17-04-2024 15:10 - Analyse succincte après la sortie du « soldat » Biram Dah Abeid
J'ai partagé mes réflexions avec certains des collaborateurs proches de
Biram Dah Abeid : il n'incarne plus l'opposition radicale. Ce constat est
partagé, notamment depuis les élections de 2019.
Les quelques postes
octroyés ou promis à ses partisans et proches dans des organismes tels
que Taazour, ainsi que dans le domaine des droits humains, indiquent
un éloignement de l'opposition radicale.
En réalité, celle-ci vise
généralement des changements rapides et significatifs dans le système
ou la société, avec pour objectifs le renversement par les urnes du
régime en place, une transformation sociale radicale, la défense des
droits et des libertés, ainsi que la dénonciation des systèmes de
domination, dans le but de créer une société plus juste et équitable.
Toutefois, la récente reconnaissance de Biram Dah Abeid parlant d’une
amitié avec le chef de l'État a été perçue comme un coup dur pour lui ;
également interprétée comme un manque de culture politique.
Par ailleurs, il est nécessaire d'avoir des moyens financiers pour mener
une campagne électorale. Cette année, les soutiens financiers ne
semblent pas être en sa faveur. L'idée même d'une insurrection pour
renverser le régime en cas de besoin n'est plus d'actualité. Bien que
cela n'ait pas été explicitement demandé pendant le mandat de l’ancien
chef de l’Etat A. Aziz, la situation politique le laissait entendre.
De plus,
une confrontation indirecte et disproportionnée, combinée à un manque
de transparence, a nui à son image et entache toujours sa crédibilité. Il
semblerait que certains propriétaires d'hôtels qui avaient mis
gratuitement leurs établissements à disposition, ainsi que des militants
associatifs de la diaspora, etc., ont exprimé leur mécontentement. Son
manque de reconnaissance et de considération envers certains acteurs
risque de limiter ses chances de réussite.
Biram Dah Abeid a parcouru le pays à la tête de l'IRA, mouvement
abolitionniste dont il doit maintenant se retirer pour garantir la continuité
du financement, une chose qui a été promue mais malheureusement
non respectée. Même s'il continue à se présenter comme le candidat du
RAG et à mettre en avant son parcours militant malgré la perte de ses
principaux collaborateurs, cela ne sera pas suffisant pour remporter des
élections.
En analysant les élections législatives précédentes, il est clair que Biram
Dah Abeid a perdu de son influence. Sa crédibilité en a souffert. La
coalition Espoir a remporté son bastion de Ryad. Les faibles résultats en
termes de députés, maires et conseillers municipaux pour une
opposition le confirment. Les Mauritaniens ont différents points vue sur
le vote. Le vote pour Biram ou pour son candidat n’a pas été au point.
Il est judicieux de lui conseiller, en premier lieu, de comprendre que son
absence lors d'une élection n'est pas une insulte personnelle. Ensuite, il
devrait annoncer publiquement qu'il ne se présentera pas en 2024, et
appeler à une candidature unique. Si cette candidature unique parvient
au second tour, il devrait encourager toutes les forces politiques à se
rallier à cette cause, en s'y incluant lui-même, non pas en tant que
leader mais en tant que membre de la classe politique.
Bien que
certains puissent penser que cela est improbable étant donné son
tempérament et sa personnalité, il est important de noter que cette
dernière carte en main n'est pas son atout principal. En effet, s'il
échoue, cela ne sera pas uniquement de sa faute. Il pourrait alors
passer le relais jusqu'en 2029. Les élections approchent à grands pas,
et il n'a plus rien à prouver.
En 2029, après un retrait bénéfique de la course à l’élection
présidentielle un retour honorifique sera possible en proposant un
programme axé sur l'économie, l'éducation, la santé, l'environnement, la
sécurité, le social, la justice, la culture et l'identité plurielle de la
Mauritanie, Biram Dah Abeid pourrait envisager une sortie en beauté. Il
devrait également tenir compte des spécificités régionales, des défis
nationaux et des tendances politiques du moment.
Souleymane Sidibé
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