07-01-2017 12:11 - Dr Mariella Villasante Cervello : nouvelles sur la condamnation a mort pour « apostasie » de Mkhaitir, Mauritanie (suite et fin)

Dr Mariella Villasante Cervello : nouvelles sur la condamnation a mort pour « apostasie » de Mkhaitir, Mauritanie (suite et fin)

Adrar-Info - Essais sur la Mauritanie n° 2 janvier 2017 nouvelles sur la condamnation a mort pour « apostasie » de M’khaitir, Mauritanie dr Mariella Villasante Cervello instito de democracia y derechos humanos, peru

La situation en 2016 : retournement favorable pour Ould Mkhaitir
• Le 20 avril, Amnesty International a publié un document demandant la mise en liberté immédiate de Ould Mkhaitir[1].

• Le 21 avril, la Cour criminelle de Nouadhibou a jugé en appel le détenu Mohammed Ould Mkhaitir et a recommandé la même peine que celle prononcée à son encontre le 24 décembre 2014. Cependant, les avocats de la défense ont réussi à requalifier les charges, d’apostasie à mécréance. Qu’est-ce que cela signifie ? Selon les spécialistes mauritaniens, la peine encourue serait moins lourde lorsque la Cour Suprême de justice se prononcera sur cette affaire.

Lors de ce procès, la défense a été assurée par Maître Fatimata Mbaye et son équipe d’avocats. On a appris aussi que Mkhaitir avait renouvelé son repentir, qui n’avait pas été enregistrée lors de sa première comparution devant ses juges. Les organismes de défense des droits humains mauritaniens et étrangers ont répété leur indignation ; ainsi par exemple, Reporters sans frontière a demandé que sa vie soit épargnée. D’autres défenseurs mauritaniens ont répété que si le condamné avait reçu une telle peine cela était dû à ses « origines » (L’Authentique, Cridem du 26 avril 2016, et Adrar Info[2]).



(9) Maître Fatimata Mbaye reçoit le Prix Trafficking in Persons Reports, de mains de la Secrétaire d’État Hillary Clinton, Washington, le 19 juin 2012 (NoorInfo[3])

• Le 21 avril, Amnesty International a publié un autre document demandant que la condamnation à mort soit annulée et qu’il soit libéré sans conditions (Le Calame, Cridem, Adrar Info[4]). Reporters without borders a publié une demande de mise en liberté également[5]).

• Le 26 avril, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (Hcdh) a déploré la confirmation de la condamnation à mort pour apostasie ; le porte-parole Rupert Colville a déclaré que son organisation « espère que la Cour Suprême va annuler » cette condamnation[6].

• Le 21 octobre, Maître Fatimata M’Baye a gagné le Prix de la femme Goralska, dont le jury exclusivement féminin est présidé par Monique Canto Sperber. Michel Taube, directeur d’Opinion Internationale, et journaliste militant contre la peine de mort, a réalisé un entretien très intéressant de Mme M’Baye à Paris, dans lequel elle aborde la situation des femmes en Mauritanie, et la situation des droits humains, ainsi que son rôle de chef de file du collectif d’avocats qui assurent sa défense[7].



(10) Rupert Colville, Haut Commissariat aux droits de l’homme, Genève

• Le 11 novembre, Reporters sans frontières a adressé une lettre ouverte au président mauritanien pour lui demander que lors de la révision du procès par la Cour Suprême, prévue le 15 novembre, son gouvernement accepte sa repentance et que sa vie soit protégée à l’intérieur et à l’extérieur de la prison[8].

Il est précisé que depuis son incarcération, il a reçu des menaces de mort selon la presse locale. Les signataires rappellent aussi au président que lors d’un entretien réalisé en avril 2014, il avait affirmé qu’il ne pensait pas que Mkhaitir était sérieux dans ses écrits. En conséquence, on lui demandait de reconnaître sa repentance, exprimée le 11 janvier 2014 et le 21 avril 2016, et de faciliter sa libération immédiate.

Des copies de cette lettre ont été envoyées à Mme Aichetou Mint M’Haiham, directrice du Commissariat aux droits humains ; à Monsieur Mohamed Lemine El Haycen, ambassadeur auprès des Nations Unies à New York, et enfin à Mme Salka mint Bilal Yamar, ambassadrice auprès de la Mission permanente de la Mauritanie aux Nations Unies à Genève[9].

• Le 11 novembre, la Cour Suprême de Nouakchott s’est réunit pour prendre une décision sur la condamnation à mort de Mkhaitir. Il fallait choisir entre deux alternatives : rejeter le premier jugement et transmettre le dossier à la Cour Suprême de Nouadhibou ; ou confirmer la décision de la cour en première instance et transmettre le dossier à la même chambre pour confirmer le repentir. La Cour Suprême de Nouadhibou avait déféré le cas au parquet général en mai 2016 afin de transmettre le dossier à la Cour Suprême de Nouakchott (Sahara Médias du 11 novembre 2016[10]).

• Le 13 novembre, le Forum des oulémas de Mauritanie a publié une fatwa affirmant que Mkhaitir doit être tué par mécréance et apostasie, sans acceptation de son repentir[11].

• Le 16 novembre, l’organisation International Humanist and Ethical Union, qui a suivi l’affaire depuis le début, signalait que le procès de Mkhaitir est entaché de nombreuses irrégularités et demandait que si Mkhaitir était libéré, comme il se doit, l’État doit assurer sa sécurité personnelle[12].

• Le vendredi 18 novembre, à l’issue de la prière du jour, environ quatre mille personnes réclamaient la mise à mort de Mkhaitir autour de la Présidence. La manifestation fut durement réprimée par les forces de l’ordre[13].



(11) Manifestation du 18 novembre demandant la peine de mort pour Mkhaitir (Alakhbar)

• Le 19 novembre, le premier Ministre, Yahya Ould Hademine, a promis de libérer Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir ; il a demandé aux chefs politiques et religieux d’amadouer la rue et de la préparer à la libération de cette personne. De son côté, le président mauritanien se serait engagé, auprès d’une délégation de défense des droits humains, d’œuvrer en faveur de la mise en liberté d’Ould Mkhaitir car « il n’avait pas conscience de la portée de ce qu’il écrivait. » (Essirage, traduit de l’arabe par Cridem).

De fait, malgré les déclarations du président et du premier ministre, les demandes de mise à mort ont continué en vue du jour fatidique fixé au 20 décembre ; et elles se renouvèlent actuellement, au début janvier 2017.

• Le 24 novembre, le « Forum des oulémas et des imams mauritaniens pour le soutien du prophète » a organisé un rassemblement avec une seule doléance : l’exécution de Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir. Ils ont insisté sur « la défense du prophète face à l’impiété » (Alakhbar, traduit de l’arabe par Cridem, le 25 novembre).



(12) Forum des oulémas et des imams, novembre 2016 (Alakhbar, Cridem)

• Le 25 novembre, le président du centre de formation des oulémas mauritaniens, Mohammed el-Hassen Ould Deddew [prêcheur controversé, proche des Frères musulmans du Pakistan, qui a perdu son accréditation auprès de l’Arabie Saoudite en janvier 2016], a donné une conférence sur l’affaire Mkhaitir, et a déclaré : « celui qui offense le messager d’Allah n’a plus de famille et n’appartient plus à un groupe social. Il doit être exécuté. » Le journaliste du site d’information Alakhbar qui rapporte ces déclarations ajoute que les religieux mauritaniens multiplient les demandes d’exécution du blogueur « même en cas de repentance » (Alakhbar, traduit de l’arabe par Cridem, le 26 novembre[14]).

• Le 28 novembre [jour de la fête nationale], le très populaire prêcheur Cheikh Mohammed ould Sidi Yahya, qui dispose de la plus importance audience dans le pays, a émis « une fatwa à propos de l’auteur du blasphème contre le prophète », Mkhaitir. Pour appuyer ses dires, il a cité un verset concernant le repentir (at-Tawbah : 65-66) : « Est-ce d’Allah, de ses versets et de son messager que vous vous moquiez ? Ne vous excusez pas : vous avez bel et bien renié la foi après avoir cru. »

Et d’ajouter : « si l’État se résigne dans l’application de la sharia [loi islamique], ce sera une victoire pour l’athéisme, face auquel les pouvoirs publics doivent assumer leurs responsabilités. » Sidi Yahya a estimé enfin que le phénomène de l’impiété s’étend de manière alarmante dans la société mauritanienne (Essaha, traduit de l’arabe par Cridem[15]). Voilà le fond de l’affaire, comme on l’évoquait dans la première partie de cet article.

• Le 28 novembre, l’organisation Freedom Now a adressé une lettre à Monica Pinto, Rapporteur spécial de l’indépendance des juges et des avocats auprès le Commissariat des droits humains du bureau des Nations Unies à Genève[16]. On lui rappelle que la Cour Suprême avait fixé le 15 novembre 2016 comme date du procès en appel, mais que finalement il avait été reporté au 20 décembre dans un contexte de fortes pressions pour sa mise à mort venant du Forum des oulémas.

Freedom Now demandait une action d’urgence du gouvernement mauritanien, sollicitant trois actions : assurer que la pression du public n’influence pas la décision des juges lors du procès en appel auquel Monsieur Mkhaitir a droit suivant la loi mauritanienne et les lois internationales ; assurer la protection du procès ; assurer la sécurité physique de Monsieur Mkhaitir, de sa famille, de ses avocats et de tout le personnel judiciaire associé.

