07-12-2010 00:40 - Bilan : La Mauritanie a mal vécu son premier cinquantenaire.
Au centre de tout projet, de toute activité, de toute perspective, il y a l’homme dans toutes ses dimensions.
L’homme mauritanien, à ses 50 ans d’indépendance, n’est pas un bon citoyen, formé à préparer l’avenir. L’écrasante majorité des mauritaniens qui ont fêté ce cinquantenaire ne sont pas respectueux des droits fondamentaux des citoyens, ne sont pas convaincus des idéaux de la patrie et de la république, ce qui caractérise l’aspect laudateur de leur comportement.
L’homme mauritanien de 2010 n’est toujours pas un intellectuel digne de ce nom. Ceux des mauritaniens, bardés du label d’intellectuels et à ce titre chargés de la formation de la relève de demain sont en deçà de ce que l’on peut attendre.
Ils sont majoritairement auréolés du titre de professeur, de docteur sans qu’aucun grade universitaire l’autorise.
De concert avec un manque de réelle volonté politique du département de l’éducation, ils contribuent à démolir l’éducation nationale et l’enseignement supérieur que l’université devait symboliser. Il suffit de regarder dans quel état se trouve l’école de la république pour finir de se convaincre de la médiocrité de l’élite en charge de l’éducation et de la formation de notre jeunesse.
Le mauritanien de 2010 ne partage pas avec le monde des valeurs universelles que sont, entre autres, la préservation de la chose publique et de l’intérêt général, l’ordre, la discipline et le progrès. L’intégrité morale et intellectuelle n’est pas la chose qui caractérise le plus le mauritanien du cinquantenaire de l’indépendance.
Nous sommes plutôt les champions de la gabegie, de l’irrespect du bien public et les modèles de l’incompétence. Certains membres de notre actuel gouvernement sont l’illustration vivante de cette caractéristique.
Le mauritanien de l’an 2010 n’a pas le sens de l’ordre et de la discipline. Un regard autour de nous confirme cette remarque. Il n’y a pas de fraternité entre les mauritaniens de 2010, car nous ne sommes animés de reconnaissance mutuelle. Nous sommes plutôt exclusivistes les uns des autres comme le démontrent les conséquences des évènements de 1989/1991. Les conséquences de ces évènements n’ont pas encore interpellé notre conscience collective au point de le regretter et de vouloir de s’en repentir.
Les citoyens mauritaniens ne se parlent pas, n’utilisent pas les mêmes outils de langage et les mêmes concepts. Même à l’occasion des grandes messes officielles, il n’est plus souci de traduire pour garantir une compréhension générale.
50 ans après l’indépendance les mauritaniens ne s’aiment toujours pas.
Les citoyens mauritaniens n’ont pas la même vision des 50 prochaines années. Certains souhaitent une Mauritanie religieuse, régie par les seuls préceptes de la charia. D’autres souhaitent une Mauritanie dont les principales activités tournent autour du mercantilisme, du thieup-thieup, de la magouille et de la débrouille.
Pendant ce temps, d’autres rêvent d’une Mauritanie égalitaire, unitaire, démocratique, respectueuse des droits et des libertés, ancrée dans le développement, évoluant, en phase avec le monde moderne dans l’amitié, la fraternité ,avec une citoyenneté pleine et entière.
La Mauritanie dans la perspective 2030.
Le sentiment commun de l’ensemble de la Communauté nationale‘d’appartenir à une seule et même nation doit caractériser la célébration du centenaire de l’indépendance de la Mauritanie.
Pour cela, doivent, au préalable, avoir été rendus effectifs :
•Une reconnaissance mutuelle de tous les citoyens.
•Un respect réciproque sur la base de nos valeurs et de nos cultures spécifiques respectives.
•Une fraternité consciente et acceptée dans une communauté de destin.
- Une conscience d’un avenir commun dans un cadre unitaire.
- L’émergence d’un mauritanien nouveau, patriote et engagé dans l’édification d’une Nation égalitaire et prospère.
•L’émergence d’un citoyen conscient et formé à relever des défis majeurs de développement.
- L’instauration d’un Etat de droit fort et respectueux des droits et protecteur des libertés publiques et individuelles.
•L’instauration d’une république sociale et progressiste.
- Une indépendance réelle du législatif et sa conscience des valeurs qui commandent le fonctionnement régulier des institutions de la république.
- L’instauration d’une démocratie participative, garantissant aux citoyens leurs droits et leurs libertés.
- Formation et l’utilisation effective des cadres conscients et compétents.
- La mise en œuvre d’un cadre légal efficient permettant un exercice réel de la justice.
- Un pouvoir judiciaire conscient de sa mission et jaloux de son indépendance.
- La mise en place des structures et des infrastructures judiciaires adéquates.
- Une exploitation rationnelle de nos ressources nationales et naturelles, notamment halieutiques.
•Des rapports équilibrés avec nos partenaires commerciaux internationaux.
•Une juste et consciente répartition de nos richesses nationales.
•Une conscience effective et constante de la nécessité d’un développement endogène de la nation.
Diaw Abdoulaye Djimmé
Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.
