13-04-2024 09:54 - Lettre ouverte à la haute attention de Son Excellence, Bassirou Diomaye Faye, Président de la République du Sénégal

Lettre ouverte à la haute attention de Son Excellence, Bassirou Diomaye Faye, Président de la République du Sénégal

Par l’entremise honorable du Président Mohamed Cheikh GHAZOUANI,Président de la République Islamique de Mauritanie Président en exercice de L’UA et de SE Mr l’ambassadeur du Sénégal à Nouakchott.

Objet : le CFA

Excellence, Cher frère,

J’ai l’honneur et le plaisir de vous féliciter et de vous souhaiter plein succès dans votre exaltante mission.

Je prie Allah d’aider de toute sa puissance le Sénégal à aller vers plus de progrès économique et financier et dans tous les domaines.

Ici, en Mauritanie, comme vous le savez, nous considérons que le Sénégal est notre second pays, le peuple sénégalais, notre frère jumeau.

Nos devoir de frères, de voisin, et de musulmans nous dictent de vous dire avec franchise et sans réserve ce que nous pensons, chaque fois que cela nous parait indispensable.

Aujourd’hui, je me permettrais d’attirer votre Haute Attention, en vrac, pour ces raisons évidentes, évoquées plus haut, et pour l'Histoire, sur les points qui vont suivre.

1- Les questions monétaires sont différentes des questions économiques du fait de leur caractère hypersensible et de leur imbrication avec beaucoup de facteurs, de domaines et du fait de leurs multiples dimensions psycho- socio- politico- économiques ...

2- La Monnaie et la Banque sont encore, d’un point de vue technique, des moins maîtrisées dans nos pays.

3- Brutalement, je vous mettrais en garde contre certains retraités de la BCEAO, aujourd’hui révolutionnaires, qui pourraient être tentés de faire une nouvelle vie active sans CFA et avoir, ce faisant, un ascendant sur toute la classe politique du fait de leurs "connaissances", après avoir servi et consommé une vie BCEAO- CFA. Belle opportunité ; deux vives contradictoires en une seule.

4- Malgré mon expérience à la Banque Centrale de Mauritanie, mes stages à la Banque de France, à la BNP, au Fonds monétaire international, trente années d'enseignant des matières de finances- banque-, à l’université ; après avoir obtenu des diplômes supérieurs de comptabilité, de Finances et de banque au CNAM de Paris et à l’Université Paris IX Dauphine, malgré ces références, je n'oserai pas vous conseiller de conserver ou d’abandonner la monnaie convertible CFA.

5- En revanche, je vous proposerai de prendre le temps et les dispositions afin d’étudier les phénomènes bancaires et monétaires, comme vous avez appris la fiscalité.

6- Aussi vos décisions seront- elle prises en parfaite connaissance de vous vous-même, par vous-même, et non en suivant les conseils et avis des autres.

Excellence,

Le monde de la Finance et de la banque, partout dans le monde, est le lieu, le fief, de l'opacité, de la rétention du savoir pour soi, en exclusivité, de l'hypocrisie et de l'opportunisme. Il reste peuplé de caïmans ailleurs, et "d’apprentis" caïmans, chez nous. Le succès des Rockefeller n’est pas dû au hasard.

6- Dans le cadre de vos études et réflexions personnelles, vous ne manqueriez pas de vous poser les questions ci- après :

A – Convertibilité : Si vous émettez votre propre monnaie, sera- t- elle non convertible ? Adopteriez- vous alors un système de contrôle des changes ?

Quels en seraient les inconvénients et les avantages ?

-Serait-elle, au contraire, convertible ; dans ce cas, auriez vous les moyens de soutenir son cours par rapport aux autres devises ?

B- Vous avez l’intention de lutter contre les détournements des derniers publics ; n'y aurait-t-il pas une charge de travail, de contrôle supplémentaire, et un système de lutte contre les détournements des devises, des avoirs extérieurs ; à mettre en place?

C- Le Sénégal, pays d'ouverture de panafricanisme ? ou de repli sur soi et de protectionnisme ? La monnaie, à ce niveau n’est pas neutre. Nous avons dit qu’elle influence tout le reste.

D- Le génie de votre Gouvernement ne résiderait-t- il pas dans la conciliation entre la liberté, la libération et la stabilité ?

E- Nous révolter, en Afrique, contre nos conditions actuelles est bien compréhensible, légitime et louable, mais cela justifierait des sauts dans l'inconnu.

F- "La politique du tout ou rien", des extrêmes, ne relève-t-elle pas de la pathologie ; par contre le respect de "l’Existant" et la recherche de son amélioration ne serait-ils pas plus sage ?