Quelques remarques à ce stade de l’exposé :

• On doit rappeler que Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir s’est repenti oralement et par écrit, comme l’ont bien démontré les avocats qui le défendent. D’autre part, il n’a jamais renié sa foi, il n’a pas apostasié, bien au contraire, il s’est exprimé en tant que musulman ; en conséquence le verset cité par le prêcheur Sidi Yahya n’a pas de rapport avec son cas.

On rappellera ici que la sourate La Génisse (al-bakaraf, 2 : 256), stipule clairement : « Pas de contrainte en religion » [lâ ikrâha fî-d-dîn] ; ce qui traduit une vision très claire du principe de tolérance en islam, qui n’est pas en soi une religion contraignante.

Ce verset implique en effet qu’aucune religion ne peut être imposée par la contrainte, que l’on ne peut pas contraindre à croire, et que nul ne peut être contraint de pratiquer la religion musulmane. Des nombreux exégètes ont souligné d’autres sens du verset : nul ne peut subir de contrainte ou de discrimination du fait de sa religion ; tout individu est libre de choisir sa religion ou d’en changer ; et enfin, pour toute religion, libre exercice du culte. Sages paroles de tolérance et de respect des idées religieuses en islam. L’érudit réformateur Chinguetti revient sur ces points dans l’Annexe 3.

• Précisons aussi que si l’État mauritanien n’est pas un pays laïc, il a signé cependant des conventions internationales qui défendent les droits humains en général et le respect à la liberté d’expression, dont l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose :

« La liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion, sont garanties. Sous réserve de l’ordre public, nul ne peut être l’objet de mesures de contrainte visant à restreindre la manifestation de ces libertés. »

• La Mauritanie a signé également la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (2004, ratifiée le 27 septembre 2011 à New York). La convention interdit l’usage de la torture et de toute forme de peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants, qu’ils soient de nature physique ou morale[17].

• Enfin, la Constitution mauritanienne garanti la liberté d’expression :

« Considérant que la liberté, l’égalité et la dignité de l’homme ne peuvent être assurées que dans une société qui consacre la primauté du droit, soucieux de créer les conditions durables d’une évolution sociale harmonieuse, respectueuse des préceptes de l’islam, seule source de droit et ouverte aux exigences du monde moderne. (…) » [C’est moi qui souligne].

• Il est ainsi clair que la condamnation à mort d’une personne qui a utilisé son droit à la libre expression en utilisant les réseaux sociaux post-modernes concentre la plus importante fracture actuelle de la gouvernance en Mauritanie : celle qui oppose le droit moderne aux références religieuses qui avaient cours au VIIe siècle dans la péninsule arabique.

L’affaire prend une autre tournure : la dimension « laïque » semble l’emporter

A la fin du mois de novembre, les pressions internationales semblent toucher de près les dirigeants du pays, et l’on a pu observer une amorce de retournement de la situation au profit de la dimension « laïque » de l’application de la justice.



(13) Le président mauritanien Mohammed ould Abdel Aziz, le 9 décembre 2016 (Le Monde)

• Le 9 décembre, le président mauritanien Mohammed ould Abdel Aziz a accordé un entretien au journal Le Monde à Nouakchott, pour souligner qu’en Mauritanie « il n’y a pas d’effervescence islamiste ». Le journaliste Christophe Châtelot[18] lui demanda pourquoi il avait pris parti contre Mkhaitir avant même qu’il ne soit jugé [mars 2014], et le président répondit :

« Je n’ai jamais demandé la peine de mort contre lui. J’ai reçu des Mauritaniens qui manifestaient contre les écrits de ce blogueur. Ce sont eux qui demandent son exécution, pas moi. En tant que chef de l’Etat, je ne pouvais pas le condamner avant la justice entre les mains de laquelle il est toujours [une décision de la cour suprême est attendue dans les prochaines semaines].

— Quelles leçons tirer de cet événement ? Est-ce le signe d’une radicalisation religieuse d’une partie de la population ?

Je n’y vois pas le signe d’une radicalisation, seulement l’expression de gens qui tiennent à la religion dans un pays 100 % musulman. Nous ne sommes pas des extrémistes mais des pratiquants respectueux de la religion et modérés.

— Pourtant, des intellectuels et une partie de l’opposition vous reprochent de faire trop de concessions aux mouvements salafistes.

Il y a des lois que nous faisons respecter et pour le moment il n’y a pas eu de débordements. Le salafisme ne gêne en rien le fonctionnement de l’Etat. Nous pratiquons un islam modéré. L’extrémisme est ailleurs. Il y a eu quelques jeunes enrôlés dans des groupes terroristes mais ils ne représentent qu’un pourcentage très, très, très minime de la jeunesse. Pour preuve, il n’y a pas eu d’engouement ici pour les printemps arabes ni de départ vers les zones d’insécurité du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord.

Je ne vois pas d’effervescence salafiste ou islamiste en Mauritanie. Certains hommes politiques ont essayé d’amarrer le pays à ces printemps arabes[19] mais ils ont échoué.

Ces révolutions arabes ont été une catastrophe pour le monde arabe et les pays occidentaux. Elles ont balayé quelques dictateurs, qui auraient fini par lâcher le pouvoir. Mais est-ce qu’il y a plus de liberté maintenant ? Est-ce que l’on respecte davantage les droits de l’Homme ? »


• Quelques remarques rapides. Lorsqu’une manifestation se présenta devant le Palais du gouvernement en mars 2014, le président mauritanien a adopté une position allant dans le sens de la foule ultra religieuse. En effet, à cette occasion, il déclara :

« La Mauritanie n’est pas laïque et l’islam et le Prophète Mohamed, Paix et Salut sur Lui, sont au-dessus de tout. L’atteinte à la religion de l’État et du peuple n’est permise d’aucune manière qui soit. (…) Chers citoyens, chers musulmans, je vous remercie de tout cœur pour votre présence massive en ce lieu pour condamner le crime commis par un individu contre l’islam, la religion de notre peuple, de notre pays, la République Islamique de Mauritanie.

Comme j’ai eu à le préciser par le passé et le réaffirme aujourd‘hui, la Mauritanie n‘est pas laïque. L’action que vous entreprenez aujourd‘hui est le minimum à faire pour protester contre ce crime contre notre religion sacrée et je vous assure en conséquence que le gouvernement et moi-même ne ménagerons aucun effort pour protéger et défendre cette religion et ses symboles sacrés.

Tout le monde doit comprendre que ce pays est un État islamique et que la démocratie ne signifie pas l’atteinte aux valeurs et symboles sacrés de la religion. Je souligne, une fois encore, que le président de la République et le gouvernement vont prendre toutes les mesures pour protéger l’islam, que la justice suivra son cours et que le concerné est actuellement entre les mains de celle-ci dans le cadre de l’enquête.

L’État s’acquittera de son devoir dans cette affaire comme vous vous êtes acquittés du vôtre. Toutes les mesures appropriées seront prises dans ce sens. J’adresse un message à tous et répète une fois encore que la démocratie n’autorise pas l’atteinte à la religion. »
[Tribunes, NoorInfo du 6 mars]. [C’est moi qui souligne] (Villasante, Chronique politique de Mauritanie 2014).

• Il est ainsi évident que le président donnait, à cette époque, sa caution morale à la demande d’exécution de Mkhaitir. Et il considérait explicitement que la liberté d’expression n’est pas complètement garantie en Mauritanie si elle portait « atteinte à la religion ». On peut se demander si cela n’était un peu prématuré étant donné que Mkhaitir n’avait pas été jugé au cours d’un procès public, mais condamné à de mort purement et simplement par la Ligue des oulémas de Nouadhibou.

• Pour revenir à l’entretien de décembre 2016, le président refusa le processus de radicalisation religieuse pourtant évident, et considère que le salafisme ne gêne pas son administration. Puis, confondant salafisme et extrémisme jihadiste, le président déclare que le terrorisme est minime en Mauritanie, où il n’y a pas eu non plus de « printemps arabe ».

Remettons les choses au clair. Si la majorité des Mauritaniens reste attachée à une pratique religieuse circonscrite à la sphère privée, comme cela était le cas jusqu’au début des années 1980, les courants conservateurs, salafistes, qui prônent un retour à la pratique antique de l’islam, se sont largement étendus dans le pays comme conséquence de la vague wahabbite qui concerne tout le Maghreb.

• Deuxièmement, les courants jihadistes ont été et restent fortement réprimés, et de nombreux jeunes accusés de « terrorisme » croupissent en prison, comme le soutiennent les organismes de défense des droits humains et, plus récemment, le rapport préliminaire des Nations Unies sur la torture, réalisé par Juan Méndez (2016[20]), qui considère que ces pratiques n’ont jamais cessé en Mauritanie, jusqu’à présent. Il avance ainsi que « les garanties juridiques contre la torture et les mauvais traitements sont en place, mais elles ne sont pas appliquées. »

• Le 14 décembre, les parents d’Ould Mkhaitir ont demandé l’asile politique à la France depuis Dakar, où ils se sont rendus préalablement car ils craignaient pour leurs vies (Essharaa, Traduit de l’arabe par Cridem[21]).

