07-11-2018 21:00 - Gouvernement de quotas : une équation sans inconnues !

Gouvernement de quotas : une équation sans inconnues !

Ahmed Salem el Kory - Une fois de plus, le Professeur Lo Gourmo est monté au créneau, tirant des flèches acérées sur le gouvernement mauritanien, le comparant à celui de l’Apartheid. Comparaison, de toute évidence, démesurée puisque nos communautés ont toujours vécu dans un magnifique et inébranlable brassage socioculturel, avec pour socle, un Islam sunnite, modéré, pratiqué par quasiment toute la population.

Notre éminent Professeur a bien dit Apartheid ! Alors, permettez-moi de vous poser quelques questions qui me lancinent depuis que j’ai lu son article sur cridem. Y’a-t-il des moyens de transport réservés à une communauté? Y’a-t-il des écoles ou des salles de spectacles réservées à une communauté ? Le mariage mixte est-il interdit par la loi ? Combien y’a-t-il de sportifs de couleur dans nos équipes nationales ? Nous connaissons tous les réponses à ces questions.

Peut être que l’idée d’un gouvernement de quotas est la poule aux œufs d’or où chaque communauté pourrait trouver son compte. Alors, pourquoi bon chercher midi à quatorze heures ? Dans un système de quotas, l’actuel gouvernement de 23 membres devrait compter 10 maures, 8 haratines, 3 pular, un soninké et un wolof (pour éviter toute exclusion).

Ce qui montre que la communauté pular n’a aucune raison de s’en plaindre puisque son quota est atteint. Par contre, la communauté haratine est manifestement sous-représentée par rapport à son poids démographique.

D’où viennent ces calculs savants ? Une chose est sûre, je ne les ai pas inventés ! Une autre chose est que je ne parie pas sur leur entière fiabilité surtout qu’ils datent de près de deux décennies. Il ne s’agit donc là que de pistes pour démontrer que finalement l’idée d’un gouvernement de quotas n’est pas totalement saugrenue même si certaines minorités risquent d’en pâtir.

En effet, plusieurs études, notamment, Joshua Project, Ethnologue et People Group, se basant sur le poids des langues vernaculaires locales, ont mis en lumière le poids démographique des principales communautés vivant en Mauritanie.

D’après ces études, le hassanya est une langue arabe influencée par le berbère, donc regroupant les caractéristiques des langues chamito-sémitiques, et proche de l'arabe classique, alors que le pular, le soninké et le wolof sont des langues nigéro-congolaises.

Quant au tamasheq, c'est une langue berbère. Le nord du pays est relativement monolingue et parle l’hassanya alors qu’au sud on retrouve un certain plurilinguisme avec le pular, le soninké et le wolof. La langue officielle de la Mauritanie est l'arabe classique, toutefois, le français a conservé une bonne partie de ses privilèges comme langue de travail.

Pour Joshua Project, 82 % de la population parlerait le hassanya, puis 8,2 % le pular, 4,3 % le soninké, 2,7 % le tamasheq et 0,4 % le wolof. Pour Ethnologue, dont les données semblent plus fiables que celles de Joshua Project, l'arabe hassanya serait parlé par 88,7 % de la population, le pular par 5,3 %, le soninké par 1 % et le wolof par 0,3 %.

Pour People Group (2007), l’hassanya serait parlé par 76,9 % de la population, puis le pular par 14 %, le tamasheq par 4 % (78 287), le soninké par 2,8 % et le wolof par 0,6 %.

Dans les faits, les données sont relativement bien concordantes pour le hassanya (entre 77 % et 88%), mais pour le pular, les chiffres posent problème, avec 8,2% (Joshua Project) et 14% (People Group). C’est le cas également pour le soninké quelques 4,3% (Joshua Project), puis seulement 1% (Ethnologue) et 2,8% (People Group). Bref, les groupes minoritaires sont moins nombreux pour Ethnologue.

De là à conclure qu’il existe une corrélation mathématique entre langue maternelle et poids démographique, je ne franchirai pas allègrement le pas ; mais, de grâce, que ceux qui cherchent des poux dans la tête de tout le monde se taisent.