G- La prudence et la sagesse, pour un gouvernement jeune, formé, de "relativement" jeunes qui vont mener une expérience, plus "jeune" qu’eux, toute neuve, nouvelle née, je pourrais bien me permettre ;à ce propos, de les leur recommander vivement.

PRUDENCE

Enfin, il serait fort intéressant d’étudier de prés et à fond notre expérience en la matière, parce que vous y faites aimablement référence. Je vous rendrais l’ascenseur en vous suggérant de comparer l'évolution de nos économies et des systèmes politiques respectifs en 1960- 1973 et 1974 - 2019.

On dit souvent, à juste titre, que « la monnaie est le reflet de l'économie et l'ombre du Roi.»

Enfin, nos anciens colonisateurs, aujourd’hui partenaires – généreux ou égoïstes- peu nous importe-, il faudrait savoir leur arracher courageusement, face à face, des compensations et des concessions en dialoguant avec eux, en haussant, en essayant même de les coloniser, par la séduction ; notamment, comme sait bien le faire l’Homme et la Femme Sénégalais, au lieu de les fuir dans une sorte de "fuite à l'avant".

Excellence, Cher frère,

Votre frère ainé vous rappelle que nous sommes, dans un monde impitoyable, entre l’enclume du néocolonialisme et le marteau des nouveaux colonisateurs.

Défendons avec sang froid et rationalité les intérêts de nos pays.

A l’endroit de notre jeunesse, légitimement impatiente, je paraphraserais Napoléon qui disait en parlant des français : « Les français, il faut les sauver malgré eux ».

Un proverbe de chez nous : "Peut marcher tout doucement, celui qui, court vite dans son for intérieur". Traduction littérale.

Veuillez agréer l’expression de ma très haute considération.

Fraternellement

Signé

Mohamed Ould Mohamed El Hacen

Président de l'institut international d'Etudes et de Recherche stratégiques

2 IRES

Email: faardgs@gmail.com

Wztsaap 00222 37034760





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Commentaires (2)

  • Buwuelm (H) 15/04/2024 17:53 X

    I. J’avais d’autres appréciations, mais je ne pouvais les exposer qu’après avoir analysé le fond de l’article. Depuis le 13 courant, j’ai cherché à trouver les raisons qui ont poussé M. Mohamed Ould Mohamed El Hacen à utiliser un langage aussi direct qu’amical.

    II. « Excellence, Cher frère ». Il est rare de voir utilisé cette formule par quelqu’un qui vient tout juste de trouver une occasion de s’adresser à un chef d’État. Cette façon d’interpeller un président de République, en dit long sur les relations qu’aurait pu tisser l’auteur de l’article avec le président sénégalais. J’ai cherché dans mes archives et j’ai lu une bonne partie de la presse nationale et internationale, je n’ai pas trouvé qui puisse expliquer le ton employé par El hacen. Peut-être que quelqu’un va me donner une preuve de la complicité (fraternelle) entre les deux hommes.

    III. Même si, par extraordinaire, le président de « 2IRES » et le président Diomaye se connaissent, une ascendance du premier sur le second, est nettement perceptible au point N° 3 : « BRUTALEMENT, JE VOUS METTRAIS EN GARDE contre... ». Je considère personnellement, que c’est une erreur de « brutaliser » un chef d’État, dont on n’est ni garde de corps, ni conseiller (jusqu’à preuve du contraire). J’ai passé en revue la totalité (ou presque) des interventions de El hacen, c’est la première fois qu’il s’attaque brutalement à un chef suprême des armées d’un pays.

    IV. Au point N° G « La prudence et la sagesse, pour un gouvernement jeune, formé, de "relativement" jeunes qui vont mener une expérience, plus "jeune" qu’eux, toute neuve, nouvelle née… », El hacen n’a pas raté la nouvelle équipe dirigeante au Sénégal, lui faisant croire, qu’avec tous ces jeunes, et rien qu’avec eux, rien ne marchera ; ceci est très grave comme affirmation. Notons qu’en faisant peur au président Faye, Mohamed n’a pas oublié de vanter ses mérites à lui, au point N° 4. Je crois qu’il ne faut plus sous-estimer les capacités intellectuelles des jeunesses africaines, surtout qu’un changement radical est constaté au niveau des mentalités, pour un développement qualitatif du continent noir.

    V. Dans le paragraphe suivant, réservé à la prudence : « Enfin, il serait fort intéressant d’étudier de près et à fond notre expérience en la matière, parce que vous y faites aimablement référence ». Je n’ai pas compris le sens de ces phrases. Il y a quelque chose qui n’est pas clair dans ma tête. Que désigne le « NOTRE » qui vient avant « expérience » ? S’agit-il de 2IRES ou de l’État mauritanien ?