• Le 17 décembre, le poète Douh Ould Benyouk a déclaré à la télévision mauritanienne, en arabe, que si jamais Ould Mkhaitir était libéré « au nom de mon père, je lui planterai une balle ». Le contexte de cette annonce de meurtre en direct était un « rassemblement de soutien au prophète Mohamed convoqué par le Forum mondial pour le soutien du messager d’Allah à l’oumma islamique. La colère populaire hostile à l’auteur du blasphème va crescendo avec l’approche de la date d’annonce de la Cour d’appel. » (Mourassiloun, traduit de l’arabe par Cridem[22]). Le poète en question n’a pas été inquiété par les autorités.



(14) Douh ould Benyouk, le 17 décembre 2016 (cridem)

• Le 20 décembre, au milieu d’une foule nombreuse réunie devant la Cour Suprême, celle-ci a annoncé le report de son verdict à une date ultérieure[23].

• Le 23 décembre, le très réputé imam de la grande mosquée de Nouakchott, Ahmedou ould Lemrabot ould Habib Rahman, a appelé à l’arrêt des manifestations exigeant l’exécution de Mkhaitir. Pendant son prêche de vendredi, l’imam a déclaré qu’on lui a demandé son avis juridique sur la question, et que s’il est vrai qu’il s’était prononcé pour l’application de la peine de mort contre lui, mais il a précisé que cela s’est produit « pendant qu’il était seulement accusé ».

Or désormais, il considère que les manifestations de rue doivent être arrêtées car elles menacent la sécurité de l’ordre public. En outre, il a déclaré que la fatwa des oulémas est un avis consultatif, alors que les décisions de justice sont des lois contraignantes.

Selon le journaliste qui rend compte de ces faits récents, « cet avis est une nouvelle orientation des instances proches du pouvoir pour préparer le terrain au verdict du tribunal qui sera annoncé dans les semaines prochaines. » (Alakhbar, traduit de l’arabe par Cridem[24]).

• Le 24 décembre, le site en arabe Mourassiloun a rapporté la collecte de fonds organisé par la Commune de Naples, en Italie, pour financer le travail du collectif d’avocats qui assure la défense de Mkhaitir[25]. Cette collecte est dirigée par sa sœur Aichetou mint Mkhaitir, soutenue par Aminetou mint El Moctar, et par Nicola Quatrano (OSSIN[26]).

Quatranno, juge de cassation, a expliqué l’affaire et a considéré que le report du procès adopté le 20 décembre peut-être interprété comme un signe positif pour la future libération du détenu. De son côté, Alessandro Fucito, membre du Conseil de la ville de Naples, a évoqué sa solidarité avec l’accusé « dans un pays qui tolère l’esclavage », et a rappelé que Mkhaitir est devenu citoyen d’honneur de Naples le 3 juillet 2015[27].

• Le 28 décembre, le parti progressiste UFP a réitéré sa condamnation de l’article « blasphématoire » de Mkhaitir au nom « des croyances islamiques.[28] » Le fait reste incompréhensible.

• Le 1er janvier 2017, la Fonadh publie une déclaration demandant à la justice mauritanienne de « trancher en toute impartialité[29]. »



(15) Mkhaitir lors de son procès en appel d’avril 2015, photo transmisse par sa sœur Aichetou (http://deathpenaltynews.blogspot.com/2016/12/death-penalty-looms-for-mauritanian.html)

Réflexions finales

L’instrumentalisation des idées librement exposées par Mohamed ould Mohamed Cheikh ould Mkhaitir par les courants ultra religieux de Mauritanie a eu un écho favorable dans les plus hautes sphères de l’État pendant trois ans. Néanmoins, nous vivons aujourd’hui un changement de cap évident, probablement grâce à la pression internationale et à la diffusion de cette triste affaire dans le monde.

La Mauritanie, déjà pointé du doigt par les organismes de défense des droits humains en raison de la persistance des relations de servilité — improprement nommées « esclavage » —, avait choisi de condamner un ingénieur à la peine de mort suivant l’accusation archaïque d’apostasie, puis de mécréance. L’image du pays se voyait donc encore plus assombrie.

Or, dès la fin novembre, le pouvoir exécutif mauritanien a diffusé des messages allant vers la libération de Mkhaitir. Il s’agit là de la fin d’un bras de fer au sein duquel est engagé le pouvoir exécutif contre ses propres hiérarchies islamiques, et avec l’islamisme populaire, populiste et obscurantiste propagé dans les milieux les plus pauvres du pays.

Ce sont ces courants qui tentent en effet d’obtenir l’exécution de Mkhaitir pour en faire un « exemple » ou un bouc émissaire pour la jeunesse mauritanienne qui, à leur grand désespoir, a bel et bien commencé sa propre évolution, grâce en particulier à la révolution numérique. Du reste, des militants du mouvement du 25 février continuent leur lutte pour la démocratie, et ils subissent toujours la répression des forces de l’ordre et les jugements arbitraires de la justice mauritanienne.

En fin de comptes, le procès de Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaitir, prisonnier d’opinion, peut être perçu comme le point de convergence des fortes tensions qui traversent la Mauritanie : des tensions religieuses (quel islam pour demain dans le pays ?), des tensions sociales (quel modèle de société ?), des tensions politiques (sur quoi peut s’appuyer le pouvoir ?), et des tensions sécuritaires (comment canaliser les revendications populaires ?). Ce procès est également exemplaire dans sa dimension politique et montre à l’évidence que la Mauritanie est bien arrivée à la croisée des chemins.

Dr Mariella Villasante Cervello[1] Instituto de democracia y derechos humanos (Idehpucp), Lima, Perú Rabat, Janvier 2017, academia.edu*

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Annexe 1 : Premier texte de Mkhaitir

« Religion, religiosité et forgerons (maallemim)[30]

Mes frères les maallemim,

Votre problème n’a rien à voir avec la religion. Il n’y a pas de lignée ni de caste dans la religion, ni maallemim, ni bidân [hommes libres et nobles].

Votre problème, s’il est vrai ce que vous dites, peut être compris sur ce qui est connu sous le mot religiosité.

Voici une nouvelle hypothèse, et j’ai trouvé parmi les maallemim même, certains qui la défendent.

Bien.

Revenons maintenant à la religion et à la religiosité afin de montrer la place de la lignée et des castes dans la religion.

Quelle est la différence entre la religion et la religiosité ?

Le docteur Abdel Majid Alnagghar dit : « La vérité de la religion diffère de la vérité de la religiosité ; la religion est la substance des enseignements divins, alors que la religiosité est la mise en pratique des enseignements et décrets divins. Donc ces derniers sont les faits des hommes. Cette différence dans l’essence entre eux conduit à une différence des propriétés de chaque concept, et la différence dans le jugement relatif à chacun. » (Kitab al-ouma)

Donc la religion est un fait divin tandis que la religiosité est un fait humain.

Quand est-ce qu’a commencé la religion et quand est-ce qu’a commencé la religiosité ?

Sans aucun doute si l’on divise les périodes de temps de l’islam on trouvera :

- la période de Muhammad qui est la période de la religion

- et la période post-Muhammad qui est la période de la religiosité.

Considérons des événements de la période de la religion :

Le temps : juste après la bataille de Badr – 624 AD

Place : Yathrib.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Les prisonniers sont de Qoraich [qabîla du prophète Muhammad] entre les mains des musulmans. Le verdict est comme suit : le véridique [as-Siddiq] premier conseiller du prophète Abou Bakr a dit : « Ô messager de Dieu, ces gens sont des cousins, des parents et des frères, et je pense qu’il faudrait prendre d’eux l’impôt islamique afin que ce que nous prenons soit une force pour nous contre les infidèles que Dieu les guide afin qu’ils deviennent des nôtres. (NB : qui sont les mécréants, les incroyants ici dans l’opinion d’Abou Bakr ?)

Ensuite la décision finale fut celle d’Abou Bakr avec l’addition de l’enseignement pour ceux qui n’avaient pas de bien.

Mais attendez un peu.

Il y eut un cas exceptionnel : Zeinab [Zaynab] la fille du prophète de Dieu a voulu libérer son époux [et cousin] Abû al-As [ibn Rabi] avec son collier [qu’elle avait reçu de] Khadija [sa mère, épouse de Muhammad]. Le prophète s’est senti fort attristé en sachant ça. Il dit à ses compagnons : « Si vous estimez que c’est raisonnable libérez l’époux et laissez-lui son collier » (Source : Abou Dahoud).

Selon vous quelle est cette exception ?

Le temps : 625 AD [Mont] Ouhoud [près de Médine]

L’évènement : une bataille entre les musulmans et les Qoraichites.

Qoraich en confrontation avec les musulmans en réponse à la bataille de Badr et dans l’optique d’anéantir Muhammad et ses disciples.

Hind bint Utbah [épouse d’Abou Sufyan ibn Harb, mère de Maaouya, fondateur de la dynastie omeyyade] loue les services de [l’esclave] Wahchi pour tuer Hamza [ibn Abd al-Muttalib, oncle de Muhammad] en contre partie de sa liberté et d’une compensation financière représentée par ses bijoux.

Hind atteint son objectif et mutile le corps de Hamza.

Des années après, et après les jours suivant la conquête de la Mecque, Hind se convertit à l’islam ce qui lui vaut le fameux titre « grande dans la mécréance et grande dans l’islam ».

Quant à Wahchi, le prophète lui a ordonné de disparaître de sa vue à sa conversion à l’islam.

