24-11-2025 18:58 - TRIBUNE / « La relation Mauritanie-France de demain se bâtira sur un partenariat économique fort »
Par Nicolas Forissier, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité
« Id wahda ma tsaffaq », « une main seule ne peut pas applaudir », ce célèbre proverbe hassaniya nous rappelle qu’aucune grande ambition ne peut se passer de coopération.
Dans le contexte régional et international dégradé que nous connaissons, nourri par la tentation du repli politique et économique, la relation entre la Mauritanie et la France nous offre aujourd’hui un contre-modèle de partenariat ouvert et respectueux de nos intérêts respectifs.
Je me réjouis donc, à l’occasion de cette visite de deux jours en Mauritanie, de pouvoir affermir cette coopération déjà dense et de travailler à esquisser avec nos partenaires et amis mauritaniens les contours de son approfondissement.
La relation entre la France et la Mauritanie repose en effet sur de profonds liens historiques et humains, une coopération de sécurité de qualité et un appui continu en matière d’aide au développement. Ces fondamentaux ont été les fils conducteurs d’une amitié qui ne s’est jamais démentie depuis l’indépendance.
Ils demeurent pertinents aujourd’hui et nous continuons à les investir, à travers notamment l’Agence française de développement (AFD) dont le portefeuille de projets en Mauritanie a doublé en l’espace de deux ans pour atteindre un niveau d’engagement de plus de 400 millions d’euros.
Sans rien renier de ces axes d’efforts, je suis cependant convaincu, dans l’esprit de l’agenda de transformation des relations entre la France et le continent africain que porte le président Macron depuis 2017, que la relation Mauritanie-France de demain se bâtira sur un partenariat économique fort. Un partenariat qui donne la part belle aux initiatives et aux investissements portés par le secteur privé dans nos deux pays. Le président Ghazouani rappelait cette évidence en avril dernier : « le secteur privé est le moteur de la croissance économique et de l’emploi ».
Pour ce faire, nous pouvons déjà nous appuyer sur des fondations solides. Près de quarante entreprises françaises sont actuellement présentes en Mauritanie. Elles contribuent à plus de 2000 emplois directs et participent à la formation de centaines de jeunes mauritaniens.
Ces entreprises investissent depuis plusieurs années dans des secteurs pourvoyeurs de croissance, à l’image de Méridiam engagé pour 155 millions d’euros dans la construction du terminal à conteneur du port de Nouakchott. Nos échanges commerciaux s’élevaient en 2024 à près de 340 millions d’euros.
Nous pouvons et nous devons toutefois faire encore mieux. La Mauritanie dispose d’atouts indéniables : une stabilité remarquable, des indicateurs macroéconomiques prometteurs, une situation géographique privilégiée mais aussi de riches ressources humaines et naturelles. La France est prête, dans le plein respect de la souveraineté et des intérêts de la Mauritanie, à l’accompagner pour faire de ces atouts les leviers de sa croissance future.
C’est tout le sens de l’accord que je signerai aujourd’hui avec le ministre des affaires économiques et de développement M. Abdallahi Ould Souleymane Ould Cheikh Sidiya pour le financement à hauteur de 39 millions d’euros de l’hybridation de dix centrales thermiques, accompagnant ainsi la Mauritanie sur la voie d’un développement plus durable et respectueux de l’environnement.
C’est dans cette même logique que le Trésor français a tout récemment accordé un financement de 43 millions d’euros pour le projet Aftout Es-Saheli de rénovation du système d’adduction en eau potable de la ville de Nouakchott. Porté par l’entreprise Razel Bec, ce projet élargira et sécurisera l’accès à l’eau dans toute la capitale.
Mais au-delà des accords signés, je souhaite aussi que cette visite nous permette d’explorer les relations d’affaires qui feront la relation économique de demain, notamment dans les domaines porteurs où nous faisons face à des défis communs : les transitions énergétique et écologique, la santé, les infrastructures, le développement agricole ou encore l’aménagement urbain.
Ces liens pourront notamment offrir à nos jeunesses des perspectives professionnelles stimulantes au service de la prospérité de nos deux pays. La dynamique est donc prometteuse, il ne dépend que de nous d’en exploiter toutes les possibilités.
J’ai hâte durant ces deux jours à Nouakchott de rencontrer et d’échanger avec les femmes et les hommes qui font la vie économique du pays ; car l’économie est d’abord une question de liens humains et ce sont ces liens qui font la richesse de notre amitié et qui nous permettront demain, à n’en pas douter, d’applaudir bien avec nos deux mains à nos succès conjoints.