    VI. Quel que soit alpha, des phrases et des termes comme : « Ici, en Mauritanie, comme vous le savez, nous considérons que le Sénégal est notre second pays, le peuple sénégalais, notre frère jumeau », « Nos devoirs de frères, de voisin, et de musulmans nous dictent de vous dire avec franchise… (chrétien, athée et agnostique aussi, peuvent exprimer leurs propositions, mais qu’elles soient conformes avec les aspirations du peuple) » ; « votre frère ainé… », (comme si le frère cadet n’avait pas son mot à dire) ; « aimablement » et « fraternellement », n’ont plus de place dans ce genre de correspondance. Les sentiments faussent souvent les résultats nécessaires à l’harmonie dans les affaires, et je remarque que M. El hacen pense que cette stratégie pourrait être payante. C’est sans compter, qu’avec ces jeunes qui ont pris la relève au Sénégal, pour être choisi maintenant, il faut prouver des compétences (personne physique ou morale).

    Je souhaite beaucoup de chance à Mohamed Ould Mohamed El Hacen, dont la fonction et l’adresse complète sont ci-contre, d’être comme il le souhaite, l’un des futurs employés du jeune président sénégalais.

  • Buwuelm (H) 13/04/2024 18:28 X

    C’est avec intérêt, que j’ai lu l’article M. Mohamed. Il me semble qu’il a de sérieuses notions dans le domaine monétaire.

    1) Cette lettre est destinée à S.E. Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Quand quelqu’un s’adresse à un Chef d’État, et surtout pour la première fois, il doit éviter d’écorcher son nom, pour ne pas paraitre minimaliste.

    2) Apparemment, le président de « 2IRES », (je note au passage, qu’il doit y avoir un défaut de placement entre les lettres « E » et « R »), demande au Président de la Mauritanie et à l’ambassadeur du Sénégal à Nouakchott, d’être ses intermédiaires auprès du président sénégalais. Pourquoi ? Pour cette offre de service, déguisée à coup sûr.

    3) Je rappelle à Mohamed El hacen, qu’il est inconcevable que la nouvelle équipe installée à Dakar, traite de sitôt, un sujet aussi complexe, que le sort à réserver au « franc CFA ». Il y a d’autres chats à fouetter en urgence, comme la cherté des denrées de première nécessité, de l’eau et de l’électricité entre autres. Cette histoire de monnaie ne pourrait en aucun cas, être débattue avant les cent premiers jours de gouvernance. Personnellement, je mise sur 2026, pour l’ouverture des discussions sur le franc des ex Colonies Françaises d’Afrique, devenues : Communauté Financière Africaine.

    4) La démarche d’El hacen ne fera pas plaisir aux éléments de M. Sonko, qui, contrairement à Ould Mohamed, tiennent à rompre avec certaines pratiques anti-démocratiques, comme le népotisme. L’auteur de cette missive doit patienter, pour ne pas mettre la charrue avant les bœufs.

    5) Solliciter un intermédiaire comme le président de la Mauritanie ou un ambassadeur accrédité à Nouakchott, par les temps qui courent, sera rejeté d’emblée par le gouvernement du Sénégal, qui tient à rompre avec les anciennes pratiques qui ont toujours freiné le développement économique de l’Afrique. Pour cela, je demanderai à Mohamed El hacen d’attendre qu’un appel d’offres soit lancé par les autorités sénégalaises, pour préparer un dossier et soumissionner en bonne et due forme.

    6) Si j’analyse le point n° 5 : « En revanche, je vous proposerai de prendre le temps et les dispositions afin d’étudier les phénomènes bancaires et monétaires, comme vous avez appris la fiscalité ». Je constate une sous-estimation des capacités de M. Bassirou. En effet, lui dire : « vous avez appris la fiscalité », pourrait signifier : appris mais pas maitrisé.

    7) Au point n°6 (premier) : « Aussi vos décisions seront- elle prises en parfaite connaissance de vous vous-même, par vous-même, et non en suivant les conseils et avis des autres ». Comment quelqu’un qui donne des conseils prématurés à un individu, (en français très risqué), lui demande en même temps de ne pas tenir compte des mêmes conseils ? C’est ce que El hacen a fait dans ce texte.

    8) Au point n°6 (en double) : « Dans le cadre de vos études et réflexions personnelles, vous ne manqueriez pas de vous poser les questions ci- après : »… Personnellement, j’aurai écrit : « …Vous ne manquerez pas… » au lieu de : « vous ne manqueriez pas ». Les modes et les temps doivent être respectés.