Chaque communauté a ses leaders, et les résultats des récentes élections corroborent assez bien l’approche développée dans les études ci-haut mentionnées. Cependant, le débat politique est désormais ouvert puisque la boîte à pandore l’est déjà, et nous savons par qui. Certes, il n’y a pas de statistiques officielles…mais à quoi bon puisque les mauritaniens se connaissent bien entre eux.

La Mauritanie est dans une période charnière de son évolution politique, et n’est pas à l’abri des dangers liés au contexte sécuritaire de la sous région et aux dérives de certains courants politiques internes.

C’est la raison pour laquelle, le Président sortant est tenu de laisser le pays en de bonnes mains. Je crois que c’est cela l’unique gage qui puisse nous garantir des élections présidentielles apaisées, si bien entendu, pour une fois, l’Etat décide de jouer franc jeu en optant pour la neutralité. Cette option est, à mon sens, la seule voie à même de garantir au Président de la République M.A Aziz une sortie honorable.

Sadegh Maaloum A.







"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


Commentaires : 13
Lus : 2810

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (13)

  • doudou19 (H) 08/11/2018 19:09 X

    Ce genre d'individu ne cherche que là où se caser. Vous lui remplissez la bouche, il va se taire. Ce genre de diffamations est réprimé par la loi. Nommez-le ministre ou directeur central il deviendra muet pour toujours et il oubliera son passé récent .

  • foutatoro (H) 08/11/2018 15:13 X

    Pourquoi, la comparaison avec l’Afrique du Sud de l’Apartheid est totalement justifiée avec notre erreur coloniale ? Dans ces deux pays les mécanismes d’oppression et de répressions sont effectivement différents pour un MEME résultat. En Mauritanie, ce sont des actes et comportements (politiques non-écrites ni légales au sens de lois) qui ont conduit à la ségrégation, au racisme et aux discriminations en tout genre = noir absent de tout. En Afrique du Sud, ce sont des lois adoptées et assumées qui ont conduit à la ségrégation, le racisme et les discriminations en tout genre = noir absent de tout. Alors dites-moi, où est alors la différence entre ces deux systèmes des gouvernements, le résultat pour les noirs étant le même ? Alors ne nous fatiguez pas !!! Y en marre ! Ici, dans cette erreur coloniale, l’Apartheid est TOTAL !

  • habouss (H) 08/11/2018 12:57 X

    C'est pire que l'apartheid quand cela se passe dans un pays qui se dit musulman ou doit régner les règles de droit et d'équité !

  • habouss (H) 08/11/2018 12:49 X

    Quand le sage montre la lune l'idiot doublé d'imbécile montre le bout du doigt du sage. Tu aurais mieux fait de taire ou sortir te promener dans l'administration, les banques, les radios et télévisions et revenir avaler ce chiffon crapuleux. Tu as compté combien de généraux poulars, soninké ..., combien de directeur de grandes sociétés, combien de wali, de hakem, combien d'ambassadeurs ? Rien que pour ces derniers, il n'en reste que 2 négros dans le monde entier.

  • lass77 (H) 08/11/2018 00:51 X

    Il n'est pas correct de parler un appartheid à la Sudafricaine mais on vit en situation de sémi-appartheid. Il ne suffit pas ce fait ne soit pas écrit dans la constitution , parfois rien ne le dit mais dans la pratique c'est autre chose , ce qui est vrai en Mauritanie. Certes il n'est écrit qu'il interdit le mariage mixte en Mauritanie entre beydan et noire et vice versa mais rien n'est fait pour l'encourager , il n'est pas écrit que les éleves et étudiants mauritaniens frequentent des établissements differents mais ça y ressemble par le système éducatif quand bien meme qu'ils frequentent les memes écoles,il n'existe aucun rapport entre les apprenants, les exemples sont nombreux , le probleme l'Etat n'entreprend rien pour definir une identité mauritanienne autour de la patrie qui sera forgée par toutes les composantes de la nation. L'Etat ne fait rien en ce sens au contraire , les hommes qui sont à la tete de cet Etat divise les mauritaniens pour des raisons bizarres que meme les kouffars ne font pas.

  • Face-Mauritanie (H) 08/11/2018 00:26 X

    Seulement le titre est faux, le contenu se contredit, son développement ne correspond pas à la réalité, le Pr Lô Gourmo a dit tout haut ce que des milliers de mauritaniens disent tout bas et même ceux qui se croient au-dessus de tout soupçon.