Hind est une Qoraichite, Wahchi est Abyssinien sinon pourquoi la discrimination entre eux alors qu’ils sont égaux au moins dans le crime, ou, si vous voulez la précision, Hind est la véritable coupable – quel est le péché d’un esclave payé ?

Toujours dans la même bataille d’Ouhoud comparons ce qui est arrivé à Wahchi avec le rôle d’une autre personne, il s’agit de Khaled ibn Wolid [dit Abou Souleyman]. Cet homme fut la principale cause de la défaite des musulmans à Ouhoud et de la mort de plusieurs musulmans, lorsqu’il s’est converti à l’islam, il a mérité le fameux titre de « l’épée dégainée d’Allah » [il fut le célèbre général des armées musulmanes en Irak et en Syrie]. Donc pourquoi on n’a pas accueilli vivement Wahchi en lui donnant le titre du javelot d’Allah ?



Un autre événement : place Mecque 630 AD Événement : conquête de la Mecque

Quel est le résultat ?

Les gens de la Mecque ont reçu une grâce collective malgré toutes les souffrances infligées au prophète et sa daawa [son appel] et ce malgré le pouvoir de l’armée islamique. La nouvelle de la grâce leur parvint pendant qu’ils étaient réunis près de la Kaaba attendant la décision du prophète.

Le prophète dit : « Que pensez-vous que je ferai de vous ? », ils dirent « rien que du bien ! En frère de bien et fils de bien ». Le prophète dit « Aucun blâme sur vous, vous êtes libres ». L’expression est « partez vous êtes libres ».

Le résultat de cette grâce collective est la préservation des vies et des biens ainsi que les terres qui restent entre les mains de leurs propriétaires et ce sans imposition de taxes sur elles. La Mecque ne fut pas traitée comme les autres régions conquises.

Place : les forts de Bani Quraidha [Banu Qurayza], temps : 627 AD

Évènement : l’anéantissement des Bani Quraidha [Juifs de Yathrib, devenue Médine]

La cause :

1- Conspiration de certains hommes de Bani Quraidha durant le blocus de Khandaq. Ces hommes étaient juste les leaders si on généralise alors que l’on sait qu’il y a un verset qui dit « aucun porteur de charge ne portera la charge d’autrui » (verset 164 – S6).

2- Il est confirmé que le prophète a dit aux Juifs aux abords des forts où il les a assiégés « Ô frères des singes des cochons et des adorateurs des idoles m’avez-vous insulté ? » Ils ont juré sur la Thora révélé à Moussa « Nous ne t’avons pas insulté » et ils disent : « Ô père de Kassem tu n’es point ignorant ». Le prophète, paix sur lui, fit avancer ses archers. (Tabari/252 vérifié par Shaykh Ahmed Shaker, mentionné [par] Ibn Kethir avec la vérification de Wadi-i » (1/207).

Je voudrais dire ici avant de continuer que nous sommes dans le contexte de la discussion au sujet du prophète. Nous parlons de ce que nous pouvons appeler « la raison collective » en raison du fait que le prophète est infaillible.

Maintenant revenons à la comparaison de la Mecque [ou Médine ?] et des Bani Quraidha.

[Les] Bani Quraidha ont voulu conspirer avec [les] Quoraich et la conspiration n’a jamais eu lieu pour anéantir Muhammad et sa daawa [appel à l’islam]. La grâce générale fut octroyée aux Qoraich et les Bani Quraidha furent exécutés [600 à 900]. Ceux qui ont voulu rejeter la conspiration et ceux qui ont voulu la maintenir.

La sentence fut appliquée aux Bani Quraidha, leurs hommes furent tués et leurs descendants furent pris comme esclaves. Ils baissaient l’habit des adolescents, ceux qui avaient des poils étaient exécutés et les autres pris en esclaves (narrateur Ibnou Moulaghane – source : El Bedrou el-Mounir P : 6/670 sommaire du verdict ; narrateur reconnu véridique).

Celui-ci est un garçon qui s’appelle Athiya el-Ghardi, il ne fut pas tué parce que lorsque les musulmans ont baissé son habit, ils ne virent pas de poil (signe de puberté) il échappa à l’épée [de Muhammad]. Athyia el-Ghardi a dit « J’étais parmi les esclaves de Quraidha, on m’a exposé au prophète, ils nous ont examiné ; ceux dont les poils ont poussés furent tués et les autres épargnés. Ils ont exposé ma nudité je n’étais pas pubère, ils m’ont mis parmi les esclaves (narrateur Athya el-Ghardi, ebani source : Tkhrig michkate al-massabih ; p : 3901 sommaire du verdict, source vérifiée).

Qoraich a affronté les musulmans à plusieurs batailles, ils les ont assiégés fortement lors de la bataille de Khandaq [du Fossé, 627] et durant le début de la daawa. [Les] Quoraich ont choisi 40 jeunes pour tuer Muhammad la nuit de l’hégire et avant l’hégire à la Mecque ; ils ont tué et torturé de la pire façon les musulmans et lors de la conquête de la Mecque ils se sont trouvés devant un frère de bien et un fils de bien qui leur a dit partez vous êtes libres, et les Bani Quraidha, qui ont voulu seulement s’allier avec les mécréants, ils furent exécutés en masse.

Où est la miséricorde ?

Où y a-t-il un rôle pour « les frères et les cousins germains » (tbenamit) dans la raison collective/absolue.

En conclusion, si le concept de « cousins germains, de la parenté, de la fraternité » fait que Abou Bakr s’abstient de tuer les mécréants ; et la relation de fille à père entre Zeinab et le prophète l’autorise à libérer son époux gratuitement ; et l’appartenance à Qoraich octroie des titres d’héroïsme aux Qoraychites et le déni aux Abyssiniens ; et la fraternité et les liens de sang et de parenté donnent le droit de grâce et déni le même droit aux Bani Quraidha, et toutes ces choses se passent dans l’ère de la religion, qu’en sera—t-il de l’ère de la religiosité ?

Mes frères

Je voudrais seulement atteindre avec vous (et je m’adresse en particulier aux maallemim) que la tentative de différencier l’esprit de la religion et la réalité de la religiosité est une tentative honorable mais pas « convaincante ». Les vérités ne peuvent être effacées et ce lionceau provient de l’autre lion.

Celui qui souffre doit être franc avec soi-même dans la cause de sa souffrance, quelle que soit la cause. Si la religion joue un rôle disons-le à haute voix : la religion les hommes de religion, les livres de la religion jouent leur rôle dans tous les problèmes sociaux : dans les problèmes des hratin [groupes serviles] des maallemim et des griots. Ces griots qui restent encore silencieux en dépit du fait que la religion professe que ce qu’ils mangent est haram [interdit], que ce qu’ils mangent est haram et que leur travail même est haram.

Meilleures salutations.

Mohamed Cheikh ould Mohamed »

*

Annexe 2 : Deuxième texte de Mkhaitir

Éclairage sur l’article « La religion, la religiosité et les forgerons »[31]

« J’ai suivi ces derniers jours les différentes réactions suscitées par mon article « La religion, la religiosité et les forgerons (maallemin) ». Lesquelles réactions qui me sont parvenues à travers des appels téléphoniques chargés de haine et de menaces, étaient essentiellement excommunicatoires et racistes.

A l’origine de ces réactions se trouvent plusieurs facteurs dont :

L’analyse conspirationniste (sic) innée chez les zwâya et qui s’illustre par la judaïsation, l’excommunication et la marginalisation de tout ce qui est forgeron (maalem), mais aussi par une exégèse superficielle orientée principalement vers les intérêts de leurs âmes malades.

Ce qui dans le passé avait bien servi leurs desseins notamment par leurs affabulations attribuant au prophète (paix et salut d’Allah sur lui) des hadiths [traditions] dont il est totalement innocent comme celui qui dit « Aucun bien ne peut venir du forgeron fut-il un érudit. »

A tous mes frères,

Ceux qui osent inventer de faux hadiths et les attribuent au prophète (paix et salut d’Allah sur lui), aucune morale ni religion ne peut l’empêcher d’interpréter à leur guise un article écrit par un simple jeune, novice de surcroît. Ils ne ménageront aucun effort afin de mobiliser la passion du musulman commun au service de leurs intérêts.

C’est ainsi qu’ils ont prétendu que les forgerons ont blasphémé à l’encontre du prophète (paix et salut d’Allah sur lui) à travers un article écrit par un des leurs, tout comme ils avaient prétendu que celui qui avait fait tomber les dents du prophète lors de la bataille du mont Ouhoud était un forgeron.

C’est dans ce cadre que je voudrais confirmer ici ce qui suit :

1. Je n’ai pas, consciemment ou inconsciemment, blasphémé à l’encontre du prophète (paix et salut d’Allah sur lui) et je ne le ferai jamais. Je ne crois d’ailleurs pas qu’il y ait dans ce monde plus respectueux envers lui (paix et salut d’Allah sur lui) que moi. [C’est moi qui souligne]

2. Tous les faits et les récits que j’ai cité dans mon précédent article revêtent un caractère historique et véridique. Ces récits ont naturellement leurs interprétations littérales et superficielles et leurs sens visés et profonds.

