Shems Maarif -- Les ralentisseurs font leur grand retour dans les rues de Nouakchott… pour mieux être supprimés quelques mois plus tard.

Dans une capitale où la circulation reste un casse-tête, ces aménagements routiers semblent suivre le rythme des humeurs politiques plutôt qu’une réelle stratégie urbaine. Il y a quelques années, en fin de mandat, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz avait ordonné leur suppression sur les principales artères de la ville.

Aucune zone n’avait été épargnée : les axes diplomatiques, l’avenue de la Télévision nationale, les environs des ambassades – y compris celles de France et de Chine – avaient été débarrassés de ces installations jugées gênantes.

Mais cette politique a vite été balayée sous son successeur. Sans ligne directrice claire, les dos-d’âne ont refait surface, souvent à l’initiative de riverains ou de commerçants. Leur prolifération n’a pas suivi de logique de sécurité publique, mais plutôt celle des moyens financiers des demandeurs.

La procédure reste pourtant lourde, exigeant le feu vert du ministère, l’accord de la Communauté urbaine et l’intervention de l’ETER. Le coût, entièrement à la charge du citoyen, freine les initiatives dans les zones populaires.

Ainsi, ralentisseurs devant villas, boutiques ou marchés ; mais quasi-absence aux abords des écoles, centres de santé, mosquées ou routes à forte circulation. Là où la prévention des accidents devrait être une priorité, rien n’est fait.

Dernier rebondissement : le ministère de tutelle a lancé il y a quelques jours une nouvelle campagne de retrait des ralentisseurs posés sans autorisation, dénonçant leur installation anarchique.

Ce va-et-vient illustre un mal plus profond : l’absence de vision dans la gestion de l’espace public. À défaut de coordination et de planification, ce sont les intérêts privés qui dictent l’aménagement de la voirie. Et l’usager, lui, reste au milieu… balloté entre lenteur imposée et excès de vitesse non maîtrisé.