20-12-2010 22:02 - El Houcein Dieng, Secrétaire général IRA
"Nos actions ne seront en rien entravés par l’emprisonnement ou l’élimination de Biram Ould Dah Ould Abeid".
Dans la foulée des rebondissements que connaît chaque jour le cas de Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), arrêté lui et six de ses compagnons depuis près d’une semaine suite à la dénonciation d’un cas supposé d’esclavage à Arafat, El Houcein Dieng, Secrétaire général du mouvement donne sa version des faits, suite aux articles contradictoires publiés dans la presse et relatifs à cette affaire.
L’Authentique : comment cette affaire a éclaté et qu’est-ce qui s’est réellement passé?
El Houcein Dieng : nous avons été alertés par un militant du parti APP et membre de S.O.S Esclaves sur un cas d’esclavage à Arafat. Après avoir mené notre petite enquête, nous nous sommes rendu compte qu’il s’agissait bien d’un cas d’esclavage. Nous avons alors saisi le Hakem d’Arafat qui a bien géré le dossier, car il a saisi aussitôt le commissaire pour enquêter sur ce cas.
Lorsque l’accusée et les deux fillettes sont arrivées au commissariat, nous avons exigé d’être présents à l’interrogatoire pour éviter que l’affaire ne se termine par un arrangement secret dans les couloirs de la police, comme cela arrive souvent.
Nous aurions aimé être présents pour assister ces filles car elles sont mineures et pourraient être facilement manipulées sous l’effet de la peur et du choc psychologique qu’elles devaient vivre face à l’autorité de la police.
On nous a refusé cette assistance. Nous maintenons qu’il s’agit d’un cas avéré d’esclavage et que si même ont chercherait à maquiller ce cas comme un travail domestique, nous rappelons que l’ordonnance 2005/015 du 5 décembre 2005 interdit formellement le travail des mineurs, mais aussi les textes de l’Organisation internationale du travail ratifiés par la Mauritanie.
Alors que les militants étaient massés devant le commissaire, la police a chargé avec matraques et grenades lacrymogènes…
L’Authentique : on soutient que le militants d’IRA ont agressé les policiers t qu’il y a eu même des blessés ?
El Houcein Dieng : c’est archi faux. Contrairement à tout ce qui a été écrit, les militants étaient là de bonne foi et n’étaient nullement armés. Un scénario a été fabriqué pour enfoncer les leaders du mouvement et particulièrement Biram que les autorités cherchent depuis longtemps. Birame comme tous les membres d’IRA, nous ne nous attaqueront jamais à un symbole de l’Etat et la police pour nous en est un.
Mais ce qui nous préoccupe présentement, ce n’est pas que Biram soit libéré, mais c’est le sort des deux fillettes. Et nous ne doutons guère qu’elles et leurs familles seront l’objet de fortes pressions pour présenter les choses autrement. Nous voulons que cette affaire soit tirée au clair et je pense que les chancelleries occidentales et les organisations internationales présentes à Nouakchott ne sont pas dupes.
Nous craignions que ce problème ne se termine dans le flou et que les victimes se retrouvent du jour au lendemain en accusateur. Malheureusement cela semble être le cas, face aux parents des fillettes qui se sont fait manipuler pour démentir l’asservissement de leurs enfants et cherchent à se retourner contre ceux qui sont sensés les protéger de l’asservissement.
La démarche est d’ailleurs classique en Mauritanie et ce genre de retournement est hélas fréquent dans ces cas pareils où l’Etat cherche coûte que coûte à masquer les affaires d’esclavage.
Nous demandons au Président Mohamed Ould Abdel Aziz et au gouvernement à prendre de la hauteur et savoir que Biram et l’ensemble des membres d’IRA et de FLERE, ne cherchent nullement à nuire à la Mauritanie. Ce que nous voulons c’est qu’on mette fin à l’exclusion des communautés noires en Mauritanie et qu’une réelle égalité entre les citoyens de ce pays quelle que soit la couleur de leur peau ou leur ethnie soit instaurée.
Propos reccueillis par
Cheikh Aïdara
