autorités visent un accès universel à l’électricité d’ici 2030, ce qui implique de desservir 3,4 millions de personnes supplémentaires et de moderniser un réseau marqué par des installations vieillissantes et des pertes élevées. Pour atteindre ce but, le pays a défini une trajectoire combinant le développement de ses ressources gazières domestiques et une montée rapide des énergies renouvelables, avec un objectif de 70 % de renouvelables dans le mix électrique à l’horizon 2030.
Ce plan repose sur la mise en service de nouveaux projets solaires et éoliens menés par des producteurs indépendants, la réduction des pertes techniques et commerciales de la SOMELEC, l’installation de compteurs intelligents et l’extension de l’électrification rurale par des mini-réseaux solaires. Dans cette stratégie, l’amélioration de la fiabilité des centrales existantes occupe également une place importante.
Louis-Nino Kansoun, Agence Ecofin
