27-06-2020 08:29 - Autour d’un thé : Questions

Autour d’un thé : Questions

Le Calame - J‘ai une question qui me trotte dans la tête depuis vraiment très longtemps. Une question un peu trouble que j’adresse à tous les Mauritaniens, y compris ceux de la Diaspora, quel que soit leur pays d’accueil, de séjour ou de refuge, qu’ils soient réguliers ou irréguliers, avec ou sans domicile fixe, testés positifs ou négatifs, asymptomatiques ne développant aucun signe de maladie : forte fièvre, toux sèche, écoulement nasal ou autre insuffisance respiratoire.

Une question – patientez un peu, ne soyez pas plus présidentialiste que le Président – une question, dis-je, que je voudrais poser aux hommes, femmes, jeunes et autres LGBT de chez nous, c'est-à-dire à tout le monde. Et, je voudrais une réponse ! Une bonne réponse….

Maintenant, que vous organisiez, pour cela, des États Généraux, des Journées de concertation, un Dialogue Inclusif, une grande Table ronde, triangulaire, rectangulaire, trapézoïdale ou cubique, voire établissiez une Feuille de route, peu m’en chaut.

Moi, je veux simplement une réponse à ma question que voici : quand la Mauritanie va-t-elle aller bien ? Ou, si vous préférez, mieux ? Ou, moins ambitieux, un peu moins mal ? C’est tout comme. Ceux qui n’ont pas compris la première formulation comprendront la deuxième, sinon la troisième. Avec le colonisateur, ça n’allait pas.

Aux indépendances, non plus. Dix-huit ans de pouvoir de feu Moktar, ça ne marchait encore pas. La preuve, les militaires sont venus. Tantôt pour nous redresser. Tantôt pour nous « saluer », c'est-à-dire nous sauver.

Mais les gens ont continué à se plaindre que ça n’allait toujours pas. Ça n’a marché ni avec feu Ould Saleck, ni avec feu Louly, ni avec Haidalla, ni avec Maaouya, ni avec feu Ely, ni même Sidi, encore moins Aziz, ni maintenant Ghazwani. Ça n’a marché ni avec les civils ni avec les militaires.

Ni avec les excellents officiers ni avec les « très moins bons » officiers. Ni avec les excellents économistes ni avec les avocats de renom. Finalement, c’est qui ne marche pas ? Le peuple ou ses dirigeants ? Soixante ans que ça ne marche pas. Bon, alors, arrêtons un peu : Il faut bien que ça marche ou que ça casse. C’est la règle.

C’est quoi donc qui ne marche pas ? Et surtout, ne me lancez pas la vieille rengaine d’il y a des choses qui marchent et des choses qui ne marchent pas. Je n’ai pas besoin d’évidences. Les chèvres marchent en plein centre-ville à côté des charrettes attelées à des ânes.

Les affaires tordues marchent d’ailleurs très bien. Les petites combines mesquines de certaines administrations aussi.

Les coups sinueux, les mensonges grossiers, tout comme les lobbies qui infestent les ministères et les empêchent, eux, de marcher... Même pas un an qu’il est au pouvoir et déjà que ça ne va pas, ça ne va pas ! Celui qui « critique » un « gav » n’a qu’à mettre un autre « à sa place ». Il ne suffit pas de dire que ça ne va pas. Il faut dire comment ça peut bien aller. Faire bien faire aller les choses chez soi.

Puis ensuite venir le faire chez les autres. Est-ce que ça va, l’opposition ? Dans toutes les oppositions ? Entre tous les opposants ? Depuis toujours ! Est-ce que ça va, la Société civile ? Pourquoi justement ça ne va pas, entre les organisations de la Société civile ?

Ça va, la presse ? Les secteurs agricole, halieutique, minier, industriel, bancaire, touristique… ? Les syndicats ? Le monde des affaires ? Les avancements militaires ? Qui peut devenir Général ? Qui au tableau d’avancement ?

Ça va, les critères de promotion ? Ça va, la bonne gouvernance ? L’avancement dans le corps de la police ? Des recrues d’à peine cinq à six années avancent au grade, alors que de vieilles têtes en poste depuis plus de vingt ans marquent encore le pas au statut de simple agent !

Dire que ça ne va pas ? Mais comment voulez-vous que ça aille ? Quand on n’a pas peur de tromper un président de la République ? Notamment dans la mise en œuvre de ses engagements… Une soixantaine de 4x4 qui se retrouvent douze au final ! Demandez à Ta’azour. Aller vers où ? « La course a des yeux », nous dit l’adage… Salut !