    Monsieur en disant que la Mauritanie n’est pas un pays de l’apartheid est juste, même si cela n’est pas écrit dans la constitution, mais la pratique est là, toi-même tu as décrit la situation qui prévaut depuis bientôt 40 ans et au pire temps avec l’arrivée des militaires à la tête de l’état, la partie catastrophique de ce passage est l’arrivée de Mohamed Abdel Aziz qui avait promu une rupture et de lutter contre la pauvreté et l’esclavage, mais le système esclavagiste est plus puissant que le chef de bord, le système esclavagiste devrait profité de sa présence pour faire ce qui suit comme ce qui s’est passé en Afrique du Sud, en commençant par la ghettoïsation des quartiers comme 5ème, 6ème, Arafat, Toujouninne et autres, chaque communauté dans une zone.

    Tu as cité les exemples dans l’école et le transport, il y’a bien des écoles destinées à une catégorie de personne et a une seule communauté, il y’a bien des agences de transports qui appartiennent à une seule catégorie de personne, compter le nombre d’agence de transport, A qui le ministère des transports à accorder les licences, il y’a bien des Banques privées, A qui les licences ont été accordés, il y’a des télévisions c’est pour qui et quelle communauté, il y’a des radios pour quels genres de mauritaniens, il y’a des stations-services de carburant aucun noir ne peut compter une station,

    il y’a des cliniques à 99% pour une seule communauté, il y’a des écoles militaires qui ne recrute que des fils de grande famille, aucun Hartani, aucun poulaar, aucun soninké et jamais de Wolof, monsieur compter le nombre de Wali, le nombre de Hakem à Nktt et à l’intérieur, le chef des armées, les directeurs centraux, les secrétaires généraux etc…

    donc monsieur je crois que les autres font partie de ce pays et ils ont les mêmes droits et jouent pleinement leur citoyenneté, ils ont droit à l’égalité des chances, allez-y à la SOMELEC, la SNDE, Mauritel, Mattel, Chinguitel et autres institutions de l’état civile et privée, l’ensemble des comptables dans ses boites sont d’une seule communauté et 0.01% de présence des autres,

    je peux citer jusqu’à demain des situations comme cela, donc dire que la Mauritanie ne pratique pas le racisme, l’esclavage et le travail forcé est une hérésie, il fallait te taire et ne peux me montrer la piste déjà tracer et qu’Aziz est obligé de suivre ou perdre son mandat.

  • sammbasy (H) 07/11/2018 23:52 X

    Je crois qu'il n'est pas exact de comparer la Mauritanie à Apartheid. Mais il ne faut pas faire de cette affirmation un prétexte pour ne pas reconnaitre la nature discriminatoire (raciste même) du pouvoir en place par rapport aux communautés noires du pays (négro-africains et haratines). L'une des illustrations les plus flagrantes c'est l'armée et de sécurité (qui ont été épurées des negro-africains lors des exécutions extra-judiciaires de 1990-1991); faisant de notre armée une armée raciale. Depuis que Aziz est au pouvoir le processus de dé-négrification de l'Etat s'est accéléré à un rythme sans précédent. Et je pense que c’est celà que le Prof LO veut dénoncer : on ne se soucie même plus des apparences (tous les pouvoirs passés mettaient au moins la forme...). En tout cas ce ne sont pas les quotas qu'il faut, mais l'application des principes d'égalité de nos communautés en droits et devoirs, des principes de justice, de compétence (l'homme qu'il faut à la place qu'il faut), d'honnêteté etc... Autant de choses impossibles tant que le pays est dans la dynamique des coups-d'etat qui, très souvent, portent les hommes les moins doués à la direction des affaires du pays.

  • thialido (H) 07/11/2018 23:02 X

    Quel bavardage vide alors.Les tonneaux vides font beaucoup de clink kank. De grâce n'essayez pas de défendre le diable; ce qui est fait est fait on assume.Pourquoi bon essayer de démentir avec des études que tu ne maitrise pas si ce n'est pas vrai??????