3. C’est là le point crucial, qui a suscité une incompréhension de mon propos chez beaucoup de personnes. Je voudrais que l’on y accorde une attention totale. Au contraire de ce que certains ont voulu répandre m’attribuant l’intention de blasphémer à l’encontre du prophète (paix et salut d’Allah sur lui), je voudrais clarifier ici mon propos : les zwâya ont abusé de la dualité du sens obvie et du sens visé des récits et histoires rapportés de l’époque de la religion afin d’en faire le socle d’un système servant leurs intérêts à l’époque de la loi du plus fort (seyba). Ils ont fini par ériger le sens obvie en loi de la religiosité transmise à nos jours tout en taisant les sens visés par le prophète (paix et salut d’Allah sur lui).

Je dis donc à tous mes frères,

A tous ceux qui ont sciemment mal compris mon propos, vous savez bien que je n’ai pas blasphémé à l’encontre du prophète (paix et salut d’Allah sur lui).

Aux bonnes personnes qui n’ont reçu que l’information déformée, je dis : Sachez que je n’ai pas blasphémé à l’encontre du prophète (paix et salut d’Allah sur lui) et que je ne le ferai jamais. Je comprends certes l’ampleur de votre propension à défendre le prophète car elle est identique à ma propre propension à le défendre et à l’amour que je lui porte. Je vous assure que nous sommes tous égaux quant à la défense de tout ce qui nous est sacré.

Mes frères forgerons,

Il est nécessaire que nous sachions tous que nous faisons face à un vieux duel sans cesse renouvelé avec ceux que l’on appelle les zwâya. Sachez que ceux-là ne ménageront aucun effort afin de nous faire reculer autant que possible. Ils utiliseront pour cela tous les moyens légaux et illégaux. [C’est moi qui souligne]. Nous devons donc rester prudents et vigilants. Nous devons savoir que l’un des moyens qu’ils utilisent le plus souvent pour nous dominer est celui qu’ils ont hérité de leurs anciens alliés et amis, les colons. Il s’agit de la politique du « diviser pour régner ». Ceci doit donc nous conduire à bien comprendre leurs intentions et à rester unis dans notre combat.

A tous mes frères opprimés,

Nous devons être totalement conscients du fait que le destin nous a conduit à être les citoyens de cette terre. Nous devons par conséquent défendre notre droit à une citoyenneté pleine et à une vie descente. Ces droits ne nous seront jamais donnés, ils ne seront obtenus que par nos combats dont l’unification et le moyen le plus rapide pour accéder à nos droits.

Salutations

Mohamed Cheikh ould Mohamed ould Mkhaitir »

*

Annexe 3

avis de l’érudit muhammad al-mukhtar al-shinqiti sur la condamnation à mort pour apostasie en islam

Note biographique

Muhammad al-Mukhtar al-Shinqiti est né en 1966 en Mauritanie. Après avoir effectué des études en jurisprudence islamique et en traduction (de l’arabe en français et en anglais), il a travaillé comme professeur d’éducation islamique et littérature arabe dans plusieurs lycées mauritaniens.

Au cours de cette période, entre 1989 et 1996, il était également éditeur, traducteur de journaux mauritaniens (al-Kalam, al-Islah, al-Diyaa). Entre 1997 et 1998, il a travaillé à Sanaa (Yémen), comme professeur des Exégèses coraniques et Grammaire arabe à l’université al-Eman. Entre 1999 et 2000, il a travaillé comme professeur des Principes islamiques et langue arabe à Islamic Center (Washington DC), à American Open University (Virginia), et Islamic Center of Modesto (California).

Entre 2001 et 2003, il a été directeur du Islamic Center of South Plains de Lubbock (Texas). Il a dirigé également le site Internet Al-Fiqh al-Syasi magazine (www.fiqhsyasi.com). Il a publié plusieurs livres sur la pensée politique en islam, la littérature islamique, les mouvements islamiques et le dialogue entre le monde islamique et l’Occident. Il écrit dans les sites Internet Aljazeera.net et Fiqhsyasi (www.islamopediaonline.org).

Vor aussi : https://www.facebook.com/pages/Translations-of-Sh-Mukhtar-Ash-Shanqiti-lectures/578746982209072]



(15) Muhammad al-Mukhtar al-Shinqiti (2011)

[http://klmty.net/301599]

Le texte a été publié le 22 juin 2014 dans son compte Twitter, en arabe [http://www.twitlonger.com/show/n_1rjt3p3]

Il commence par la Sourate 2 du Coran, La Génisse [al-bakarat], qui semble dater de juillet 622, avant la bataille de Badr, en 624. Elle a été proclamée, dans sa plus grande partie, à Médine ; à cette époque, l’islam est devenu une institution dotée d’un culte nouveau, en arabe. Muhammad al-Mukhtar al-Shinqiti, fonde son argumentation sur le Verset 256 que voici :

« Pas de contrainte en créance.

La rectitude est distincte du fourvoiement.

Qui efface Tâghût et adhère à Allah

A déjà saisi l’anse la plus solide :

Elle ne se rompra pas,

Allah, entendeur, savant. »


[Le Coran, trad. André Chouraqui]

La sanction de l’apostasie relève de l’au-delà non de la vie ici-bas, une trentaine d’observations à ce sujet

1- S’il est un grand principe, aujourd’hui délaissé par les musulmans, depuis des siècles, c’est bien le principe de l’interdiction d’imposer un culte à quiconque. Ainsi la porte du repentir à Dieu demeurera ouverte aux humains tant qu’il en existera, et la religion restera du ressort de Dieu.

2- Le verset « Il n’y a pas de contrainte en religion » a été révélé dans l’une des formulations les plus extensive et les plus absolues en langue arabe. Elle a combiné l’indéterminé à la négation et à l’interdiction. Ce qui englobe, ainsi, toutes les circonstances dans leur commencement, tout comme leur continuité et leur fin.

3- Étrange est celui qui nous demande : qu’avez-vous fait d’un orphelin ? (hadith rapporté par une seule personne) et ne se demande pas, lui ce qu’il fait, d’un verset pourtant explicite « Il n’y a pas de contrainte en religion » !!!

4- L’explicite (Le Coran) est prioritaire par rapport au douteux (hadith orphelin) et ce pour tout être intelligent ; ne parlons donc pas des « savants ». De même que privilégier la règle de l’explicite (Le Coran) en cas de contradiction est une obligation. Hors il n’est de contradiction plus grande qu’un jugement impliquant la vie et la mort.

5- La distinction entre pardonner d’abord et tuer enfin n’est pas naturelle et constitue une contradiction. Rappelons ici que le verset est formulé de la manière la plus extensive et la plus absolue en langue arabe.

6- Lequel des deux actes préférez-vous présenter devant Allah : Tuer au nom d’un hadith orphelin ou donner la vie par un verset explicite ?

7- Tuer l’apostat n’est que l’une des catastrophes de l’exégèse auxquelles le délaissement du Coran et la mise de la loi au service de l’État nous ont conduit.

8- Celui qui annonce publiquement son apostasie dans nos sociétés doit nous conduire à prêcher publiquement son retour à l’Islam. Cela ne nous donne pas le droit de le tuer car notre glorieux et majestueux Dieu dit « Il n’y a pas de contrainte en religion ».

9- Si, ce qui ne s’était pas passé avec les rebelles de l’époque des Compagnons du prophète relevait de sanctions religieuses, la sanction n’aurait pas été possible sans procès ; or, il n’y eu jamais de procès pour apostasie à l’époque du prophète et/ou de ses compagnons.

10- L’apostasie est affaire une purement intellectuelle. Elle ne constitue pas une subversion sauf si l’apostat verse dans le prosélytisme auquel cas nous devons le combattre par le discours (argument et contre-argument).

11- La distinction entre la mécréance par naissance et la mécréance par apostasie nous conduit à faire de la naissance dans la croyance un délit.

12- N’est-elle pas étrange cette logique d’exégètes qui croient en la contrainte de culte pour les musulmans et en sa liberté pour les non musulmans !!!!

13- Les guerres d’Abou Bakr As-Siddiq [vers 573-634, règne entre 632-634], premier khalife du prophète, étaient une réplique à une rébellion armée et au refus de payer les taxes (zakat) qui revenaient aux pauvres. Elles n’ont jamais eu pour objectifs de ramener quiconque à l’islam par la contrainte.

14- L’apostasie est le péché le plus capital en islam puisqu’elle détruit la base de la religion chez l’apostat. L’islam n’y a pourtant pas prévu une sanction relevant de la vie ici-bas car la contrainte engendre l’hypocrisie au lieu de la foi.

15- Il a été prouvé que Oumar ibn Al-Khattab (deuxième khalife) [584-644, règne 634-644] a juger que l’apostat rebelle ne doit pas être tué après qu’il soit maîtrisé par les musulmans. Ce jugement est rendu par Oumar dans l’affaire de la rébellion du petit group des Beni Bakr Ibn Wael.

16- Oumar disait : « que je les prenne dans la paix m’est préférable à tous les trésors de la terre, je leur proposais la porte par laquelle ils étaient sortis… »

17- Toute hypocrisie est maléfique, elle l’est d’ailleurs plus que la mécréance assumée.

18- Al Thawri et Al-Nakhi, deux des plus grands savants de l’époque [ultérieure aux] Compagnons, ont tous les deux récusé la peine de mort pour l’apostat et ont estimé qu’il doit être invité au repentir sans contrainte de délais.

