27-10-2010 19:59 - Quelle fête de cinquantenaire pour le négromauritanien ?

Quelle fête de cinquantenaire pour le négromauritanien ?

En cette année 2010, dix sept pays africains, dont la Mauritanie célèbrent le cinquantenaire de leur indépendance. Cinquante ans d’age doivent représenter un moment privilégié pour s’adonner à une étude introspective, un diagnostic sans complaisance, pour mesurer le chemin parcouru.

Ainsi, l’histoire récente de la Mauritanie nous montre, de grandes étapes, dans l’évolution de notre pays. La première étape des années de l’indépendance, la vie politique de notre Etat est marquée par un monopartisme incarné par le président Moctar Ould Daddah.

Cette période, bien que marquée par l’absence de libertés réelles et de démocratie, avait le mérite de souder tous les mauritaniens autour de l’essentiel, l’enthousiasme de construire la nation mauritanienne.

Cette période fut également marquée par les prémices d’une politique d’arabisation galopante et le déclenchement de la guerre de Sahara Occidental, où des hommes valeureux, issus de toutes les communautés sont tombés sur le champ d’honneur. La deuxième étape, à partir de 1978, est appelée période des coups d’Etat, dont le pouvoir le plus marquant, fut celui du président Mohamed khouna Ould Haidalla. Cette ère a vu l’application de la charia islamique et l’avènement des structures d’éducation des masses.

Elle se distingue par la naissance d’un Etat fort, préoccupé par la lutte contre la corruption, l’instauration d’une justice sociale et l’équilibre entre les différentes communautés. C’est ainsi, que parallèlement à la politique d’arabisation, une politique de promotion des langues nationales fut entreprise, dont le point d’orgue fut la création de l’institut des langues. En 1984 un autre putsch secoue la Mauritanie, dirigé par le colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

Ce mouvement avait suscité une verve chez les mauritaniens, puisque l’objectif affiché était de promouvoir la démocratie et les droits de l’homme ; mais, les mauritaniens finissent vite par déchanter.

C’est ainsi que le colonel Taya fini par s’entourer de forces négatives, rétrogrades et d’idéologues lugubres, dont le principal dessein état de combattre les négromauritaniens. Preuve, ces événements tragiques de 1989 et 1994 qui ont abouti à la déportation et à des exécutions sommaires de negromauritaniens, s’inscrivent dans cette logique.

Sous le régime de Maaouiya, l’Etat est devenu faible et sectaire, noyauté par les forces négatives dont le seul objectif est d’exclure les negromauritaniens du jeu politique et des centres de décision économique, par la violation systématique des droits de l’homme, l’expropriation des terres et l’aliénation culturelle de cette composante de la population, en baptisant des villages entiers au Sud, notamment dans la vallée du fleuve Sénégal, en leur donnant une résonance arabe.

En 1987, l’élection démocratique du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi avait suscité d’immenses espoirs, mais cette expérience n’a pu aller jusqu'à son terme, à cause de l’instrumentalisation de certaines forces démocratiques. Par ailleurs l’élection du président Mohamed Ould Addel Aziz, en juillet 2009 dans la transparence, n’a pu se faire au premier tour que grâce à la solution de l’électorat du sud, qui voyait dans son programme électoral des raisons d’espérer.

Ainsi la grande prière posthume de Kaédi, l’engagement de régler le passif humanitaire et de rechercher la vérité sur les événements étaient autant de points positifs. Mais force est de constater aujourd’hui que cette ébauche de réconciliation est bloquée par les forces rétrogrades qui sont prêtes à sacrifier l’unité nationale, pour assouvir leurs ambitions personnelles mesquines.

En conséquence, la fête de cinquantenaire de l’indépendance doit être placée sous le signe de la réconciliation, en faisant une réflexion autocritique, pour bâtir la Mauritanie de demain. C’est dire, que compte tenu, des conflits communautaires qui ont émaillé l’histoire récente de la Mauritanie, une célébration festive, versant seulement à vanter certaines réalisations d’infrastructures économiques, ne peut obtenir l’adhésion de tous les mauritaniens.

Djibril Mamadou Diaw via MOML

Commentaires : 4
Lus : 1665

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (4)

  • Dentalleydi (H) 28/10/2010 09:16 X

    AUCUNE FETE.

    LISEZ LE CORANT ET PENSEZ AUX 28 DES VOTRES QUI AVAIENT ETE EXECUTES PAR LEURS "FRERES MUSULMANS" QUI SONT ABONNES AUX BONNES OUEVRES ET PRATIQUES DEPUIS CINQUNANTE ANS.

    CES POUR CELA QUE NOUS OCCUPONS LES 143ème ET 154ème RANGS DANS LES CLASSEMENTS SUR LA CORRUPTION ET LE DEVELOPPEMNT.

