14-07-2025 13:51 - Protestation des professeurs de français concernant les épreuves de français au baccalauréat

Protestation des professeurs de français concernant les épreuves de français au baccalauréat

Nouakchott, le 14 juillet 2025

À l’attention du Directeur des examens et concours

Monsieur le Directeur,

Nous, professeurs de français en exercice sur le terrain, souhaitons vous faire part de notre profonde préoccupation face aux nombreuses irrégularités, récurrentes depuis plusieurs années, dans la conception et la présentation des épreuves de français au baccalauréat. Ces irrégularités touchent aussi bien le respect des programmes officiels que les aspects méthodologiques de l’évaluation.

En tant que professionnels de l’enseignement, nous avons toujours réagi face à ces dysfonctionnements, espérant que nos protestations – parfois véhémentes – seraient prises en considération. Cependant, force est de constater que, cette année encore, les mêmes travers persistent, au mépris des principes pédagogiques et de l’équité entre les candidats.

Face à cette répétition des anomalies, et conscients de notre devoir moral et professionnel, nous jugeons nécessaire d’interpeller publiquement votre direction, mais également, à travers elle, l’Inspection générale et le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Réforme de l’Enseignement. Nous appelons à une prise de conscience urgente afin de garantir, d’une part, le caractère véritablement évaluatif du baccalauréat, et d’autre part, de préserver les droits des élèves à concourir dans des conditions justes et conformes à leurs apprentissages.

Quelles sont les défaillances que nous relevons ?

1. L’inadéquation des sujets aux programmes officiels

L’un des reproches majeurs concerne l’incohérence manifeste entre les textes proposés et les thèmes effectivement étudiés dans les différentes séries. Si le choix des textes peut légitimement être large, il demeure impératif qu’ils soient en adéquation avec les orientations programmatiques propres à chaque série.

Ainsi, le texte proposé en 2025 aux candidats de la série Lettres modernes traitant des nouvelles technologies de la communication aurait davantage convenu aux séries scientifiques, tant il semble en décalage avec les préoccupations littéraires attendues dans cette filière. De même, le texte sur la délinquance juvénile, attribué aux séries scientifiques, aurait été plus pertinent pour la série Lettres, tant sur le plan thématique que linguistique.

Ce chevauchement constant, fruit d’un manque de rigueur dans la sélection des textes, engendre une confusion préjudiciable tant pour les élèves que pour les enseignants, qui peinent à structurer efficacement leur progression pédagogique.

2. Des choix méthodologiques incohérents

Sur le plan méthodologique, nous déplorons l’absence d’un cadre clair et stable d’évaluation. Alors même que des directives avaient été communiquées par l’Inspection, notamment en ce qui concerne l’introduction systématique de questions de compréhension de texte, ces engagements ne sont pas tenus. L’épreuve de la série Lettres modernes cette année illustre ce manquement, compromettant ainsi les chances de réussite de candidats pour qui le français constitue une discipline fondamentale. Par ailleurs, la pratique du résumé de texte, souvent imposée sur des textes trop courts ou peu adaptés à cet exercice, perd en pertinence et en efficacité. Quant à la dissertation, elle semble sombrer dans une dérive anarchique : les sujets sont proposés sans fil conducteur, sans ancrage clair dans une problématique, rendant l’exercice encore plus difficile pour des élèves dont le niveau général est notoirement faible.

3. Une méconnaissance du niveau réel des élèves

Enfin, nous regrettons une tendance à ignorer la réalité du niveau linguistique et intellectuel de la majorité de nos apprenants. Le maintien d’épreuves exigeantes, sans accompagnement ni adaptation, contribue à accentuer l’échec scolaire et à fragiliser davantage des élèves déjà en difficulté. En conséquence, nous, professeurs signataires de cette lettre, recommandons solennellement ce qui suit :

1. Que soit assurée une vigilance accrue dans la sélection et la formulation des épreuves de français au baccalauréat, afin de garantir leur conformité aux programmes et aux spécificités de chaque série ;

2. Qu'une réflexion approfondie soit menée, en concertation avec les différents acteurs de l’éducation, pour envisager le remplacement des exercices traditionnels (résumé et dissertation) par des formes d’évaluation plus adaptées au profil des élèves, et qui permettent une évaluation réelle et équitable de leurs compétences linguistiques et analytiques. À défaut de les remplacer, les alléger de manière à faciliter leur réalisation par les élèves ;

3. Que l'équipe chargée de la conception des épreuves travaillent de concert avec les enseignants responsables des classes d'examens ;

4. Que les épreuves, qu’elles soient destinées aux séries scientifiques ou littéraires, comprennent des questions de compréhension.

Nous vous remercions pour l’attention que vous voudrez bien porter à cette requête, motivée par notre attachement à la qualité de l’enseignement du français et au respect des principes d’équité et de justice dans l’évaluation scolaire.

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de notre considération distinguée.

Les professeurs de français signataires :

1. Sidaty Mohamed Dicko, lycée d´Excellence 3 de Nouakchott, Matricule 74022 H

2. Kalidou Hamady Gueye, lycée de Benichab, 86181 Z

3. Ahmed Ahmed Bezeid, Lycée Jedida, 76765P

4. Binta Issa Ly, Lycée de Chégar,112380 B

5. Harouna Sidibé, lycée de Mbout, 86182A

6. Mamadou Ousmane Wane, lycée de Mbagne,

7. Ngaidé Abdoulaye, lycée de Boghé, 80708A

8. Oumar Saidou Ly, collège Elmaden, Adrar, 111054K

9. Yero Tahirou Gacko, collège de Lekhteit, Brakna

10. Saratou Mohamed Elkebir Sow, collège des jeunes de Kiffa

11. Amadou Mamadou Lam, lycée de Bohdidé, Brakna, 080694K

12. Abdoulaye Amadou Kane, lycée d’Atar, 97375R

13. Yero Amadou Mbodj, lycée de Kankossa,

14. Aliou Abou Dia, lycée arafat 2, 76937B

15. Oumar Hamady Ba, lycée de Sélibaby, 91444U

16. Elhaj Oumar Diagne, lycée 1 de Néma, 99572

17. Abderrahmane Sow, lycée d’excellence de Nouadhibou, 44428Q

18. Boubacar Sy, lycée d’excellence 3, 76834P

19. Ciré Amadou Dia, lycée 2 de NDB, 80705X

20. Yahya Abdoulaye Tandia, collège de Diogountouro, 76553J

21. Boubou Yatou Thiam, lycée de Magta lahjar, Brakna, 111057N

22. Oumar Mamadou Lam, lycée de Tweizikt, Atar, 111058P

23. Moussa Mamadou Niass, lycée de Nouadhibou, 71120 D

24. Mohamed Soueilem, collège 3 de Nouadhibou, 113507B

25. Aliou Harouna Dem, lycée de Bababé, 67314R

26. Seck Hamady Farba, lycée El wava Nouadhibou, 91442S

27. Fatima Khalifa Soumaré, Collège Madrid, 111065X

28. Lalia Gueladio Soumaré, Collège de Nouadhibou,111066X

29. Mohamedou Ba, collège 3 de Nouadhibou, 76863W





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Commentaires (1)

  • abdoull (H) 14/07/2025 14:48 X

    Votre reclamation est juste et est pour protéger le droit de l'apprenant. Mais, ceci est fait délibérément. Dans l'esprit de certains porter prejudice à certains élèves, les autres sont ne sont pas concernés.