19- La règle dominante dans l’école sunnite du Hanafisme est que la femme apostat n’était pas tuée car la femme à l’époque n’était pas combattante. Il s’agit-là d’une distinction heureuse entre la rébellion armée et la rébellion intellectuelle (l’apostasie pacifique).

20- Oumar ibn Al-Khattab a condamné l’apostat à la prison. Ce qui veut dire qu’il considère que la sanction de l’apostasie ne relève pas des peines mais plutôt de la correction qui est laissé en islam à l’appréciation du juge.

21- Exiger le repentir sous la contrainte n’est qu’une interprétation qui n’est citée par aucun texte. Prêcher par la sagesse et l’homélie positive est mieux indiqué à l’endroit de l’apostat et du mécréant.

22- L’apostasie est de deux types : intellectuelle et armée. La première ne relève d’aucune sanction dans le code pénal musulman tandis que la seconde relève de la correction que l’autorité, juste, doit apprécier et appliquer.

23- La sanction de l’apostasie armée est justifiée par le délit de la subversion et de la division du rang des musulmans (la rébellion) et non par le changement de culte.

24- La sanction du reniement de la vraie religion relève du jugement dernier auprès d’Allah. Elle est plus grave que toute sanction que l’on puisse imaginer, mais il n’y a pas de sanction relevant des humains dans la vie ici-bas.

25- Le terme « reniement » était, de l’époque du prophète, utilisé dans un sens très large ne couvrant pas seulement l’apostasie qui s’est rependu par la suite dans les livres d’exégèse. Exemple : « Quant à Selema, il a renié son exode. »

26- Combattre l’apostat armé ne veut pas dire qu’il faut tuer l’apostat pacifique. Cette distinction, ancienne a été faite par ibn Hazm qui l’avait attribué à une frange de savants.

27- Il n’a jamais été rapporté, que le khalife Abou Bakr a eu à maîtriser un apostat ne refusant pas le repentir et qui s’était repenti et qu’il l’aurait laissé ou qui aurait refusé le repentir et que le khalife l’aurait tué. C’est ce que les savants de la loi islamique n’ont jamais prouvé selon ibn Hazm.

28- Dire que la contrainte interdite en religion ne concerne que l’adoption initiale et qu’elle n’englobe pas le reniement de l’islam est tendancieux

29- L’hypocrite connu [est] en moins nocif que l’inconnu.

30- En conclusion, il n’y a pas contrainte en religion ni au début, ni dans la continuité encore moins à la fin et il n’y a pas de sanction humaine pour l’apostasie. Revenez donc à votre Saint Livre et laissez les petites déviations.

*

Annexe 4

Messages de la prison recueillis par Nicola Quatrano (Ossin)

(1) Message e-mail, Mai 2016

« Sono un giovane mauritano di nome Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaitir, detenuto dal 1° gennaio 2014 e condannato a morte nel dicembre dello stesso anno dal tribunale di 1° istanza di Nouadhibou (Mauritania), per avere pubblicato un articolo sul periodo della conquista dell’Islam. Gli avvocati mauritani rifiutano di assumere la mia difesa senza corresponsione di una congrua parcella. Io provengo da una classe sociale oppressa (i maniscalchi)

Ringrazio l’Osservatorio Internazionale per i diritti (Ossin) e il suo presidente, il sig. Nicola Quatrano, per i loro sforzi e il loro impegno a favore della mia liberazione. Ringrazio anche tutti coloro che mi sono vicini in questi momenti drammatici.

Rivolgo un appello vibrante a tutta la famiglia umana, a tutte le persone di buona volontà, a tutte le ONG che lottano per la libertà e l’umanesimo e a tutti i paesi che tutelano le libertà e la libera espressione perché mi sostengano con una presenza massiccia al processo di appello. Ho bisogno del sostegno di tutti e ho anche bisogno di un aiuto economico per coprire le spese della mia difesa.

Mi auguro di potervi ringraziare personalmente e presto, da uomo libero.

Mohamed Cheikh ould Mohamed ould Mkheitir »


[http://www.ossin.org/mauritania/1907-in-attesa-del-processo-di-appello]

[Traduction libre, Mariella Villasante]

« Je suis un jeune mauritanien du nom de Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaitir, en prison depuis le 1er janvier 2014 et condamné à mort en décembre de la même année par le Tribunal de Première instance de Nouadhibou (Mauritanie), pour avoir publié un article sur la période de conquête de l’islam. Les avocats mauritaniens refusent d’assurer ma défense sans paiement d’une avance raisonnable [senza corresponsione di una congrua parcella]. Je proviens d’une classe sociale opprimée (les forgerons).

Je remercie l’Observatoire international pour les droits (ossin), et son président, Monsieur Nicola Quatrano, pour leurs efforts et leur enthousiasme en faveur de ma libération. Je remercie aussi tous ceux qui me sont proches en ces moments dramatiques.

J’envoie un appel vibrant à toute la famille humaine, à toutes les personnes de bonne volonté, à toutes les ONG qui luttent pour la liberté et l’humanisme, et à tous les pays qui protègent la liberté, la liberté d’expression, pour qu’ils me soutiennent avec une présence massive lors du procès en appel. J’ai besoin du soutien de tous et j’ai également besoin d’un soutien économique pour couvrir les dépenses de ma défense.

J’espère que je pourrais vous remercier personnellement très bientôt, en homme libre.

Mohamed Cheikh ould Mohamed ould Mkheitir »


(2) Lettre de prison, sans date (Mai 2016 ?)

Ciao fratello Nicola,

Per quanto riguarda la richiesta che mi hai fatto di una testimonianza sulla mia vita all’interno del carcere e le difficoltà della prigionia, cercherò di seguire un ordine temporale.

Primo: (aspetti – difficoltà della prigione)

La società mauritana vive una condizione sociale gerarchica basata su tre livelli (onorati – maula, fabbri e schiavi). Io faccio parte della seconda, la religione è stata utilizzata per consacrare (formare) questi attuali strati sociali. Da tempo stavo scrivendo su una questione, portando prove su quella che è la responsabilità degli uomini di religione e il ruolo che giocano nella consacrazione di queste classi sociali e dello schiavismo.

Alla fine di dicembre 2013 ho scritto uno di questi articoli e per me è stata la fine. Erano i giorni delle festività di fine anno e sono andato a trascorrere alcuni giorni fuori città ma, dopo solo un giorno, ho ricevuto una telefonata dalla capitaneria della gendarmeria nazionale che mi chiedeva di presentarmi da loro in Caserma.

Sono giunto dopo 2 ore e così è iniziato l’interrogatorio sull’articolo. Ho detto loro quale fosse il vero contenuto dell’articolo, ma loro mi hanno detto che dovevo restare sotto custodia cautelare fino a che la questione non fosse stata esposta al Procuratore della Repubblica.

Sono rimasto in loro custodia 3 giorni soffrendo un forte freddo, fame, solitudine. Il quarto giorno, esattamente in data 5 gennaio del 2014, sono stato portato dal Sostituto Procuratore, che mi ha fatto lo stesso interrogatorio, cui ho risposto allo stesso modo finché non sono stato portato in prigione (cella di isolamento).

Dovevo occuparmi io della pulizia, il cibo e le condizioni igieniche erano disgustosi.

C’erano scarafaggi. Sono stato 6 mesi senza tagliarmi i capelli, senza tagliarmi le unghia, senza lavarmi.

L’unica nota positiva dall’inizio di gennaio fino al 7 luglio del 2014, è stato il trasferimento in un nuovo carcere.

Nella prossima lettera ti scriverò del nuovo carcere e del tribunale.

II Parte

Il giorno 7 luglio 2014 sono stato trasferito nel nuovo carcere. Le cose sono un po’ migliorate, Sono riuscito a lavarmi, dopo sei mesi, e per la prima volta ho potuto farmi i capelli (taglio) e anche tagliarmi le unghia come avevo più volte chiesto senza nessun riscontro positivo. Ma ho continuato a rimanere in isolamento, senza visite dei familiari.

Sono rimasto in questa condizione fino al 16.12. 2014, quando sono stato portato dal direttore del carcere. Era per la prima volta dopo 8 mesi che vedevo la luce del sole. Venni portato dal direttore per essere informato che per il giorno 23.12.2014 era stabilita la mia causa.

Il 23 dicembre venni svegliato alle prime luci dell’alba e venni informato che la Polizia mi stava aspettando per condurmi in aula di tribunale. Mi trovai dinanzi al collegio giudicante, in prima fila c’erano gli uomini di religione, mentre nelle ultime file c’erano i loro sostenitori. Poi vi erano donne coperte, penso che erano lì per testimoniare contro di me, in aula vi erano circa 400 persone. Nessuno lì per aiutarmi se non io stesso, un mio amico e un mio avvocato.

L’interrogatorio ebbe inizio e subito capii che non era iniziato nel migliore dei modi. Quando il giudice mi descrisse come un criminale, capii che la sentenza era già stata emessa e la fine non sarebbe stata lieta. L’interrogatorio proseguì con domande e risposte. Verso le ore 18 uno dei consiglieri mi pose una domanda: «ti è mai capitato di essere stato insultato pubblicamente per razzismo da parte di un singolo o di un gruppo?».

Io risposi: «Sì !».

Questi mi chiese:
«In che modo?».

