13-10-2025 16:36 - Nouha Mohamed Saleh : « La drogue est devenue une plaie ouverte dans le corps de la nation »

Shems Maarif -- L’ambassadrice de la sensibilisation aux dangers de l’addiction, Nouha Mohamed Saleh, tire la sonnette d’alarme face à ce qu’elle décrit comme une crise arrivée à un point de non-retour. Dans une déclaration publique largement partagée, elle évoque l’expansion rapide du fléau de la drogue en Mauritanie, une situation désormais hors de contrôle.
« Le fléau de la drogue parmi nous est arrivé à un point de non-retour », déclare-t-elle, en ajoutant que ceux qui prennent aujourd’hui la mesure du désastre étaient, hier encore, ceux qui en minimisaient les risques ou justifiaient son existence.
Dans ce message empreint de gravité, Nouha Mohamed Saleh insiste sur l’urgence d’agir concrètement : « Les solutions ne s’écrivent pas avec des slogans, mais avec des actes, du courage et des sacrifices. » Pour elle, il est impératif de sortir du déni collectif et d’affronter la réalité avec lucidité et engagement.
Récemment, elle a effectué une visite dans plusieurs établissements pénitentiaires du pays. Bien qu’écartée du mécanisme national de lutte contre la torture, elle affirme rester fidèle à sa mission et à sa conscience : « Mon nom a été retiré, mais ma conscience ne l’a pas été. » Elle raconte avoir rencontré de nombreux détenus toxicomanes, hommes et femmes, partagé leur souffrance et perçu dans leurs regards « une patrie qui gémit derrière les barreaux ».
Elle dénonce par ailleurs l’indifférence de certaines structures publiques face à l’ampleur du drame. « Je suis parfois accueillie avec une froideur qui ressemble à une normalisation de la douleur, comme si la perte de notre jeunesse était devenue une chose banale. C’est pourtant un effondrement moral et humain. »
Nouha Mohamed Saleh appelle à un changement de perspective sur les personnes dépendantes. À ses yeux, elles ne sont pas des criminels, mais les victimes d’un mal profond. « Un toxicomane n’est pas un criminel, mais une blessure ouverte dans le corps de la nation », affirme-t-elle avec force.
Elle salue l’action de ceux qui, dans l’ombre, se battent chaque jour pour sauver des vies : « La solution est entre les mains de ceux qui veillent, qui dépensent, qui sacrifient, de ceux qui croient que protéger un être humain est une responsabilité sacrée. »
Dans une déclaration empreinte de franchise et de détermination, elle conclut : « Nos pays ne guériront que si nous mettons l’être humain au centre. Que notre lutte contre la drogue soit sincère. Tendons la main, non pour juger, mais pour aider. Les nations ne se relèvent que lorsqu’elles affrontent leurs peurs et leurs blessures avec courage, responsabilité et foi en la dignité humaine. »