Sneiba El Kory



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Commentaires (3)

  • KANTAKI (H) 27/06/2020 18:31 X

    Bravo Sneiba : Bravo unioniste! Les colons français l'ont dit aussi, les maures et les hallpulars sont ingouvernables!

  • Mouvement indignés RIM (H) 27/06/2020 16:36 X

    Réponses : Rien ne va en Mauritanie car seul le lobby au pouvoir profite, et mène un train de vie de prince alors que la majorité des citoyens vit dans la misère ; à commencer par les fonctionnaires ? Rien ne va parce que nos ministères fonctionnent avec un personnel réduit et incompétent alors de nouveaux organigrammes sont dans les tiroirs des Ministres depuis plusieurs mois. Rien ne va car nos propres dirigeants et leurs hommes de main prennent notre argent contre de la monnaie de singe (exemple de X qui fort d’un permis d’occuper d’une immense parcelle à la baie du lévrier, encaisse un prêt d’un Milliard d’ouguiyas à la CDD). Rien ne va car étant un pays musulman, on interdit la loterie mais on autorise des transactions hasardeuses et douteuses qui ont laissé sur le carreau des centaines de personnes (les opérations immobilières sous l’ancien régime). Rien ne va puisque la famille et les proches de chaque Président prennent en otages tous ceux qui détiennent un centre de décision. Rien ne va parce que nous sommes dirigés par des militaires depuis 1978 ; ces bidasses n’ont jamais gagné une seule guerre et qui ont inauguré l’ère de l’enrichissement illicite. Rien ne va car il n’existe pas réellement un quatrième pouvoir, la majorité de nos journalistes étant peshmergas. Et en fin, rien ne vas parce que nous avons raté l’opportunité de faire notre REVOLUTION. Cependant, il n’est jamais trop tard. Et je pense que nous devons la faire et créer une nouvelle charte en sortant de notre subconscient collectif tout vocable du genre : tribu, notable, marabout…Le Mouvement Indignés RIM est prêt à mener la Révolution car l’état de grâce n’a que trop duré !

  • unioniste (H) 27/06/2020 13:52 X

    Je serais peul ou soninké d’origine. Je suis mure depuis plus de 400 ans. Qu’est ce que ça veut dire? Un aïeul qui, après avoir accompli son pèlerinage avait préféré se fixer à Chinguetti. A l'époque, tous les pèlerins de la contrée qui n'avait pas encore de nom se regroupaient à Chinguetti pour faire le voyage ensemble par mesures de sécurité, Cet ascendant avait donc préféré habiter à Chinguetti, capitale du savoir à l’époque. Il était semble-t-il d’autres ‘’almoudos’’ ou étudiants noirs. Ils s’étaient regroupés en communauté. Les plus brillants qui n’avaient quitté le bled s’étaient fondus aux autochtones avec le temps. Nous, leurs descendants, nous sommes des maures purs et durs mais également nous savons que derrière cette ‘’muresté’ nous sommes noirs. Moi, j’ai, en plus de mes cousins, un autre sang. La grand-mère de mon père, une jeune princesse bambara, fut vendue par son mari, aussi prince d’un autre village, pour la sanctionner pour avoir refusé la polygamie, à un caravanier, le grand- père de mon père. C’est une longue histoire. Mais pourquoi toute cette longue ‘’mise de file en aiguille’’ (khroujou) ? D’abord parce que Monsieur Sneiba El Kory, avant de lâcher sa question nous a gardé longtemps en haleine puis à cause de ma réponse que beaucoup trouveront bizarre et inacceptable. Depuis toujours, avant et après la colonisation les groupes dominants sont mes parents : les maures et poulars. La belle et pertinente démonstration de Sneiba El Kory me confirme ce que je soupçonnais : les maures et les poulars ne peuvent pas gouverner ni être gouvernés . Ils sont comme le bâton de lehbezzi ; celui qui le porte perd son père et celui qui ne le prend pas perd sa mère اعمود لحبزي : حد رفدو اموت بوه و الا ما رفدوا تموت امو Conclusion : Quand les maures et les poulars renoncent au pouvoir et laissent quelqu’un issu de l’une des autres communautés présider aux destinés de ce pays, tout ira bien. Un exemple a déjà vu le jour, c’est la Syrie. Pourquoi les Assad sont arrivés au pouvoir alors que les alaouites ne représentent rien dans ce pays ? C’était justement un consensus entre les puissantes tribus qui ne se laissaient pas dominer entre elles par orgueil surtout.