  • lass77 (H) 07/11/2018 22:41 X

    Article biaisé , parcellaire voire tendancieux. Personne ne réclame des quotas en Mauritanie mais, il suffit en plein 21eme siècle de stopper la ségrégation de la majorité noire dans le pays. Or cet article gomme les réalités qui existent sur la question de l'exclusion des negromauritaniens et des maures noirs. C'est une réalité ou pas ? Au lieu de faire diversion sur des statistiques sociolinguistiques et linguistiques sans intérêt qui ne répondent pas à la réalité du pays. Cette situation d'exclusion compromet le développement du pays, une minorité qui dirige un pays ne peut développer un pays c'est pourquoi entre nos voisins du sud et du nord la Mauritanie est damnée et laminée partout. Le Maroc a ses usines d'assemblage d'une partie des composantes des avions Airbus, le Maroc détient ses TGV, l'Algérie va bientôt exporter ses premiers voitures sans évoquer leur métro et tramway, le senegal avec ses trains de banlieues et autoroutes , ses usines d'assemblage de voitures à Thiès etc...pendant ce temps notre Mauritanie trinque dans la médiocrité et la fainéantise à cause du chauvinisme .

  • overview (H) 07/11/2018 21:54 X

    Ces études sont faites par des étrangers, vous les jugez recevable quand ça vous arrange. le plus souvent sont des etudes influencées par les politiques dès fois même sur commande. Ne confondez pas l'usage de langue et l'appartenance communautaire, un pulaar, un soninké ou wolof peut bien parlait hasaniya tout en parlant sa langue maternelle, cela ne fera pas de lui un hasaniya. il faut noter toute fois que le pourcentage d'usage d'une langue est relative à la densité, quand vous parlez d'un nord monolingue certes mais la densité reste très faible par rapport au SUD. Quand aux resultats des urnes, nous sommes tous certains qu'ils dépendent de la participation, de l'aptitude à voter correctement et du choix des électeurs. la participation est influencée par :

    -l’état civil et personne n'ignore l'exclusion dont fut victimes les populations négro-mauritaniennes (événement 89, l’état civil biométrique):

    -l’intérêt que porte les citoyens aux élections;

    -la disponibilité des électeurs (hors pays).

    les pourcentages évoqués dans vos études s’intéresse uniquement à l'air national mais que faisons nous de tous ces mauritaniens en majorité écrasante négro-mauritanienne, exilés ou immigrés pour un meilleur avenir du à la politique d'exclusion des différents régimes qui se sont succédé jusqu’à nos jours. Je doute très fort de ce que vous avancez, pourquoi il n'y a t-il toujours pas de chiffres officiels, pire pourquoi ce dopage démographique à la couleur blanche (Touareg, sahraouis, palestiniens, libanais, marocains et bien d'autres). ce que je vous accorde c'est la différence d’apartheid avec l’Afrique du SUD, le notre est plus dangereux car on vie un apartheid par l'accessibilité à :

    -l'emploi -l’éducation,

    -l'eau,

    -l'Opportunité de financement

    -l'urbanisme,

    -la santé,

    -l'Infrastructure routière,

    -la justice,

    -l’état civil,

    -l’égalité des chances,

    -la sécurité alimentaire,

    -la gouvernance

  • leguignolm (H) 07/11/2018 21:42 X

    Du véritable chambardement ! Quand à la question concernant le poids démographique des harratines là. Je croie, Aziz est mieux placé pour te répondre s’il n’a pas oublié les propos qu’il avait tenu à Néma en ce qui est concernant sur le cas de cette transe de la population.

  • zombie (H) 07/11/2018 21:26 X

    Sadegh Maaloum À. Votre article est vide de sens et sans fondement puisque vous vous basez sur le poids démographique alors vous faîtes mauvais calcul de quotas alors dites moi pourquoi les hartines qui sont les plus nombreux demographiquement parlant ont 8 membres et les maures 10?actuellement nous vivons sous un apartheid moderne il suffit juste de faire un tour dans Nouakchott vous verrez l'écart existant entre la population s'il vous plait ne mellez notre sainte religion dans cette histoire puisque nous vivons dans une totale hypocrisie dans ce pays.

  • medabdul (H) 07/11/2018 21:19 X

    je souscris entièrement a ce que dit ce type;si on instaure le système de quotas les harratines sont lésés a outrance mais seulement y'a des harratines qui se prennent plus blancs que leurs maîtres;ces gens faut les compter dans la catégorie des birame et autres boubacar messoud.