Ho avuto parecchi insulti e sono stato trattato con razzismo, l’ultima volta è stato proprio da parte del Sostituto procuratore qui presente che rappresenta la Procura generale. E’ accaduto prima di entrare in carcere. Ad un certo punto venne chiesto al Procuratore se quanto avevo detto fosse vero e questi rispose «ì, non permettiamo che i “fabbri” siano in condizione di parità con noi».

In quel momento le donne iniziarono a gridare come per sostenere ciò che aveva appena detto il Sostituto procuratore. Io intervenni chiedendo al giudice perché permettesse tutto ciò che il Sostituto procuratore mi aveva detto.

Il giudice mi rispose: «taci!».

Ancora una volta le voci si alzarono in aula e venni portato fuori e la seduta fu rinviata al giorno dopo.

Ritornai in aula alla stessa ora. Fu data la parola alle parti civili. Gli interventi furono tutti contro di me, verso le ore 20:00 iniziò la mia difesa che però non durò più di 10 minuti. La corte si ritirò per deliberare e in tarda serata la corte si pronunciò per la pena di morte. Quindi ritornai in carcere e il giorno seguente per la prima volta ricevetti la visita della mia famiglia.

Dopo ritornai alla mia solitudine ma questa volta con il sapore della pena di morte.

[http://www.ossin.org/mauritania/1915-lettere-dal-carcere]

[Traduction libre, Mariella Villasante]

« Salut mon frère Nicola,

A propos de la demande que tu m’as faite concernant mon témoignage sur ma vie à l’intérieur de la prison et de la difficulté de l’emprisonnement je chercherai à suivre un ordre chronologique.

I. Aspects et difficultés de la prison

La société mauritanienne vit dans une condition sociale hiérarchique basée sur trois niveaux (gens nobles, forgerons et esclaves). Je fais partie de la seconde catégorie, la religion a été utilisée pour consacrer (former) ces strates sociaux actuels. Depuis quelque temps j’écrivais sur cette question, cherchant des preuves sur la responsabilité des hommes de religion et le rôle qu’ils jouent dans la consécration des classes sociales et de l’esclavage.

A la fin 2013, j’ai écrit un article sur ces questions et cela a été la fin pour moi. C’était l’époque des fêtes de fin d’année et je suis allé en dehors de la ville [de Nouadhibou], un jour plus tard j’ai reçu un appel de la gendarmerie nationale me demandant de me présenter à leur base.

Les interrogations sur l’article ont duré deux heures. Je leur ai dit quel était le véritable contenu de l’article, mais ils m’ont dit que je devais rester en détention provisoire jusqu’à ce que l’affaire soit présenté au Procureur de la République.

Je suis resté en détention pendant trois jours souffrant de froid, de faim et de solitude. Le quatrième jour, le 5 janvier 2014, on m’a emmené chez le Procureur adjoint qui m’a fait le même interrogatoire, auquel j’ai répondu de la même manière, ensuite j’ai été emmené en prison (cellule d’isolement).

J’ai dû m’occuper du nettoyage et de la nourriture, et les conditions d’hygiène étaient dégoutantes, il y avait même des cafards. Je suis resté 6 mois sans me couper les cheveux, sans me couper les ongles, sans me laver. La seule note positive de janvier jusqu’au 7 juillet 2014 a été le transfert dans une nouvelle prison.

Dans la prochaine lettre je t’écrirai sur la nouvelle prison et sur le tribunal.

IIe Partie

Le 7 juillet 2014, les choses se sont un peu améliorées dans la nouvelle prison. J’ai réussi à me laver, à couper mes cheveux et mes ongles comme j’avais demandé sans cesse [depuis la détention] sans réponse positive.

Cependant, j’ai continué à vivre en isolement, sans visites de proches. Je suis resté dans ces conditions jusqu’au 16 décembre 2014, lorsqu’on m’a emmené voir le Directeur de la prison. C’était la première fois, depuis 8 mois, que je voyais le soleil. Le Directeur m’informa que le 23 décembre ma cause serait jugée.

Le 23 décembre je fus réveillé à l’aurore et on m’informa que la police m’attendait pour m’emmener au tribunal. Je me suis donc retrouvé devant le tribunal, aux premiers rangs se trouvaient les hommes de religion et derrière leurs soutiens. Il y avait aussi des femmes voilées [à la manière ultra religieuse] qui devaient être là pour témoigner contre moi. Il y avait près de 400 personnes. Mais il n’y avait personne pour m’aider, sauf moi-même, un ami et un avocat.

L’interrogatoire commença et je compris vite qu’il n’y avait pas commencé de la meilleure manière. Lorsque le juge me décrivit comme un criminel j’ai compris que la sentence avait été déjà émise et que la fin ne serait pas heureuse. L’interrogatoire continua, vers 18h l’un des conseillers me demanda « est-ce qu’il t’est arrivé d’être insulté publiquement par racisme par une personne ou par un groupe ? ».

J’ai répondu « oui ». Et il me demanda « en quelle manière ? » [Il répondit] J’ai été insulté et traité avec racisme, la dernière fois de la part du Procureur adjoint ici présent. C’est arrivé aussi avant d’être en prison. A un moment donné, on demanda au Procureur adjoint de dire si cela était vrai, et il affirma : « oui, ne permettons pas que les forgerons soient en conditions de parité avec nous. »

A ce moment-là, les femmes commencèrent à crier pour soutenir le Procureur adjoint. Alors j’ai pris la parole pour demander au juge pourquoi il permettait que cela se produise. Et il répondit : « Tais-toi ! ».

Encore une fois, les voix se sont levées et je fus emmené dehors, et la séance fut reportée au lendemain.

Je revins dans la salle [le lendemain] et on donna la parole à la partie civile. Les interventions furent toutes contre moi ; vers 20h commença ma défense qui ne dura cependant que 10 minutes. La cour se retira ensuite pour délibérer et tard dans la soirée elle prononça la peine de mort. Donc, je retournais en prison et le lendemain, pour la première fois, je reçus la visite de ma famille.

Après cela je revins dans ma solitude, mais cette fois-ci avec le goût de la peine de mort. »


***

Pour en savoir plus :

Villasante Mariella (dir.), 2000, Groupes serviles au Sahara, Paris, CNRS-Éditions.

Villasante Mariella, 2004, They work to eat and they eat to work. M’allemîn Craftsmen Classifications and Discourse among the Mauritanian Bidân Nobility, (Traduit par Raymond Taylor), in : Customary Strangers : New Perspectives on peripatetic Peoples in the Middle East, Africa, and Asia, Joseph Berland and Aparna Rao (éds.), Praeger, Westport : 123-154

— Ils travaillent pour manger et ils mangent pour travailler. Les artisans de la société bidân de Mauritanie (Version française publiée pour la première fois à Nouakchott, juin 2014)

Adrar-Info : http://adrar-info.net/?p=25517, http://adrar-info.net/?p=25525, http://adrar-info.net/?p=25556, http://adrar-info.net/?p=25618

Cridem : http://cridem.org/C_Info.php?article=657721; http://cridem.org/C_Info.php?article=657746, http://cridem.org/C_Info.php?article=657888

Nouvelle version, 10 février 2015 : https://www.academia.edu/10667302/_Ils_travaillent_pour_manger_et_ils_mangent_pour_travailler_._Les_artisans_de_la_société_bidân_de_Mauritanie

Villasante Mariella, 2014, Un jeune homme accusé d’apostasier est condamné à mort en République islamique de Mauritanie, 31 décembre 2014

https://www.academia.edu/9993657
/Un_jeune_homme_accusé_d_apostasier_est_condamné_à_mort_en_République_islamique_de_Mauritanie

Villasante Mariella, 2015a, Les formes extrêmes de dépendance dans la société hassanophopne de Mauritanie et les revendications d’égalité sociale, (à paraître) Journal canadien d’études africaines (version courte)

https://www.academia.edu/19884773/Les_formes_extrêmes_de_dépendance_dans_la_société_hassanophone_de_Mauritanie_et_les_revendications_dégalité_sociale._Lidéologie_du_pur_et_de_limpur (version longue, décembre 2015)

Villasante Mariella, 2015b, La condamnation à mort de Mohamed Cheikh ould Mkhaitir. Un cas de dysfonctionnement de la justice mauritanienne [on line le 4 février 2015]

https://www.academia.edu/10509206/Condamnation_à_mort_de_Mohamed_Cheikh_ould_Mkhaitir._Un_cas_de_dysfonctionnement_de_la_justice_mauritanienne

http://adrar-info.net/?p=30465 [Adrar Info, Nktt le 5 février 2015]

http://www.noorinfo.com/La-condamnation-a-mort-de-Mohamed-Cheikh-Ould-Mkhaitir-Un-cas-de-dysfonctionnement-de-la-justice-mauritanienne_a15156.html [Noor Info du 5 février]

http://cridem.org/C_Info.php?article=666751 [cridem, le 6 février]

Villasante Mariella, 2015c, Dossier publié dans Opinion internationale, le 10 février 2015. Pas de contrainte en islam : il faut libérer Mohamed Cheikh, condamné à mort pour ses idées, en Mauritanie

https://www.opinion-internationale.com/dossier/pas-de-contrainte-en-islam-il-faut-liberer-mohamed-cheikh-condamne-a-mort-pour-ses-idees-en-mauritanie/la-condamnation-a-mort-de-mohamed-cheikh-ould-mohamed-ould-mkhaitir-un-cas-de-dysfonctionnement-de-la-justice