    DU BEAU TRAVAIL D'UNITE ET DE DEVELOPPEMNT.
    CONTUNUEZ.....................

  • simballa (H) 28/10/2010 08:20 X

    c 'est bien de faire une retro sur les événements majeurs qui ont marqués la vie de la nation, mais cet historique ne doit en aucun moment noyer votre titre " quelle fête de cinquantenaire pour les négromauritaniens"

    je doit dire que le 28 novembre ne représente plus un événement festif pour les populations du sud, elle marque pour nous l'apogé de la politique de dénégrification, de l'humiliation, car à cette date 28 valeureux soldas négroafricains ont étaient exécuter de la manière la plus sadique à INAL.

    si rééllement une y a une volonté de reconciliation nationale le gouvernement devrait avoir la gentillesse et le flaire de remettre les dépuilles de ces soldats a leur famille au lieu d'une priére posthume à kaédi, le peuple aurait pus faire une grande priére sur les corps avant qu'ils ne soit remis a leur famille. mais on continue de se voilé les face en poulard ont dit que ceux qui pile dans un même mortier ne doivent point se cachés leurs esselles.

    ce 28 novembre nous sortirons en masse avec les veuves et orphelins pour celébrer nos morts

  • keoule (H) 28/10/2010 02:10 X

    ATTENTION AUX DATES

    J’ai lu avec Ho combien d’intérêt ton article qui se veut un rappel historique des événements qui ont jalonné notre pays depuis son accession a l’Independence a nos jours. C’est bien entendu un résumé.

    «Cette période fut également marquée par les prémices d’une politique d’arabisation galopante et le déclenchement de la guerre de Sahara Occidental, où des hommes valeureux, issus de toutes les communautés sont tombés sur le champ d’honneur. La deuxième étape, à partir de 1978, est appelée période des coups d’Etat, dont le pouvoir le plus marquant, fut celui du président Mohamed Khouna Ould Haidalla. Cette ère a vu l’application de la charia islamique et l’avènement des structures d’éducation des masses »

    Haidallah n’a pas instaure les structures d’éducation des masses ( SEM ) mais bien Moctar O/ Daddah. Je comprends que ce fut un lapsus.

    « En 1987, l’élection démocratique du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi avait suscité d’immenses espoirs, mais cette expérience n’a pu aller jusqu'à son terme, à cause de l’instrumentalisation de certaines forces démocratiques. Par ailleurs l’élection du président Mohamed Ould Addel Aziz, en juillet 2009 dans la transparence, n’a pu se faire au premier tour que grâce à la solution de l’électorat du sud, qui voyait dans son programme électoral des raisons d’espérer »

    Je crois que Sidi O/ Cheikh Abdallah n’a pas été élu en 1987 mais 20 ans plus tard.. J’agrée que c’est une faute d’inattention ce qui n’enlève en rien la valeur historique de l’article. Seulement, d’dorénavant, relisez-vous avant de publier vos articles.

    Ceci dit, la question fondamentale reste sans réponse ou au moins la proposition d’une voie a suivre. CRIDEM est un portail qui permet le débat, il est important de faire des proposition sur un thème que nous exposons et soumettons à l’appréciation des lecteurs. Apres avoir expose les faits.

    La Mauritanie a besoin d’un réel débat ouvert sans idées préconçues avec une seule pensée prédominante : » LA SURVIE DU PAYS ».

    Tous les patriotes, qu’ils soient intellectuels ou simples citoyens, doivent se retrouver et discuter pour trouver une issue au « DRAME » car c’en est un, que vit ce pays.

    La commune religion de toutes les composantes est un élément mais ne peut pas a elle seule suffir pour établir un ciment d’unite Si tel était le cas, nous n’allions pas connaitre les douloureux événements qui ont endeuille notre pays. Nous devons mettre le doigt sur la plaie pour la soigner.

    Les cinquante états qui composent les Etats-Unis d’Amérique ne se sont pas unis parce que tout le monde étaient Chrétiens. La fédération Helvétique n’existe pas a cause de la religion, La récente Union européenne ne s’est pas créée en ayant comme ciment le christianisme.

    Il y a d’autres valeurs qui doivent renforcer la religion pour créer une unité nationale. Cerner ces valeurs, en discuter, peut déjà nous ouvrir des horizons nouveaux

  • Cheikh-TijaneBathily (H) 27/10/2010 21:00 X

    Excellent rappel historique, camarade! Mais êtes-vous sûr d'avoir répondu à la pertinente question que vous avez osée poser? Délicate, hein? Eh oui, contrairement à l'idée répandue, les réponses sont souvent plus troublantes que les questions!