Villasante Mariella, 2015d, Les droits humains et les tensions sociales en Mauritanie. Les cas de l’emprisonnement de Biram ould Dah et de la condamnation à mort de Mohamed Cheikh ould Mkhaitir, Essais sur la Mauritanie n°1, On line le 9 mars

https://www.academia.edu/11341065/Les_droits_humains_et_les_tensions_sociales_en_République_Islamique_de_Mauritanie._Les_cas_de_lemprisonnement_de_Biram_ould_Abeid_et_de_la_condamnation_à_mort_de_Mohamed_Cheikh_ould_Mkhaitir

Noor Info, le 9 mars, http://www.noorinfo.com/Essais-sur-la-Mauritanie-Les-droits-humains-et-les-tensions-sociales-en-Republique-islamique-de-Mauritanie-Les-cas-de-l_a15256.html

Adrar-Info http://adrar-info.net/?p=31005

Villasante Mariella, 2015e, le 11 mai, « Commentaire à propos du communiqué d’Amnesty International (France) », Adrar-Info : http://adrar-info.net/?p=32239

Voir aussi :

Klein Martin, Professeur à l’Université de Toronto, « Aux collègues universitaires à propos de l’esclavage et des castes en Mauritanie », le 11 mars 2015 : http://adrar-info.net/?p=31040

Chroniques politiques de mauritanie : [voir aussi Adrar-Info et Cridem]

2014, https://www.academia.edu/9897214/Chronique_politique_de_Mauritanie_Décembre_2014

2015, https://www.academia.edu/20797453/Chronique_politique_de_Mauritanie_2015

organismes internationaux

Amnesty International :

• Le 12 juin 2014 : https://www.amnesty.org/fr/documents/afr38/001/2014/fr/ et

• Le 24 juin 2014 : https://www.amnesty.org/fr/documents/afr38/002/2014/fr/

• Le 5 mars 2015, Déclaration publique conjointe : https://www.amnesty.org/fr/documents/afr38/0002/2015/fr/

Freedom Now, 2016, http://www.freedom-now.org/campaign/mohamed-ould-cheikh-ould-mkhaitir/

Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme

• Rapport national présenté au Conseil des droits de l’homme, le 2-13 novembre 2015

https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G15/173/47/PDF/G1517347.pdf?OpenElement

• Communiqué sur la confirmation de la condamnation à mort de Mohamed ould Mkhaitir, le 26 avril 2016 : http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=37104#

Osservatorio internazionale per i diritti (oissin)

• Janvier 2015 : http://www.ossin.org/mauritania/1680-larticolo-qblasfemoq-e-la-ritrattazione

• Le 3 mai 2015, http://www.ossin.org/mauritania/1760-condannato-a-morte-per-apostasia

• Le 24 janvier 2016 : http://www.ossin.org/mauritania/1907-in-attesa-del-processo-di-appello

• Le 19 avril 2016 : http://www.ossin.org/mauritania/1958-in-attesa-del-processo

• Mai 2016 : http://www.ossin.org/mauritania/1915-lettere-dal-carcere

• Le 26 décembre 2014 : http://fr.ossin.org/mauritanie/1344-premiere-condamnation-a-mort-pour-apostasie-en-mauritanie

• Le 15 janvier 2015 : http://fr.ossin.org/mauritanie/1355-affaire-apostasie-nouadhibou-verdict-peine-de-mort-la-rue-a-eu-raison-de-lui

• Le 24 juin 2015, Analyse de Nicola Quatrano

http://fr.ossin.org/mauritanie/1446-mohamed-cheikh-ould-mkheitir-condamne-a-mort-pour-blaspheme

Newsweek, Conor Gaffey, le 19 décembre 2016

http://deathpenaltynews.blogspot.com/2016/12/death-penalty-looms-for-mauritanian.html

http://europe.newsweek.com/mauritanias-raif-badawi-slips-under-radar-death-penalty-looms-531564

Reporters without borders

— Communiqué du 22 avril 2016 :

http://www.refworld.org/country,,RSF,,MRT,,5774ed4b4,0.html

*

[1] Voir https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/04/maurtana-must-quash-the-death-sentence-aganst-blogger/

[2] Voir http://adrar-info.net/?p=36352

[3] Voir http://www.noorinfo.com/Droits-humains-Me-Fatimata-Mbaye-laureate-du-prix-Trafficking-in-Persons-Report_a4299.html

[4] Voir http://adrar-info.net/?p=36463

[5] Voir http://www.refworld.org/country,,RSF,,MRT,,5774ed4b4,0.html

[6] Voir http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=37104#

[7] Voir https://www.opinion-internationale.com/2016/10/21/marie-agnes-gillot-remet-le-prix-de-la-femme-goralska-2016-a-fatimata-mbaye-avocate-mauritanienne_46952.html Voir aussi la vidéo de l’entretien de Michel Taube avec Maître M’Baye : https://youtu.be/sIZJkIEnCxY La nouvelle a été diffusée en Mauritanie : http://cridem.org/C_Info.php?article=690014

[8] Voir la lettre : https://rsf.org/en/news/open-letter-president-mohamed-ould-abdel-aziz-islamic-republic-mauritania

[9] Voir http://www.freedom-now.org/wp-content/uploads/2016/11/Letter-to-President-Mohamed-Ould-Abdel-Aziz.pdf

[10] Voir http://adrar-info.net/?p=38498

[11] Voir http://atlasinfo.info/fr/node/479

[12] Voir http://iheu.org/iheu-briefing-on-mohamed-cheikh-ould-mkheitir-case/

[13] Voir http://cridem.org/C_Info.php?article=691236

[14] Voir http://cridem.org/C_Info.php?article=691418

[15] Voir http://cridem.org/C_Info.php?article=691493

[16] Voir la lettre, ainsi que d’autres documents de la campagne de soutien ici : http://www.freedom-now.org/campaign/mohamed-ould-cheikh-ould-mkhaitir/

[17] Voir : http://www.noorinfo.com/Conseil-des-ministres-La-Mauritanie-adhere-a-la-convention-internationale-de-protection-des-droits-de-l-homme_a2889.html

Voir aussi les Conventions signées et non signées par la Mauritanie concernant les droits humains : http://www.cndh.mr/images/stories/Doc/instruments_internationaux.pdf

[18] En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/12/09/il-n-y-a-pas-d-effervescence-islamiste-en-mauritanie_5046599_3212.html#T52Cb1AD5v9KOiAK.99

[19] La déclaration est erronée. Un mouvement appelé « Coordination des jeunes du 25 février » (date de leur première manifestation, en 2011), qui regroupe plusieurs associations, existe depuis quelques années et reste reprimé (voir http://fr.ossin.org/mauritanie/796-le-printenps-mauritanien). Cependant, le mouvement s’est mué en groupes de contestation politique centrés sur la défense des droits humains, et sur la scène musicale, par l’émergence de groupes de rap qui dénoncent la corruption du gouvernement, la pauvreté et les inégalités sociales.

[20] Le Rapporteur spécial du Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies sur la torture, Juan E. Méndez a rendu son rapport préliminaire le 3 février 2016. Le rapport précédent avait été réalisé en juin 2013. Je remercie le Dr Ekkehard Strauss, Représentant du HCNUDH à Nouakchott, pour m’avoir communiqué ce document.

[21] Voir http://essahraa.net/node/19824, en français : http://adrar-info.net/?p=38692. Voir aussi http://cridem.org/C_Info.php?article=692084

[22] Voir http://cridem.org/C_Info.php?article=692184

[23] Voir : http://www.alakhbar.info/news/19364-2016-12-20-12-16-29.html, la version en français : http://adrar-info.net/?p=38778

[24] Voir : http://adrar-info.net/?p=38840

[25] La nouvelle a été publiée par le site Mourassiloun, voir la version française ici : http://adrar-info.net/?p=38845

[26] Voir les informations sur cette organisation de défense des droits humains : http://www.ossin.org

[27] Voir la vidéo : https://youtu.be/i0cidsMkuu8 Voir aussi son article en italien du 24 janvier 2016: http://www.ossin.org/mauritania/1907-in-attesa-del-processo-di-appello

[28] Voir http://cridem.org/C_Info.php?article=692625

[29] Voir http://www.cridem.org/C_Info.php?article=692759

[30] Voir la seule source qui a fait traduire les deux textes en français : http://chezvlane.blogspot.com/2014/01/voici-enfin-la-traduction-du-texte-du.html?view=sidebar. Je note quelques précisions entre crochets.

[31] Voir : http://chezvlane.blogspot.com/2014/01/explosif-voici-le-2eme-texte-censure-du.html. Le journaliste précise avoir eu beaucoup de difficultés pour obtenir une traduction du texte car aucun intellectuel mauritanien n’acceptait de le faire.



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Commentaires (2)

  • moukhabarat (F) 07/01/2017 14:47 X

    Ethnocentrisme...quand tu nous tiens...

  • gongiyanké (H) 07/01/2017 13:04 X

    L'appareil judiciaire marche sur sa tete, il faut la remettre sur ses pieds. En plus les Mosquées de Nouakchott et de Nouadhibou, au lieu d’être des lieux de prêches religieuses sont devenus des lieux des débats politiques. L'Imam de la Mosquée Saoudite durant toutes ses kothbas de vendredi fait l’éloge du putschiste Aziz. Honte à ces faux barbus abruties de première classe